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Cultiver les 12 sortes de richesses

SE Jetsun Khandro Rinpoché s’est adressée en direct à la sangha du monde entier depuis le Monastère de Mindrolling en Inde, sur la webcam lors du réveillon du Nouvel An 2011/2012. A cette occasion, Rinpoché a souhaité que la nouvelle année soit d’une grande richesse pour nous tous et a présenté les douze sortes de richesses à cultiver par les pratiquants en 2012.

Alors que nous entrons dans une nouvelle année et que nous essayons de redémarrer avec plus d’enthousiasme et d’optimisme, j’aimerais encourager chacun de vous à cultiver certains « joyaux », ou qualités essentielles.

Je me souviens que, par le passé, à l’approche du Nouvel An, nous avions l’habitude d’envoyer des cartes de vœux accompagnées de nos souhaits très orientaux, ainsi écrivions-nous : « Bonne Année. Nous adressons à tous nos prières de bonne santé, de bonheur et de succès », ou encore, « Nous adressons nos prières et nos meilleurs souhaits de longue vie, de prospérité et de bonheur. »

Ceci était l’expression ordinaire que nous avions choisie pour adresser nos voeux. C’était bien avant que je commence véritablement à entrer en relation avec la sangha occidentale et ses pratiquants. En avançant en âge et en discutant avec les occidentaux, j’ai pu constater que nombreux étaient ceux qui me demandait pourquoi un monastère envoyait des souhaits pour la prospérité. Pourquoi est-ce que les orientaux mettaient tant l’accent sur l’aspect de prospérité ?

Eh bien, qui n’aime pas la prospérité ? Qui n’aime pas la richesse ? Tout le monde travaille dur pour acquérir quelques richesses. Je pense qu’il est intéressant d’utiliser le mot « richesse » cette année. Ainsi, vais-je vous souhaiter à tous « bonne richesse ». Puisse chacun d’entre vous acquérir une immense fortune.

Le Sens du Mot Richesse

Richesse est un mot français. Ce que nous voulons dire par richesse en Tibétain c’est nor. Traduit simplement, nor signifie « richesse » ; mais nor est également utilisé pour décrire quelque chose de précieux, comme un joyau. Ainsi : « Puissiez-vous tous bénéficier d’une excellente santé et obtenir une immense richesse », ne signifie pas seulement acquérir de l’argent, bien que ce soit peut-être la première chose qui vienne à l’esprit quand on pense à la richesse. Je parle ici du fait de cultiver douze sortes de richesses.

Au fur et à mesure que les années passent, cette liste pourrait s’allonger. J’ai commencé avec sept, je suis arrivée à dix. Puis finalement, je me suis arrêtée à douze en pensant les associer aux douze mois de l’année. En réfléchissant à la façon d’intégrer certaines de ces qualités et de ces richesses dans nos vies, nous pourrions arriver à un nombre supérieur, dans le but d’améliorer notre vue et soutenir notre dévotion envers la voie du dharma. Quels supports seraient mieux à même de réaliser nos aspirations vers l’éveil pour notre bien et celui d’autrui, avec moins d’épreuves, moins d’obstacles et plus rapidement ?

Mais je n’ai pas choisi ces douze sujets dans le simple but d’alimenter une conversation. Ce sont des sujets que nous apprenons de nos maîtres. En les observant, en recevant leurs enseignements et en essayant d’apprendre en s’inspirant de leur façon de vivre. Cela nous permet d’amener plus intimement le sens du dharma en nous-mêmes, afin que tout ne demeure pas une vaine quête intellectuelle ou extérieure.

Disciplinez votre propre esprit et vous obtiendrez la richesse du Dharma.

La première richesse que j’encourage chacun à cultiver est la richesse du dharma. Passez un peu de temps à prendre conscience de l’importance et de la valeur du dharma. En réalité, il n’y a rien de plus précieux que le dharma.

Nous essayons de protéger le samsara, particulièrement lorsque nous avons des obligations et des responsabilités. Quand l’esprit résiste à lâcher complètement l’absorption de soi et l’attachement à l’égo, nous adoptons une attitude de défense naturelle et pensons qu’il nous faut défier le samsara.

On se dit : « C’est bon, mais on sait que certaines choses sont importantes dans le samsara. Le samsara a certaines qualités… » Il nous vient alors à l’esprit cette chose très intelligente à dire : « Sans samsara, il n’y a pas de nirvana. » Mais si nous prenons un peu le temps d’y réfléchir, avec notre propre analyse et nos observations, nous verrions qu’il n’est pas difficile de s’apercevoir que le samsara n’est rien d’autre qu’un bourbier et que, plus nous nous y complaisons, plus, tôt ou tard, nous nous y enfoncerons.

Attention, je ne parle pas d’abandonner le samsara pour cultiver le dharma. Mais quand on est conscient de la valeur du dharma, on comprend mieux pourquoi il est important de lentement diminuer l’attachement au samsara, particulièrement des choses qui favorisent et accroissent l’absorption de soi et l’attachement à l’égo. Partout où il y a une grande auto-complaisance, il y a de la difficulté à être compatissant, à générer de l’empathie, de la bienveillance, de l’amour véritable et à lâcher prise sur la saisie et l’attachement. Un pratiquant qui accorde réellement de la valeur au chemin de la libération et le compare au bonheur ultime n’aura pas de difficulté à lâcher ses distractions et à comprendre l’importance de la réalisation. Cependant, ceci n’adviendra pas tant que nous n’aurons pas commencé à diminuer nos habitudes mondaines névrotiques et tant que nous n’apprécierons pas davantage la valeur du dharma dans nos vies. Ainsi, cultivez la richesse du dharma.

Le mot « Dharma’, comme la plupart d’entre vous le savent signifie « la vérité ». Afin de renforcer la pratique qui nous guide vers la vue véritable, il est très important d’avancer progressivement jour après jour. Avancez à petits pas. N’essayez pas de tout faire en même temps. Comme vous iriez déposer religieusement à la banque cinquante centimes, un euro, dix euros, quinze euros, de la même manière, renforcez chaque jour votre désir de pratiquer, jusqu’à ce que vous compreniez que le dharma signifie voir la vérité telle qu’elle est.

Acquérir la richesse du dharma signifie ne pas considérer les illusions comme réelles et ne pas voir les choses à travers un esprit névrotique, émotionnel ou sentimental. Cela veut dire être suffisamment fort pour voir les choses comme elles sont vraiment, même pendant un court moment. Travaillez dur pour acquérir la richesse de voir les choses telles qu’elles sont. Quand vous les voyez telles qu’elles sont vraiment, le lâcher prise est tellement plus aisé et faire la chose juste est toujours beaucoup plus facile.

Cultiver la richesse du dharma, c’est dompter son propre esprit. Souvenez-vous que vous pouvez essayer d’apprendre, de méditer et de pratiquer beaucoup de choses, mais rien n’adviendra tant que votre esprit ne sera pas dompté. Comme nos maîtres nous l’ont toujours dit : « Disciplinez votre esprit et vous obtiendrez la richesse du Dharma. »

Tout au long de l’année, vous entendrez de nombreux enseignements, vous lirez de nombreux livres, vous vous assoirez en méditation et tout cela est remarquable et merveilleux. Lorsque vous le ferez, appréciez vraiment la richesse du dharma : voyez les choses telles qu’elles sont et domptez votre propre esprit. En agissant ainsi, vous deviendrez riche du dharma.

La Bonne Santé vient d’un esprit serein et d’habitudes saines.

Tout aussi importante est la seconde richesse avec laquelle je vous encourage à travailler : la richesse d’être en bonne santé. Parfois je me dis que les pratiquants négligent leur santé. Etre en bonne santé est très important. C’est une façon de reconnaître la préciosité de l’existence humaine.

Etre en bonne santé vient d’un esprit serein et d’habitudes saines. Il se peut que vous ayez reçu beaucoup d’enseignements et que vous connaissiez parfaitement les différentes philosophies du dharma. Votre croyance intellectuelle en la vue est peut-être très profonde, mais en dépit de cela, vos connaissances ne se reflètent pas dans l’estime que vous portez à votre précieuse existence humaine. Que ce soit en raison de mauvaises habitudes telles que la consommation de drogues, de tabac ou d’alcool, ou encore le fait d’être colérique, pesant, indolent, auto destructeur, dépressif, amer, ou méfiant vis-à-vis des autres, il est donc possible qu’avec de telles habitudes négatives, vous ne puissiez pas cultiver les attitudes positives qui consistent à protéger la vie. C’est parce que mentalement, l’esprit a perdu son calme et sa sérénité. Cela affecte également votre corps.

Etre en bonne santé est très important. Avoir une alimentation équilibrée et apprendre à travailler correctement avec votre respiration, par exemple, sont des choses essentielles pour la santé. Respirez profondément, inspirez et expirez. Travaillez à entraîner et dompter votre respiration afin de permettre à votre esprit d’avoir le meilleur des supports pour se calmer et demeurer le plus longtemps possible en sa propre nature. Et apprenez à méditer !

Cultivez la modération dans votre vie. Soyez modéré et joyeux. Etre joyeux est très important pour la santé, même si ce bien-être peut paraître parfois un peu forcé. De même qu’un traitement médical doit être soigneusement suivi, cultivez la joie. Et cultivez un centre d’intérêt dans la vie.

Faites un effort pour être bienveillant et aider les autres. Si vous voulez être en bonne santé, essayez en particulier d’être bienveillant et utile aux autres, sans arrière-pensée ou attentes. Si vous partez aider les autres dans un but intéressé ou en nourrissant des espoirs, au lieu d’obtenir quelque chose de positif pour vous-même, vous risquez d’y perdre votre santé.

L’un des secrets d’une existence agréable est d’apprendre à trouver la joie dans le silence et la solitude. Plus particulièrement en prenant de l’âge, apprenez à être heureux dans le silence et la solitude. L’une des choses les plus remarquables que vous trouverez chez nos maîtres, le secret de leur bonne santé, c’est leur joie enfantine et leur curiosité de tout. J’ai observé chez mes enseignants et, plus particulièrement chez les grands maîtres, cette faculté de découverte et d’émerveillement envers les choses les plus simples. Bien que possédant un esprit éveillé, ils conservent un vif intérêt pour les petites choses simples et sans importance. En même temps, leur merveilleuse curiosité enfantine est dépourvue de toute profondeur inutile et de toute saisie. C’est seulement de la joie pure d’où naissent une simplicité, un grand bonheur et des rires.

Ceci, je pense, engendre véritablement une bonne santé et aide tout votre organisme à rester sain. Ainsi, autant que possible, cultivez les qualités qui permettent de forger une vie saine et équilibrée. Si votre santé mentale et physique est bonne, vous serez un réceptacle approprié dans lequel la vue du dharma pourra se manifester avec le minimum d’obstacles et d’adversité.

Du point de vue du dharma, la richesse du succès vient du pouvoir de décision : tranchez et posez un regard simple sur les choses.

La troisième richesse que l’on doit essayer de cultiver et d’apprendre est la richesse du succès. Mais, qu’est-ce que le succès ? En tant que pratiquant ou personne spirituelle, vous vivez souvent avec l’image de quelqu’un qui n’a pas de succès dans la vie. Bien des gens qui consacrent leur vie au dharma ont peur de ne pas être acceptés par la société et réussir dans le dharma n’est pas considéré comme un « succès ». Alors, que signifie véritablement avoir du succès ?

Pour avoir du succès, il faut comprendre ce que ce mot veut dire. Du point de vue du dharma, la richesse du succès vient du pouvoir de décision : tranchez et portez un regard simple sur les choses. Prenez une décision, tenez-la, soyez stable et patient avec cette décision. Cela vous mènera à la richesse du succès. Pour être victorieux et réussir dans tout ce que vous entreprenez, qu’il s’agisse de grandes ou de petites actions, vous devez apprendre à être stable, patient et vous en tenir à vos décisions.

Pour obtenir la richesse du succès, ne commencez jamais par penser : « Que faire si j’échoue ? » Si vous avez cette attitude avant même de commencer, vous finirez seulement par avoir des projets. Si vous commencez quelque chose en pensant que cela ne va pas marcher, ou en étant insatisfait avec ce que vous faites, vous ferez des choses, mais vous ne les ferez qu’à moitié. Si vous commencez quelque chose, puis avez d’autres idées en tête, si vous êtes pleinement inspiré durant le jour, puis changez de direction durant la nuit, avec cette attitude, vous serez seulement bon à élaborer des projets, mais vous ne parviendrez jamais à les réaliser. Vous réfléchirez encore et encore, vous inquiéterez encore et encore et votre vie s’achèvera avant que rien de concret ou de réellement bon pour vous-même et pour les autres n’ait été véritablement accompli.

Le succès ce n’est pas simplement devenir riche et célèbre, avoir un titre ou quoi que ce soit de la sorte. Le succès doit être vu comme l’accomplissement de ce que vous êtes en train de faire. Le succès, c’est d’être heureux en faisant ce que vous faites. Même si c’est balayer le sol ou faire la vaisselle, faites-le bien. Faites-le joyeusement. Amenez-le à un résultat concret. Faites-le sans le plannifier. Faites-le parce que vous savez que vous pouvez le faire. Trouvez le bonheur de réussir et la richesse du succès en ayant cette attitude dans la vie.

Le succès c’est lorsque vous faites de votre mieux quel que soit le résultat. Avoir cette attitude vis-à-vis du succès amène l’esprit à être sans espoir, sans attente et libéré des pièges de toutes les contingences matérielles. Certaines personnes font des choses simples avec un grand intérêt et vont jusqu’au bout, tout en éprouvant de la joie. Ce peut être quelque chose de simple comme planter un arbre ou cuisiner un repas.

Quand votre attitude envers les grandes ou les petites choses demeure vraiment ainsi, vous possédez la lueur du succès dans votre vie. C’est la troisième richesse. Peu importe ce que vous entreprenez ou essayez de faire, essayez de le faire avec succès et rassemblez la richesse du succès dans votre vie.

Lorsque vous lâchez vos tendances négatives, quand vous les laissez aller, quand vous en êtes libéré, c’est à ce moment-là que vous obtenez la richesse du courage.

La quatrième richesse que beaucoup d’entre nous ont besoin de cultiver est la richesse du courage. Nous parlons souvent d’établir la confiance, d’être brave et de cultiver le courage. Mais qu’est-ce que le courage ?

Il existe plusieurs façons d’aborder ce sujet. On peut le voir comme le fait ‘ n’avoir aucune peur : la peur de ne pas réussir, par exemple. Pour être courageux et brave, observez tout d’abord vos peurs.

Avant même de commencer quelque chose, observez votre attitude. Avez-vous peur de ne pas réussir ? Avez-vous peur de vous engager, de faire des erreurs, ou de prendre un nouveau départ ?

Prenons l’exemple des Préliminaires. Si un enseignant nous dit : « Pourquoi ne pas recommencer depuis le début ? » vous allez peut-être penser que c’est un signe d’échec. Vous ne le voyez pas comme un nouveau départ ou comme une chance de parvenir à un aboutissement encore plus beau. Ce nouveau départ ne signifie pas que vous avez échoué quelque part. Tout dépend de votre attitude. Ainsi, observez votre attitude et voyez si vous avez peur de prendre un nouveau départ.

Avoir peur de lâcher les choses du passé est un autre signe du manque de courage. Vouloir sans cesse s’accrocher à notre passé en ayant très peur de le perdre ; avoir très peur d’agir ou de se libérer des tendances habituelles, c’est une autre attitude qui engendre le manque de courage. Ainsi, si vous manquez de courage pour vous libérer de vos tendances habituelles et travailler avec persévérance à leur éradication, comment serez-vous capable de vraiment actualiser la vue du dharma ? C’est lorsque vous lâcherez les tendances négatives, lorsque vous vous en libérerez que vous aurez acquis la richesse du courage.

Quand les gens manquent de courage, ils manquent de joie. Si avant même de commencer quelque chose, vous avez des doutes : »Vais-je réussir ? Vais-je gagner ? Que vont penser les gens ? Devrais-je ou ne devrais-je pas faire ceci ? Que va-t-il se passer si ceci ou cela arrive ? », tout cela constitue vraiment trop d’hésitations, de pensées et de doutes. Cela ne peut mener qu’à un manque total de courage. Lorsque la richesse du courage manque à notre vie, il est difficile de changer et de transformer les négativités en qualités positives. Notre attitude craintive sera toujours un grand obstacle et il nous sera très difficile de changer le samsara en nirvana.

Je pense que ceci est vrai pour tout le monde mais encore plus de nos jours, pour la nouvelle génération. Il y a une tendance malheureuse à être très négligent quand il s’agit de s’observer soi-même, de s’examiner de l’intérieur et d’essayer de se connaître mieux ; prenant alors cette observation comme une référence pour essayer de travailler sur soi et de construire une meilleure personne. Au lieu de cela, nous accordons beaucoup d’importance à l’image que nous renvoyons, en fonction des attentes et de l’opinion des autres, de la pression de nos pairs et de toutes les autres implications mondaines. Ce phénomène d’imitation est devenu si important. Au lieu de bien se connaître soi-même, vous devenez dépendant des regards extérieurs. Et vous vivez alors dans une grande confusion. Quand cette confusion connaît votre propre soi, avec quoi allez-vous travailler ?

En tant que pratiquant vous devez essayer de dompter votre esprit et de vous transformer. Mais si vous ne savez pas avec quoi vous devez travailler, tout ne deviendra alors que prétentions. C’est pourquoi nous avons un certain comportement devant le maître ou au sein de la sangha et un certain autre, plus à l’opposé, dans un autre environnement. Si cette confusion persiste, vous n’aurez pas de fondation assez solide ou une compréhension de cette base avec laquelle travailler.

Il est très important de savoir continuellement travailler avec vous-même. Travailler avec soi-même amène une plus grande confiance et une plus grande capacité à aller au-delà des doutes et des hésitations. Une sorte de certitude va s’élever. C’est la base appropriée qui nous permet d’avoir du courage et de la confiance, ce qui est très important.

Pour être capable de regarder véritablement en vous et de vous connaître mieux, pour pouvoir être plus introspectif, le silence est particulièrement important. Pour apprécier vos connaissances, le silence est important. Pour reconnaître vos qualités et pouvoir les améliorer, pour découvrir avec quelles négativités vous vous débattez et pouvoir appliquer les antidotes qui permettront de les réduire, toutes ces choses sont importantes. Ceci est la marque du courage dans votre vie.

Apprenez à cultiver votre propre esprit afin que vous-même, soyez l’ami le plus idéal. Voilà comment vous devez considérer l’amitié.

La cinquième richesse est la richesse de l’amitié. Avoir une attitude attentive, un sens de l’appartenance, une flexibilité qui s’adapte facilement à toutes les situations et savoir encourager les autres sur le chemin de la vertu, ce sont les signes que possèdent les amis de bien. Ce qui me vient à l’esprit c’est une citation énoncée par le Bouddha et qui provient d’un soutra : « On devrait être plus effrayé par un faux ami névrosé que par une bête sauvage. Une bête sauvage pourrait éventuellement blesser votre corps, alors qu’un ami néfaste blessera votre esprit. »

Ceci est très, très vrai. La sangha est constituée de nombreux amis vertueux, mais pour avoir de bons amis, vous-même devez apprendre à être un ami de bien. Etre un véritable ami, c’est prendre la responsabilité de montrer la voie vers une plus grande sagesse fondamentale et un esprit sain.

Il y a des gens qui projettent leurs propres insécurités et leurs névroses sur leurs amis, ce qui est très dangereux et vraiment nocif. Eloignez-vous de tels amis surtout quand votre esprit ne peut demeurer dans l’inséparabilité de la vue et des actions. Un jour viendra où vous serez suffisamment confiant dans la vue pour rester au milieu de toutes sortes de gens et d’environnements, votre esprit sera suffisamment fort pour ne plus être influencé. Mais dans un état de fragilité, vous pourriez être facilement influençable. Aussi, soyez très prudent et évitez les environnements névrotiques qui pourraient vous rendre encore plus névrosé.

En tant qu’ami, veillez attentivement à ne jamais détourner l’esprit d’une autre personne du chemin du dharma, le chemin de la vérité, en projetant votre propre insécurité et vos névroses. Il y a ceux qui pensent que permettre à quelqu’un de vous rendre plus névrosé est un signe d’amitié. Ce n’est pas vrai. Autoriser un ami à vous mener à la pire des névroses humaines n’est pas un signe d’amitié, c’est de l’absurdité.

Afin d’obtenir la richesse de l’amitié, il vous faut comprendre ce qu’implique d’être un ami de bien. Premièrement, apprenez à cultiver votre propre esprit, afin de devenir vous-même l’ami idéal. C’est ainsi qu’il faut voir l’amitié. Plutôt que de se dire : « Oh, je vais partir loin de tous ces amis car ils sont vraiment trop névrosés » travaillez d’abord avec vous­-même. Ne cherchez pas l’ami parfait, mais à l’inverse devenez l’ami parfait. Ainsi, vous verrez qu’après tout, vous n’êtes pas si seul au monde. Ainsi, cette année essayez de construire la richesse de l’amitié.

La richesse de l’aptitude est de savoir qu’elles sont vos qualités.

A présent, qu’est-ce que la richesse de l’aptitude ? Certaines personnes sont douées pour écrire. D’autres pour argumenter, c’est aussi une compétence. Certains sont doués pour la musique, ou pour la cuisine, ou le nettoyage. Certaines personnes ont de belles voix ; d’autres ont une bonne mémoire ; certains sont de bons administrateurs ; d’autres ont le talent de faire rire les gens. Certaines personnes sont de bons guides et d’autres de bons disciples. La richesse de l’aptitude est de savoir qu’elle est la vôtre.

Vous devez reconnaître votre propre aptitude et travailler avec. Beaucoup de gens ne connaissent pas leurs propres compétences. Plutôt que d’essayer de construire quelque chose en fonction de leurs capacités, ils préfèrent regarder, envier et essayer d’imiter les compétences d’autrui. En agissant ainsi, vous n’obtiendrez jamais la richesse de l’aptitude. Si vous ignorez vos propres compétences, vous serez privé de la richesse de l’aptitude.

Les qualités sont très diverses et vous devez apprendre à les apprécier. L’analogie traditionnelle qui est donnée est celle d’Avalokiteshvara à mille bras, ou Tchenrézi en Tibétain. Je me souviens que Kyabjé Trichen Rinpoché me disait que, parmi les différents symbolismes, cette représentation personnifiait l’habileté. Si vous regardez l’iconographie de cette représentation, vous verrez que la compassion d’Avalokiteshvara est représentée par les mille bras et que les mille bras et mains sont exactement identiques. Aucun n’est plus grand ou plus petit, ou plus ou moins important. Chacun des différents bras fait partie intégrante du corps unique du bodhisattva.

La richesse de l’aptitude vient quand vous savez ce que vous êtes capable de faire. Quand vous le faites bien, avec un bonheur et une joie authentiques, cela devient véritablement une source de vertu pour les autres et pour vous-même. Même la plus simple, la plus commune des aptitudes peut être une grande richesse. Ainsi, apprenez à prendre du plaisir en tout ce que vous pouvez faire de bien, petits et grands desseins. C’est la richesse de l’aptitude.

J’ai remarqué très souvent, qu’au lieu de découvrir et de chérir ce que vous pouvez faire de mieux, vous passez plus de temps à envier les qualités d’autrui et à vouloir les imiter. Vous êtes peut-être un excellent cuisinier, mais quand vous entendez un talentueux oumdzé, vous vous dîtes : « Tout le monde peut cuisiner. J’aimerai mieux être un oumdzé. » Malheureusement vous n’avez peut-être pas la voix qu’il faut, vous ne connaissez peut-être pas la liturgie, ou peut-être n’avez-vous jamais fait cela auparavant. Ce genre de choses arrive tout le temps. Ainsi, au lieu d’estimer ce que vous pouvez faire de mieux, vous perdez du temps à essayer de rivaliser avec les autres. N’agissez pas ainsi.

Cette année, passez du temps à acquérir la richesse de l’aptitude : votre propre aptitude. Rendez-la excellente. Faites-en une source de générosité pour autrui et une source de joie pour vous-même. Soyez heureux et offrez-la aux autres. De la même manière, travaillez dur pour obtenir la septième richesse, la richesse du rire.

Dans l’éclat du rire, l’univers est projeté dans un kaléidoscope de nouvelles possibilités.

Je lisais une citation sur le rire où le Bouddha disait : « Dans l’éclat du rire, l’univers est projeté dans un kaléidoscope de nouvelles possibilités. » Je pense qu’il y a beaucoup de sagesse en cela. Où est-il écrit qu’en devenant un pratiquant du dharma, vous devez devenir si sérieux dans votre introspection que vous en oubliiez de rire dans la vie et que, sans le rire, vous deveniez si sérieux et si triste ? Ainsi, à terme, nous aurions des bodhisattvas extrêmement sérieux, ayant oublié ce que sont le bonheur et le rire. Cela est en contradiction avec l’altruisme, l’illumination et l’état de conscience éveillée.

Il est très important de ne pas s’égarer au sein des hypocrisies, des idées reçues et des théories que nous avons envers différents aspects de la pleine réalisation et de la compréhension du dharma. Il est aussi très important de reconnaître que, plus vous comprendrez le dharma, plus votre cœur sera léger et plus faibles seront votre attachement de soi, votre rigidité et vos tensions. Ainsi, cultivez le rire dans votre vie : si possible, un sincère éclat de rire chaque jour.

Le rire est toujours présent à l’esprit de ceux qui ont le courage de faire preuve d’autodérision. Vous prendre trop au sérieux, vous auto-évaluez constamment ou jauger les opinions des autres, être trop ambitieux, particulièrement au sujet de l’éveil, sont les voies les plus sûres pour perdre le goût du rire dans la vie et devenir très tendu. De plus, je n’ai jamais entendu parler d’un Bodhisattva tendu ou d’un Bouddha altruiste coincé. Ainsi, cultivez le détachement envers l’autosuffisance.

Si vous examinez vraiment le dharma et le sens des enseignements, vous vous demanderez pourquoi vous vous accrochez à cette tension. Comme il n’y a rien à quoi s’accrocher, vous commencerez à comprendre combien il est stupide de prendre les choses trop au sérieux : être sérieusement bienveillant, méditer sérieusement, réaliser sérieusement, écouter sérieusement. Pourquoi agissons-nous si sérieusement ? Devant qui essayons-nous d’étaler notre sérieux ? En comprenant vraiment le dharma, vous sentirez un relâchement des tensions qui proviennent de l’attachement à soi. Vous aurez également un peu plus d’humour envers vous-même et envers le sérieux qui engendre attachement et colère, de l’humour envers tout ce que vous planifiez pour un futur qui n’arrivera peut-être jamais et envers toutes les choses que vous faites et qui sont vraiment très marrantes et cocasses. Ce sont de bonnes bases pour obtenir un rire éclatant et sincère dans votre vie.

Si vous pouvez rester un peu dans cette jovialité, vous reconnaîtrez que c’est une bien meilleure voie pour améliorer votre compréhension de la pratique que toutes les prétentions que vous avez dans votre vie. Une autre chose qui vient à l’esprit est ce qu’a dit le Bouddha dans un soutra :

« Quand vous réalisez combien toute chose est véritablement parfaite,
Vous pencherez votre tête en arrière et vous moquerez du ciel. »

Gardez cela à l’esprit. Pour rire, ne jugez pas. Appréciez la simplicité. Soyez au-delà de toute compétitivité. Ayez un esprit vaste et flexible et apprenez à aimer les autres et à vous entendre avec eux. Ayez de l’humour en voyant combien on prend les choses au sérieux et combien on aime les complications, spécialement les complications. Par exemple, dans les sanghas, tous les problèmes à propos des titres et des rôles que nous jouons. Quand vous prenez très au sérieux le fait d’être un enseignant, ou un bon méditant, un tcheupeun, ou autre chose, apprenez à rire de vous-même. Et dans ce rire, détendez-vous vraiment et lâchez tout. Vous verrez que cela est une expérience très puissante dans votre pratique et dans votre méditation.

La richesse du contentement naît en prenant le temps de reconnaître et d’apprécier ce que nous avons déjà.

La huitième richesse que nous pourrions travailler à acquérir est la richesse du contentement. Nous avons tendance à oublier que le bonheur ne vient pas en obtenant ce que nous n’avons pas. Le bonheur vient par la reconnaissance et l’appréciation de ce que nous avons déjà.

Combien de temps passons-nous à nous réjouir vraiment de tout ce que nous avons déjà, au lieu de penser à tout ce qu’il nous manque pour être heureux ? La richesse du contentement naît en prenant le temps de reconnaître et d’apprécier ce que nous avons déjà. Soyons vraiment reconnaissants envers tous ceux qui font partie de nos vies et envers tous les moments où nous pouvons vivre notre vie, ce que tant de gens, tant d’êtres, ne parviennent pas à apprécier.

Si vous pouviez développer la conscience du grand nombre d’être qui vivent une intense souffrance, vous seriez beaucoup plus satisfait dans votre vie. Si quelqu’un n’apprécie pas ce qu’il a, il tournera constamment son regard vers l’extérieur et sera toujours insatisfait. Une telle personne perdra tout sens de paix et de bonheur dans sa vie. Comme nos grands maîtres l’ont toujours dit : La personne la plus riche est celle qui est comblée.

Le contentement ne peut pas se manifester chez celui qui sans cesse se compare aux autres, ou qui dépend des conditions extérieures pour devenir meilleur. Le contentement vient quand on sait qui on est, ici et maintenant et quand on devient capable d’engendrer des bienfaits incomparables pour soi-même et les autres.

Qui que vous soyez, où que vous soyez : cette personne est la bonne personne et c’est le moment pour accomplir d’innombrables bienfaits pour les autres.

Qu’est-ce qui vous en empêche ? Généralement c’est l’idée extraordinairement brillante que vous avez de penser que vous devez faire quelque chose en plus ou que vous devez être comme quelqu’un d’autre, peut-être un grand bodhisattva. Soudain vous pensez : « Je devrais être comme Shantidéva. » Ce genre d’idée fantastique ou de plan peut affaiblir votre propre potentiel, il n’est peut-être pas aussi grand que la compassion ou que les qualités d’un être éveillé. Mais votre chien pourrait avoir une vie meilleure ; vous pourriez être mieux apprécié des membres de votre famille et vous pourriez vous-même être véritablement heureux pendant un instant. Trouver de la sagesse et des qualités en cela c’est trouver la richesse du contentement.

Etre comblé, vous réaliserez que c’est le meilleur moyen pour que la bonté, la générosité, la compassion et la bienveillance s’élèvent pour les autres. Une personne comblée est une personne heureuse. Tout le monde a envie d’être avec une personne qui inspire les autres et qui est vraiment disponible. Quand il n’y a aucun contentement, c’est que vous êtes préoccupé à acquérir des choses pour vous-même. Et quand cette préoccupation est si grande dans votre vie, quand pourriez-vous avoir du temps pour penser aux autres ? Ainsi, la huitième sorte de richesse est de construire la richesse du contentement.

L’antidote à l’égo est l’humilité. En même temps, il faut avoir de la dignité : la dignité et la grâce de maintenir la confiance comme point de référence en soi-même.

La neuvième est la richesse de l’humilité et de la dignité. Les Tibétains ont un dicton qui dit que celui qui se croit meilleur et supérieur aux autres parce qu’il est plus sage, plus capable, plus érudit ou éduqué est comme quelqu’un qui est assis sur le plus haut sommet de la plus haute montagne. Et comment est-ce sur sommet de cette montagne ? C’est très froid. C’est très dur. C’est très isolé et rien ne pousse là-haut. A l’opposé, on dit qu’une personne qui cultive l’humilité et se place dans une position inférieure a le plaisir de vivre sur la terre fertile des plaines.

L’humilité est une qualité merveilleuse qui devrait être tout particulièrement cultivée par les pratiquants. Mais pour certaines raisons et sans que cela soit intentionnel, nous expérimentons tous une immense arrogance, spécialement chez les gens spirituels, une arrogance condescendante. C’est pourquoi, cultiver la richesse de l’humilité est très important. Mais comment doit-on développer l’humilité ?

L’humilité vient en apprenant à se réjouir du bonheur des autres. En lâchant prise de son propre ego, en appréciant les autres et en développant une perspective de vie plus ouverte et plus souple. L’humilité peut seulement venir chez celui qui est confiant et qui comprend la dignité et le respect de soi. L’humilité est difficile pour celui qui n’a pas suffisamment confiance pour travailler avec lui-même. Vous remarquerez toujours que plus un pratiquant est bon et érudit, plus il ou elle apprend et sait vraiment de quoi le dharma retourne, plus cette personne devient simple et humble.

Quand il y a une distance entre la vue et l’action, ou un antagonisme de la vue dans la vie quotidienne, vous verrez que le savoir de la personne ne l’amènera pas nécessairement à avoir confiance en la vue. A cause de cette distance, il y aura de l’insécurité et un besoin d’imposer sa présence face aux autres.

Si vous observez les grands maîtres, vous verrez que plus ils sont érudits et réalisés, plus ils sont humbles. Parce qu’ils ont une perspective tellement plus vaste sur les choses telles qu’elles sont, leur nature est immensément humble. Parce ce que leur perspective n’est pas constamment orientée vers eux-mêmes, cette humilité leur permet de réellement travailler avec les autres et de travailler pour les autres d’une bien meilleure façon. Il est donc capital de permettre à la saisie égotique de diminuer, de laisser aller et de laisser la richesse de l’humilité imprégner nos vies.

De même que l’humilité est très importante, la dignité l’est aussi. Humilité et dignité vont de pair. Ce que j’entends ici par dignité, c’est la dignité de l’esprit. La dignité signifie ne pas être absorbé par soi-même.

La dignité ne peut se manifester que chez celui qui reconnaît et a confiance en la véritable nature fondamentale. C’est un honneur véritable et la capacité à être loyal. Elle engendre une certaine noblesse ; on pourrait même dire qu’elle élève l’esprit vers le sens supérieur de ce qui est juste et de ce qu’il convient de faire. Une personne qui a de la dignité est quelqu’un de droit qui déteste la méchanceté et la malhonnêteté. C’est quelqu’un qui va à l’encontre de la malveillance, des intentions viles et tout ce qui nuit à autrui. Quelqu’un qui cultive un esprit digne développe une attitude et une conduite bienveillantes.

Tous les vices sont incompatibles avec la dignité. Celui qui blesse les autres ou qui prend du plaisir à le faire, celui qui est obtus et que son mode de vie rend égoïste et auto-­complaisant, une telle personne n’a pas de dignité du tout. Et lorsque l’humilité et la dignité sont absentes, il est très difficile de sortir de son égoïsme et de son absorption mentale, ou d’avoir du temps et de la disponibilité pour les autres.

Pour les pratiquants qui méditent et font toutes ces pratiques, dédient leur vie entière au dharma, le bienfait cible ou résultat engendré par tout cela, c’est d’aider les autres. La pratique ultime est d’être véritablement compassionné et d’être capable de générer tellement de bonté que vous pouvez la partager avec les autres. Pour quelle autre raison voudriez-vous atteindre l’éveil, si ce n’est pour aider les êtres? Et comment cela est-il possible quand l’égo et les pièges de l’égo sont si puissants que vous ne pouvez pas penser au-delà de l’égo lui-même ?

L’antidote à l’égo est l’humilité. En même temps, il faut avoir de la dignité : la dignité et la grâce de maintenir la confiance comme point de référence en soi-même. Celui qui détient le trésor du dharma dans sa propre vie doit être libre de toutes négativités et vraiment capable de s’élever lui-même. Ainsi, cultivez la richesse de l’humilité. Puis, travaillez pour obtenir la dixième richesse, la richesse de la bienveillance.

On est le plus pauvre des pauvres quand on agit uniquement pour soi-même. Un tel individu ne connaîtra ni joie ni paix dans l’esprit.

En Hindi, il y a le mot, swarth, qui vient des mots swa et arth. Swa signifie « soi-même », et arth est traduit généralement par « le sens », « la signification »;mais ce que signifie vraiment swarth c’est : « le fait de répondre constamment aux demandes de l’égo. » En français nous appelons cela simplement l’égoïsme.

Passez un peu de temps à travailler avec les mots swa et arth. Quand vous agissez, parlez ou pensez, est-ce constamment suivi par « qu’est-ce que cela peut m’apporter ? Comment puis-je satisfaire toutes mes demandes ? Comment puis-je changer tout ce qui m’arrive afin que ça me soit bénéfique ? Si cela est votre préoccupation unique, vous ne serez jamais bienveillant.

Afin de développer la richesse de la bienveillance, vous devrez amener cette attitude vers son opposé. Etre bienveillant, c’est penser aux autres. Il est dit dans les enseignements : on est le plus pauvre des pauvres quand on agit uniquement pour soi-même. Un tel individu ne connaîtra ni joie ni paix dans l’esprit.

Pensez-y. Si durant votre vie entière, vous ne cherchez qu’à obtenir des choses pour vous-même, vous serez dépourvu de la richesse de la bienveillance. Et là où il n’y a pas de bienveillance, aucun des aspects du dharma que nous pratiquons n’a de sens. Ainsi lorsque vous célébrez le Nouvel An en tant que pratiquant, ou que vous êtes en retraite, ou en train de méditer, de prier ou de faire différents rituels de pratique, assurez-vous de les faire dans le seul but de cultiver la richesse de la bienveillance.

Si vous êtes bienveillant, vous avez le dharma et toutes les vues correctement intégrées en vous-même. Quand la bienveillance est absente, tout ce que vous faites est dévié dans une activité mondaine de plus, pleine d’auto-complaisance.

La richesse de l’écoute forge la conscience éveillée, qui est la base appropriée à toute réalisation, sagesse, bonté et toutes les qualités altruistes.

La onzième richesse est la richesse de l’écoute. Chacun doit apprendre à écouter. Même dans la voie de la pratique traditionnelle, l’écoute a toujours été considérée comme la porte d’entrée vers la contemplation, la méditation, la sagesse, le fait de cultiver la bonté, etc… Beaucoup d’entre nous passons du temps à dire des choses aux autres, à parler aux gens et, pour certains d’entre nous, c’est carrément la vantardise de montrer combien nous sommes intelligents. Même entre amis et membres de la sangha, celui qui parle le plus est souvent considéré comme le meilleur ou le plus érudit. Mais vous devriez peut-être reconsidérer cela. En effet, celui qui parle trop pourrait être en fait le plus névrosé et le plus stupide.

Apprenez à cultiver la richesse d’écouter et d’entendre. La richesse de l’écoute forge la conscience, qui est la base appropriée à toute réalisation, sagesse, bonté et à toutes les qualités altruistes. Pour acquérir la richesse de l’écoute, apprenez tout d’abord à écouter les autres. Ecoutez votre famille, écoutez ceux que vous aimez, écoutez les animaux, écoutez l’environnement et les changements de la nature. Ecoutez vos collègues et les personnes assises près de vous.

Plus essentiellement, apprenez à écouter votre nature fondamentale. Combien de temps passez-vous à écouter votre nature primordiale inhérente ? Ainsi, efforcez-vous d’acquérir et de construire la richesse de l’écoute.

Lâchez l’égo et vous lâcherez toutes choses.

La douzième richesse pourrait simplement s’appeler la richesse du renoncement. Dans les soutras, le Bouddha dit encore : Lâchez l’égo et vous lâcherez toute chose. Oubliant cela, nous essayons de lâcher beaucoup de choses mais jamais l’égo. C’est pourquoi le renoncement n’est jamais vraiment compris. En tant que pratiquants du dharma, l’intégralité du chemin est la voie de la cessation et du renoncement.

Afin de cultiver cette voie, nous devons cultiver soigneusement et correctement la compréhension de la richesse du renoncement. Le renoncement n’est pas l’isolement dans la solitude d’une auto-absorption. J’ai entendu beaucoup de gens dire : « J’adorerais être en retraite. J’adorerais être un renonçant et seulement pratiquer. » Mais cela pourrait aussi bien être simplement un enfermement dans l’auto-absorption. Le renoncement consiste à briser les murs que nous avons construits pour diviser ce qui est soi et les autres. Ainsi, cultivez ce que le Bouddha a dit : « Lâchez l’ego et vous lâcherez toutes choses. »

Lorsque la richesse du renoncement est cultivée, elle nous libère de toutes choses et plus rien d’autre ne demeure qu’une vaste disponibilité pour autrui.

Prenez le temps de penser à ces douze sortes de richesses. Si possible, essayez de les accroître. Quelles sont celles qui vous entourent et celles qui sont en vous, quelles sont celles que vous devez cultiver ou intégrer comme des changements dans votre vie ? Qu’est-ce qui rendrait votre vie heureuse et serait une source de joie pour vous et les autres et qui améliorerait grandement votre compréhension et votre réalisation de tous les enseignements et les pratiques que vous faites ?

Ultimement, n’êtes-vous pas l’être fortuné qui a reçu tant d’enseignements, la roue du dharma profond et absolu et qui vivez également, tellement, dans un monde relatif ? Nous n’avons pas d’autre choix que de trouver un équilibre entre le relatif et l’absolu. Dès que nous oublions le besoin de les équilibrer, nous risquons de causer des dégâts à l’un ou à l’autre. Parfois nous négligeons le monde relatif et les responsabilités fondamentales que nous avons envers nous-mêmes et envers tous les êtres sensibles. Nous oublions de cultiver les qualités altruistes qui pourraient véritablement amener à maturité la vue dans notre attitude, notre conduite, ou nos actions dans cette vie.

A l’inverse, nous vivons peut-être trop dans une sphère hautement intellectuelle. Mais, ayant rencontré le dharma, il serait dommage de n’avoir que des idées intellectuelles profondes. Cela ne serait d’aucun bénéfice, ni pour nous, ni pour autrui.

Il est possible d’éveiller en nous le fait de devoir, dans notre vie, unifier et améliorer la vue profonde du dharma que nous avons reçue et continuons de recevoir sous la forme de tous les enseignements. En même temps, nous devons rassembler tous ces joyaux de qualités appréciables dans nos vies, afin qu’ils ornent et embellissent le réceptacle dans lequel la vue profonde puisse se manifester en tant qu’esprit éveillé.

Ne passons pas cette année à faire tout un tas de choses, passons-la plutôt tous à essayer d’équilibrer et d’unifier ces qualités relatives et la vue ultime dans nos vies. J’encourage tout le monde à le faire, en commençant par moi-même bien sûr. J’essaierai vivement d’y travailler et j’encourage tout le monde à m’accompagner dans cette tâche. Penser ainsi est un bon moyen de dire au revoir à l’année écoulée et bienvenue à la Nouvelle Année.

J’aimerais terminer en envoyant à tous et de notre part à tous, mes meilleurs vœux de bonheur pour cette Nouvelle Année. Vous avez toute mon affection et mes meilleurs souhaits. J’attends avec impatience de vous revoir tous. En attendant prenez soin de vous. Pratiquez avec diligence et soyez heureux de toutes les circonstances favorables sous lesquelles vous êtes nés. Soyez satisfaits. Soyez conscients de toute la bonté qui vous entoure. Et tout au long de l’année, ayez toujours présent à l’esprit de partager et de donner un véritable bonheur ainsi que de l’inspiration aux autres. Avec toute mon affection, je dis à tous au revoir.