Mindrolling France

Association Samten Tsé

L’Histoire de Mindrolling

Présentation

Mindrolling est connu aujourd’hui dans le monde du Dharma comme étant une lignée totalement dédiée aux activités du Dharma et à la précieuse doctrine du Vajrayana Secret.

Nous vous invitons à lire ci-dessous, les dix-sept chapitres actuellement traduits de l’Histoire de Mindrolling .

Nous sommes heureux de vous présenter une brève introduction à l’histoire familiale de Mindrolling. La lignée de Mindrolling a été particulièrement vaste et importante sur le plan historique ; elle est, par ailleurs, reliée à de nombreux aspects du bouddhisme tibétain et aux autres lignées. L’écriture exhaustive de son histoire nécessiterait donc la compilation de l’histoire de nombreuses autres lignées de transmission ou de transmission familiale ainsi que celle d’importants clans du Tibet. Ce travail se transformerait alors en une tâche fort longue nécessitant beaucoup d’efforts, de recherches et de temps. En conséquence, à ce jour, nous avons décidé de vous présenter uniquement des informations concises sur l’histoire et les biographies des principaux membres de la famille de Mindrolling dont le rôle fût essentiel dans la préservation et la propagation du précieux dharma en général et en particulier dans la lignée-même de Mindrolling.

La principale famille de Mindrölling a toujours maintenu la tradition de garder un profil modeste. Evitant toute exibition de grande pompe et de faste, dans le but de demeurer très engagé de simplement se connecter aux différentes voies qui puissent servir le Dharma. L’histoire de la famille a été très étayée par une tradition orale dans laquelle le chambellan de la famille était chargé de conserver et d’en enregistrer l’histoire. Le premier jour du Losar (Nouvel An Tibétain), le chambellan se devait de réciter l’histoire entière en la présence des assemblées monastiques et laïques dans la salle du temple principal.
L’une des raisons pour lesquelles il y a si peu d’écrits sur l’histoire de la famille réside dans le fait que ce système de tradition orale devint caduque quand le Tibet fut envahi par l’armée chinoise et de nombreux moines seniors ainsi que des administrateurs furent tués ou moururent emprisonnés.

Toutefois, cette famille est connue à travers le monde du Bouddhisme Tibétain et considérée avec respect et affection par tous. L’immense contribution de Mindrolling à l’histoire du Dharma est mentionnée longtemps et encore par les Grands MaÎtres du passé tels que les Dalaï Lamas, les Karmapas, Jamyang Khyentsé Wangpo, Jamgeun Kongtrul Lodreu Thayé, Sétchen Kongtrul, Jamyang Khyentsé Tcheukyi Lodreu, Dudjom Rinpoché et Dilgo Khyentsé Rinpoché ainsi que beaucoup d’autres grands maîtres des écoles du Bouddhisme Tibétain.

Malgré leur programme chargé et nombre de responsabilités dans leurs voyages, Mindrolling Jetsun Khandro Rinpoché et Jetsun Détchen Paldreun qui appartiennent toutes deux à la 12ème génération des descendants directs de la lignée depuis Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa, ont procédé à la compilation de cette courte version de l’histoire de leur famille pour les étudiants de la lignée en occident et d’autres personnes qui pourraient être intéressées. Nous espérons que cette courte documentation collectée à partir de l’histoire écrite de la famille ainsi que d’anecdotes relatées par leur maître racine et père le 11ème Kyabjé Mindrolling Trichen et quelques autres maîtres sera utile pour en connaître un peu plus sur cette précieuse lignée.

Office of Practice and Study
Lotus Garden Retreat Center
Juin 2008

Les Origines de la lignée de Mindrolling


La lignée de Mindrolling telle que nous la connaissons aujourd’hui descend de la lignée des Nyeu du Tibet. Il est dit que la lignée de Mindrolling se situe doublement sur cette généalogie dont le souvenir remonte à l’établissement du monastère de Mindrolling à Drachi (près de Lhassa) et reliée ensuite à la lignée familiale.

Cette lignée fut, en fait, plus ancienne dans son historique. L’origine de la lignée familiale de ce qui devint plus tard plus clairement connu comme « La lignée de Mindrolling  » est bien antérieure à la construction du Monasère lui-même. Elle est connue comme la lignée de Nyeu que l’on cite souvent comme « La Glorieuse Lignée de Nyeu ». Tous les membres de la lignée familiale sont cependant aussi reconnus comme les descendants de la lignée de Nyeu.
Antérieurement à la construction du Monastère à Drachi, la lignée familiale de Nyeu s’était établie à Dargyé Tcheuling à Dranang. Elle fut fondée par Tsélé Natsog Rangdreul, émanation du Terteun Ratna Lingpa. Après Tsélé Natsog Rangdreul, cela devint le siège de Tendzin Drakpa, émanation du Terteun Péma Lingpa.

Cela devint ensuite le siège de Nyeu Khédroub Dongag Tendzin qui fut une émanation de Tsélé Natsog Rangdreul et l’un des plus maîtres les plus importants de cette époque.

Après Khédroub Dongag Tendzin, son fils, Sangdag Thrinlé Lhundroub, qui fut une émanation de Noub Sangyé Yéshé, maintint le siège à Dargyé Tcheuling. Et ce fut là que le Roi de la Doctrine, Rigdzin Terdag Lingpa, naquit en tant que fils de Sangdag Thrinlé Lhundroub.

 

Nyeu Djachoung Karpo, Fondateur du Clan de Nyeu


Il est dit que les raisons d’étudier l’histoire de la ligne ne se fait pas dans le but de conserver son appartenance à une caste de naissance comme Brahmane mais pour que l’on puisse accumuler un mérite immense en lisant les biogaphies des grands maîtres et être inspiré par leurs activités.
Les origines de la lignée de Nyeu remonte à un temps très lointain au Tibet, bien avant la diffusion locale du Bouddhisme. Il est dit qu’à un moment, quand le Tibet fut installé, descendant de la montagne de Djomo Kharag à Tsang, des personnes virent un beau jeune homme dans une descente immaculée.
Possédant toutes les qualités d’un déva, il rayonnait de lumière et avait un aspect très paisible. Personne ne le connaissait ou ne l’avait déjà vu auparavant, personne ne comprenait son langage, mais, à cause de son apparence radieuse, ils le portèrent sur leurs épaules et le vénérèrent comme un être céleste.
Les humains le nommèrent Djachoung Karpo ou Garouda Blanc car il était très majestueux et beau à contempler et qu’il était tombé du ciel sur la terre. Il était un déva du règne des Dévas, mais, à cause de sa ressemblance avec les humains qui furent fascinés par lui et qui l’entouraient tout le temps, ce dévapoutra (fils des dévas) fut contaminé par « mi grib » ou les drib des humains et il lui fut impossible de retourner dans son royaume de déva. Il est décrit comme ayant été légèrement « intoxiqué » par les souillures humaines et ainsi les descendants qui naquirent de Djachoung Karpo (Le Garuda Blanc de Nyeu), furent appelés Nyeu.
Le mot tibétain smyos dérive du mot d’origine myos. Le mot myos signifie littéralement intoxiqué et smyos veut dire fou, au sens littéral. Depuis ce temps, de nombreux membres de la ligée de Nyeu ont souvent été décrits comme manifestant une folle sagesse et de nombreuses activités de mahasidhas et ont ainsi contribué au sens multiple du mot Nyeu (smyos) au nom de la lignée.

Nyeu Djachoung Karpo épousa la princesse de rmu, Ding Mo Tsun Sho (rmu lcam ding mo btsun bshos) qui fut elle-même une Dakini de sagesse et leurs descendants furent appelés Nyeu. La lignée fut ensuite connue comme Palden Nyeurig ou La Glorieuse Lignée des Nyeu.

 

La Lignée des Nyeu


Voici la liste des descendants de la lignée des Nyeu :

  • Nyeu Djatchoung Karpo (smyos bya khyoung dkar po) marié à Mu Cham Ding Mo Tsun Sheu
  • Nyeu Djé Tsenpo (smyos rje btsan po) marié à Dongdza Karmo
  • Nyeu Sengué Shakya (seng gué shakya) marié à Mu Dza Menmo Tsun Sheu (rmu gza’ sman mo btsun bshos) qui eurent quatre fils – Dra Khar Djé, Djé Phen, Yag Djé et Gour Djé
  • Nyeu Dra Khar Djé (smyos gra mkhar rjé) qui eurent deux fils – Thoug Djé and Chang Ngé
  • Nyeu Chang Ngé (chang ngé)
  • Nyeu Dri Dé (smyos ‘bri ldé) – fils de Chang Ngé
  • Nyeu Dri Tchoung (smyos ‘bri tchoung)
  • Nyeu Palgyi Yeunten (smyos dpal gyi yon tan)
  • Nyeu Lopeun Tshulyeun (smyos slob dpon tshul yon)
  • Nyeu Gourou (smyos guru)
  • Nyeu Lhaphen (smyos lha phan)
  • Nyeu Thougyal (smyos mthou rgyal)
  • Nyeu Lo Yeunten Drag (smyos lo yon tan grags)
  • Nyeu Tsang Dordjé Lama (smyos gtsang rdo rje blama)
  • Nyeu Palgyi Sengué (myos dpal gyi seng ge)
  • Nyeu Nag Dragpa Pal (smyos nag grags pa dpal)- émanation de Dharma King Ashoka
  • Nyeu Gyalwa Lha Nangpa (smyos rgyal ba lha nang pa)
  • Nyeu Tashi Wangtchouk (smyos bkra shis dbang phyugs)
  • Nyeu Dragpa Dordjé (smyos chig chen po grags pa rdor djé)
  • Nyeu Padma Dordjé (smyos sgom chen po pad ma rdo rje)
  • Nyeu Teun A Mi Kirti (smyos ston aa mi kirti)
  • Nyeu Teun Dragpa Tashi (smyos ston grags pa bkra shis)
  • Nyeu Teun Dragpa Rintchen (smyos ston grags pa rin chen)
  • Nyeu Dragpa Euzer (smyos grags pa ‘od zer) et Nyeu Dragpa Gyaltsen (grags pa rgyal mtshan)
  • Nyeu Djeu Boum Pal (‘jo bum dpal) – son of Nyeu Dragpa Gyaltsen
  • Nyeu Phagpa Pal (smyos ‘phags pa dpal)
  • Nyeu Seunam Dragpa (smyos bsod nams grags pa)
  • Nyeu Deundroub Namgyal (smyos don ‘groub rnam rgyal)
  • Nyeu Gueunpo Tséwang (smyos mgon po tshé dbang)
  • Nyeu Namgyal Lhundroub (smyos rnam rgyal lhun groub)
  • Nyeu Teun Tséwang Dordjé (smyos ston tshe dbang rdo rje) et Youm Tséring Bouga (tshé ring bou dga’)
  • Nyeu Kunkhyen Dongag Tenzin (kun mkhyen mdo sngags bstan ‘dzin) marié à Youm Djé Rig Gueu Dzom (rjé rigs dgos ‘dzoms)
  • Nyeu Sangdag Thrinlé Lhundroub (gsang bdag ‘phrin las lhun grub) marié à Youm Lhadzin (lha ‘dzin)

 

La plus ancienne version de l’histoire des souvenirs de la famille semble ne mentionner que les hommes qui se succédèrent à la tête du clan pendant leur génération.

 

La Lignée de Mindrolling

La seconde branche de la lignée de Mindrolling est celle qui commence avec l’établissement du siège de Mindrolling sous la forme du Monastère de Drachi. La lignée est toujours issue des Nyeu mais, suivant le positionnement du Monastère de Mindrolling, fut ensuite connue comme La Lignée de Mindrolling qui compta successivement les « Trichen ». Le terme Trichen signifie littéralement grand détenteur du trône et le détenant de ce trône est connu en tant que Mindrolling Trichen.

La lignée des Trichen est répartie selon deux branches. Conformément à l’Histoire du Dharma selon Nyoshul Khenpo Jamyang Dordjé, Terdag Lingpa, fils de Sangdag Thrinlé Lhundroub est reconnu comme le premier Mindrolling Trichen (abrégé par « Tri »). Son plus jeune frère, Tri Rintchen Namgyal est reconnu comme étant le second Mindrolling Trichen.

Ainsi, la lignée se décline comme suit :

  • Tri Tcheugyal Terdag Lingpa
  • Tri Rintchen Namgyal
  • Tri Gyourmé Péma Tendzin
  • Tri Gyourmé Thrinlé Namgyal
  • Tri Gyourmé Péma Wangyal
  • Tri Gyourmé Sangyé Kunga
  • Tri Gyourmé Yichin Wangyal
  • Tri Gyourmé Détchen Tchogdroub

 

La lignée héréditaire s’acheva avec le huitième Mindrolling Trichen : Tri Gyourmé Détchen Tchogdroub qui eut seulement des filles et pas de garçons pour perpétuer la descendance. Ce fut alors que la fille de Tri Gyourmé Détchen Tchogdroub, Mindrolling Jetsun Tchimé Deunden Dolma, épousa le frère du grand maître du trésor, le Terteun Rangrig qui était né émanation de Terdag Lingpa. Son frère, Péma Wangtchen, se maria dans la famille de Mindrolling et devint le Tritsab ou régent.
Dans cette façon de lister les « Trichen », Tri Péma Wangtchen est connu comme le neuvième Mindrolling Trichen. Le fils, né de son mariage avec Jetsun Tchimé Deunden Dolma, devint le dixième Trichen, Tri Deundroub Wangyal qui fut le père de Sa Sainteté Kyabdjé Mindrolling Trichen, notre Lama racine.

  • Tri Péma Wangtchen
  • Tri Deundroub Wangyal
  • Mindrolling Trichen Gyourmé Kunzang Wangyal

 

Cependant, selon la manière la plus précise de compter les « Trichen », nous considérons le fils aîné de Terdag Lingpa, Péma Gyourmé Gyatso, comme le second Trichen. En raison des véhémences des temps dégénérés et des obstacles, il fut assassiné dans son jeune jeune par l’armée Mongole Dzoungar. Cependant, il soutint le trône durant une courte période entre le parinirvana de Terdag Lingpa et sa propre mort.

Son plus jeune frère, Drintchen Rintchen Namgyal fut ensuite le troisième à être intronisé en tant que Mindrolling Trichen. Ainsi, dans cette manière d’établir la liste, Péma Gyourmé Gyatso est le second Trichen dans la lignée Trichen. Tritsab Péma Wangchen, également très vénéré comme régent de Mindrolling qui garda la profonde tradition de Mindrolling intacte à travers une période très délicate de son histoire, n’est pas compté parmi les Trichen de Mindrolling dans cette classification. Tri Gyourmé Détchen Tchogdroub est classé comme le neuvième Trichen et le père de Sa Sainteté Mindrolling Trichen Gyourmé Kunzang Wangyal, Tri Deundroub Wangyal, est classé comme le dixième Mindrolling Trichen et Rinpoché lui-même comme le onzième détenteur du Trône de Mindrolling.

Tout en faisant référence aux descendants de Palden Nyeu Rig (Noble lignée des Nyeu), l’Histoire de Mindrolling elle-même débute par le récit biographique de Sangdag Thrinlé Lhundroub, père de Tcheugyal Terdag Lingpa.

Sangdag Thrinlé Lhundroub

Le père de Tcheugyal Terdag Lingpa, Sangdag Thrinlé Lhundroub, était un descendant direct de la Glorieuse Lignée des Nyeu. Il naquit en tant que fils du Vidyadhara Khédroub Dongag Tendzin (mkhas groub mdo sngags bstan ‘dzin), et de la Youm Djé Rig Gueudzom (rje rigs dgos ‘dzom) à Tchak Djangtchoub Ling en 1611, le 26ème jour du quatrième mois auspicieux de l’année femelle du Cochon de Fer. Sangdag Thrinlé Lhundroub était l’incarnation du grand maître Noubtchen Sangyé Yéshé, l’un des 25 disciples de Gourou Padmasambhava.

Noubchen Sangyé Yéshé, du clan de Noub, reçut de nombreuses transmissions de Gourou Rinpoché, ainsi que d’une trentaine d’autres maîtres accomplis de son époque et il devint un maître des Tantras renommé. Il fut l’un des trois grands détenteurs (babs sa) de tantras qui transmirent et diffusèrent les enseignements du Mahayoga, de l’Anouyoga et des Semdé de l’Atiyoga au Tibet. Il est dit que lorsque le roi Lang Dharma commença à détruire le Dharma au Tibet, il convoqua Noubtchen Sangyé Yéshé et ses disciples et considérant la capacité de réalisation de Noubtchen, il décida de leur faire la grâce de leur dispenser les tantrikas et les enseignements tantriques.

La propre contribution de Sangdag Thrinlé Lhundroub n’est malheureusement pas assez citée malgré le grand impact de sa vie remarquable et des activtés inégalables de son fils aîné Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa. Cependant, la contribution de Sangdag Thrinlé Lhundroub est, en soi, extraordinaire. C’était un visionnaire qui fut remarquablement érudit dans tous les aspects du Dharma et suprêmement accompli dans le mantrayana. Il était renommé pour son courage et sa vue profonde des besoins du futur qui lui inspirèrent de faire œuvre de pionnier dans la création d’un nouvel environnement pour la compréhension, l’étude et la pratique du dharma. Il fut connu pour avoir apporté des changements dans l’approche de l’apprentissage et de l’étude du dharma et pour avoir encouragé l’égalité des classes, genres et différentes lignées. Il marqua le chemin pour la renaissance des recherches et des études dans la voie la plus authentique et crut fermement que l’éducation était la meilleure méthode d’apporter des changements progressifs tout en conservant la pureté des traditions.

Dès son plus jeune âge Sangdag Thrinlé Lhundroub montra des signes d’un grand accomplissement. Il reçut de nombreux enseignements et instructions et accomplit des retraites sous la direction de son père, le grand maître Khédroub Dongag Tendzin. Ensuite, il reçut l’ordination de Tsouglag Gyatso et prit le nom de Thrinlé Lhundroub. A un très jeune âge Sangdag Thrinlé Lhundroub maîtrisa les enseignements des deux lignées Kama et Terma. Il étudia avec son père et un nombre incalculable d’autres grands maîtres et professeurs et il devint le maître le plus érudit de son temps.

Il reçut les enseignements Nyingma (école des anciennes traductions) de grands maîtres tels que Soungtoul Tsultrim Dordjé, Lotchen Shenphen Dordjé, Lhatsun Kunzang Namgyal, Dzogchenpa Drougdrag Zangpo, Beunloungpa Tsultrim Gyaltsen, Zour Tcheuying Rangdreul et Trulchig Norbou Tcheuten. Il étudia les Sarma (nouvelles traductions) enseignés par de nombreux grands maîtres des nouvelles traductions tels que Gyaltsab Dragpa Tcheuyang et Gueunpo Seunam Tchogden. En tout, il étudia sous la direction d’environ une trentaine de maîtres de l’ancienne et de la nouvelle école. Sangdag Thrinlé Lhundroub passa de nombreuses années en retraites solitaires et accomplit tous les degrés de la doctrine.

De nombreux maîtres de notre temps le considèrent comme étant inégalé dans la profondeur de sa connaissance et de sa compréhension du dharma et, particulièrement dans sa connaissance du corps vaste des enseignements secrets du Vajrayana. Sangdag Thrinlé Lhundroub épousa Youm Lhadzin Yangchen Dolma. Il mourut à l’âge de 52 ans.

La contribution de Sangdag Thrinlé Lhundroub à la préservation des enseignements bouddhistes au Tibet et l’héritage qu’il transmit à ses fils est extraordinaire. Pendant l’une de ses retraites, il est dit que Padmasambhava lui apparut dans une vision et qu’il prophétisa : « Vous aurez quatre fils. Trois seront vos égaux et l’un vous surpassera. »

Youm Lhadzin Yangchen Dolma

Padmasambhava prophétisa à Sangdag Thrinlé Lhundroub qu’une émanation de Shelkar Tso, née l’année du Rat prénommée Yangchen et découverte près de sa province de Dranang, deviendrait sa parèdre.

Et ainsi, cela se réalisa en accord avec cette prophétie : Youm Lhadzin Yangchen Dolma, mère de Rigdzin Terdag Lingpa, naquit en l’année 1624, année du Rat de Bois, à Dranang. Youm Lhadzin Yangchen Dolma était l’émanation de Shelkar Tso, l’une des parèdres de Padmasambhava.

Lhadzin Yangchen Dolma fut respectée et renommée comme une descendante directe de la dynastie Tcheugyal des grands Rois Songten Gampo et Trisong Detsen. La dynastie Tcheugyal elle-même était considérée comme une branche du clan Shakya Licchavi de l’Inde.

Ce clan vivait dans la région septentrionale de Lumbini, au pied des montagnes himalayennes dans l’Inde ancienne. C’était un royaume tribal qui existait avant la naissance de Shakya Thoub pa ou du Bouddha Shakyamouni. Le Boudha en tant que Siddharta naquit dans ce clan. Shakya, le mot lui-même, signifie « Canne à sucre ».

Là était le petit royaume de Shakya Licchavi et de Shakya Vaishali et les deux furent minés par la guerre et les rivalités. Peu de temps après le parinirvana du Bouddha, le royaume de Shakya Licchavi cessa d’exister et ses survivants s’éparpillèrent dans les pays voisins comme le Népal.

Songtsen Gampo (604 – 650) fut un grand empereur qui contribua à l’introduction et à l’expansion du Bouddhisme au Tibet. Sous son règne, les enseignements du Boudhisme Soutrayana commencèrent à s’implanter au Tibet. Il fut aussi le responsable de l’envoi du grand érudit, Theunmi Sambhota en Inde. Ce fut ce grand érudit et maître qui créa ensuite l’alphabet tibétain qui devint capital pour la diffusion et la préservation des enseignements au Tibet. Theunmi Sambhota fut l’une des vies antérieures de Terdag Lingpa. Ce fut également au cours du règne de Songtsen Gampo que les Dix Actions Vertueuses furent introduites au Tibet et devinrent la base du Code des Lois du Tibet.

Le Roi Trisong Detsen , descendant de la même lignée Tcheugyal, régna dans les années 756 – 797 ( ou 804 selon des sources différentes). Sous son règne, le Bouddhisme fut déclaré religion d’état. Il invita au Tibet de grands érudits bouddhistes venant de l’Inde. Parmi eux figurèrent le grand abbé érudit Shankarakshita et le Second Bouddha, Mahagourou Padmasambhava qui établirent les enseignements du Vajrayana au Tibet.

Dès son plus jeune âge, Youm Lhadzin Yangchen Drolma se montra très instruite, accomplie et douce. Elle fut grandement aimée par les membres de sa famille et les gens de la province ; connue aussi pour sa gentillesse et sa grâce. Elle fut spécialement réputée pour sa générosité qui lui fit accorder de vastes offrandes à différents maîtres éminents et à des monastères. Elle sauva un nombre incalculable d’animaux destinés à l’abattage.

Dès son plus jeune âge, elle étudia la récitation, la calligraphie et autres champs de connaissance. Youm Lhadzin Yangchen Drolma reçut de nombreuses transmissions et enseignements de grands maîtres tels que Sakyapa Chabdroung Garchen, Tserloungpa Kunga Namgyal, Khenpo Shakya Rinwang, Tsé Tsam Par Dragpa et Na Loung Trulchig.

Youm Lhadzin Yangchen Drolma épousa le grand mâitre de la lignée de Nyeu, Sangdag Thrinlé Lhundroub au cours de sa vingtième année. Après être devenue Sangyoum (parèdre) de Sangdag Thrinlé Lhundroub, elle donna naissance à sept enfants : quatre fils, deux filles et un enfant qui mourut à la naissance.

Son fils aîné Rigdzin Gyourmé Dordjé connu sous le nom de Tcheugyal Terdag Lingpa naquit dans l’année du Chien de Feu.

  • Gyalsé Tenpa’i Nyima naquit l’année du Rat de Terre.
  • Sémo Seunam Paldzom naquit l’année du Lièvre femelle de Fer après l’enfant mort à la naissance.
  • Tcheupal Gyatso, le Grand Lotchen Dharmashri fut son troisième fils qui naquit l’année du Cheval de Bois.
  • Tchoung Djé Weun Tchagdzeu Kunga Tsultrim (gchoung rje dbon phyag mdzod) l’année du Singe de Feu.
  • Sémo Lhatchig Paldzom naquit l’année du Cochon de Terre.

Sémo est un terme honorifique donné aux filles de familles nobles. Aujourd’hui, ce mot est le plus souvent traduit par « princesse » mais ce n’est pas totalement correct. Le terme de princesse s’applique lorsqu’on utilise le terme « Gyalpo’i Sémo » qui signifie littéralement « fille née d’un roi ».

La traduction littérale de Sémo, utilisé surtout pour des filles d’enseignants qui sont des têtes de lignées ou pour des filles qui sont nées dans la noblesse seraient plutôt « fils au féminin » comme dérivé du mot « Sé » qui est un mot honorifique pour « fils ». Le terme sémo peut être traduit comme « noble fille ».

Grande pratiquante érudite, Youm Lhadzin Yangchen Drolma continua à recevoir des enseignements de plusieurs grands mâitres. Ainsi avec Padreu Tcheuwang Lhundroub, elle reçut la totalité de Cent Mille Tantras de l’école Nyingma (rnying ma’i rgyud ‘bum) et de nombreux autres enseignements de Yabdjé Rigdzin Tchenpo. Plus tard elle reçut nombre d’ensseignements de grands maîtres du moment tels que Péling Soungtul Tsultrim Dordjé, Beunloung Rinpoché et Padreu Tcheudjé.

Ainsi, elle reçut de nombreux enseignements et accomplit les pratiques devenant une grande Yogini reconnue. Elle fut aussi réputée pour son accomplissement du yoga du rêve.

Youm Lhadzin Yangchen Drolma assista également son époux Sangdag Thrinlé Lhundroub dans ses vastes activités d’enseignement. Sa biographie mentionne que, de nombreuses fois, elle fit don de toutes ses richesses pour la construction de temples et pour le soutien des provinces pauvres et, de cette manière, établissant une tradition exemplaire pour toutes les Sangyoum ( terme honorifique utilisé principalement pour les parèdres qui épousent un maître au grand accomplissement) faisant partie de la lignée de poursuivre dans l’aide et l’engagement dans les activités de leur conjoint.

De ces deux grands maîtres naquirent ainsi les enfants qui s’incarnèrent pour établir et fonder Mindrolling qui devint ensuite l’un des centres majeurs d’étude et de pratiques Nyingma. Il y a six lignées principales ou monastères Nyingma : Mindrolling, Dordjé Drag, Shétchen, Dzogchen, Kathog et Palyul.

Tous ces monastères majeurs sont les détenteurs des enseignements vastes et profonds des Enseignements du Mantrayana Secret. Cependant, grâce à la vision vaste et aux efforts incessants des deux frères, Tcheugyal Terdag Lingpa et Lotchen Dharmashri, Mindrolling devint connu comme l’un des épicentres de l’authentique tradition des rituels et pratiques bouddhistes, comprenant les plus hauts niveaux dans l’étude et la pratique du Dzogchen.

Cette grande institution monastique connue comme étant Mindrolling fut fondée par l’ainé des fils de Sangdag Thrinlé Lhundroub et Youm Lhadzin Yangchen Drolma, Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa.

Terchen Rigdzin Gyourmé Dordjé connu sous le nom de Tcheugyal Orgyen Terdag Lingpa

Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa naquit comme fils aîné de Sangdag Thrinlé Lhundroub et Youm Lhadzin Yangchen Drolma, le lundi 26 mars 1646, dixième jour du second mois de l’année du Chien de Feu au monastère de son père Dargyé Tcheuling à Dranang, au Tibet Central.

Avant la naissance de Terdag Lingpa, Sangdag Thrinlé Lhundroub rêva qu’un beau jeune homme arrivait et lui offrait une syllabe HRI rouge et flamboyante.. Sa parèdre, Youm Lhadzin Yangchen Drolma vit aussi dans son rêve un beau jeune homme céleste lui offrant un stoupa de cristal. Aussitôt qu’elle prit le stoupa dans le rêve, elle se réveilla juste au moment du lever du soleil, à l’aube. Une fois né, Terdag Lingpa reçut le nom de Kunga Ngeudroub Rintchen Wangkyi Gyalpo.

Terteun Gyourmé Dordjé connu sous le nom de Tcheugyal Rigdzin Orgyen Terdag Lingpa, aussi connu en tant que Péma Garwang Gyourmé Dordjé, est reconnu comme l’émanation de plusieurs grands bodhisattvas, mahasiddhas et maîtres. Pour en citer quelques uns que nous connaissons : il fut Ananda à l’époqe du Bouddha Shakyamouni, Theunmi Sambhota à l’époque du roi Songtsen Gampo, le grand érudit et traducteur Vairocana à l’époque de Gourou Rinpoché et Zourtchen Shakya Djoungné, l’un des trois grands détenteurs (babs sa) des enseignements Nyingma.

Dès son jeune âge, Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa reçut de nombreux enseignements et initiations. A l’âge de cinq ans, il alla recevoir à Lhassa, les bénédictins du Jowo. Aussitôt qu’il eut offert ses prosternations, son esprit s’emplit d’une grande clarté et il fut capable de se remémorer clairement ses vies antérieures. Pour continuer, il commença à recevoir les enseignements et les transmissions extensives des abbés érudits de l’époque. En particulier, il reçut un entrainement religieux sous la direction de son père qui lui conféra en premier lieu l’initiation du Kagyé Sangdzog (bk’a brgyad gsang rdzogs).

Terdag Lingpa étudia la lecture, l’écriture, la grammaire et la littérature avec le grand érudit Dheundroub Wangyal. Ses autres professeurs dans son jeune âge furent Rigdzin Péma Thrinlé, Gueunpo Seunam Tchogden et Lotchen Chenphen Dordjé.

A l’âge de neuf ans, Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa prit ses premiers vœux de guényen (dge bsnyen) avec son père et il eut ensuite davantage d’entraînements à la méditation, aux rituels et aux rites des pratiques Nyingma avec une emphase particulière sur les enseignements du Dzogchen. Il fit ensuite une retraite de trois mois durant laquelle il eut des visions de Gourou Padmasambhava et reçut des initiations de sa part.

Pendant ses retraites, Terdag Lingpa était capable de mémoriser les textes de nombreuses sadhanas sans aucune difficulté. Il étudia également et apprit par cœur de nombreux textes racines avec les commentaires, parmi lesquels Le Tantra Racine Essentiel (rtsa rgyud gsang ba snying po), Le Continuum Sans Pareil (rgyud bla ma), La Détente de la Nature de L’Esprit (sems nyid ngal gso), Le Trésor Accomplissant les souhaits (yid bzhin mdzod), le Tantra des quatre Médecines (sman dpyad rgyud bzhi), ainsi que beaucoup d’autres. Ainsi, dans son jeune âge, la profondeur du savoir et la capacité de compréhension de Terdag Lingpa était devenue véritablement immense.

Entre l’âge de quinze ans et la vingtième année, Terdag Lingpa reçut les transmissions orales des Dix-Huit volumes des Tantras Nyingma (rnying ma rgyud ‘bum bco brgyad) au monastère de Tashi Tcheuling. Plus tard, il reçut aussi les transmissions d’innombrables traités et cycles d’enseignements à la fois des traditions Kama (bka ma) et Terma (gter ma).

A 23 ans, Terdag Lingpa se rendit au Monastère de Palden Drépoung (dpal ldan ‘bras spungs) où le Cinquième Dalaï Lama Ngawang Lobzang Tendzin Gyatso célébrait (gtsug phud) la cérémonie de la coupe des cheveux et il lui donna le nom de Ngawang Péma Tendzin.

Il reçut plus tard les voeux de yongdzog guényen (yongs rdzogs dge bsnyen) les vœux laïcs complets de Pratimoksha, Bodhisattva et des traditions des Tantras. La prise auspicieuse des vœux de yongdzog guényen marque le commencement d’une exceptionnelle et très intime relation maître/disciple entre le Cinquième Dalaï Lama et Terdag Lingpa.

A partir de ce moment, Terdag Lingpa reçut une vaste quantité de transmissions et il accomplit plusieurs retraites. Du Grand Cinquième Dalaï Lama, il reçut de nombreuses transmissions, parmi lesquelles figure Les Grands Secrets Scellés (gsang ba rgya can), un cycle d’enseignements composé par les textes visionnaires du Cinquième Dalaï Lama, trésors d’enseignements et notes supplémentaires sur le niveau secret des pratiques. Voyageant entre les monastères de Goungthang, Benyul, Nyémo et Kyitsal, Terdag Lingpa continua à étudier les écritures saintes et la méditation. Cela inclut Le Tantra de La Grande Illusion (sgyu ‘phrul), Le Tantra de L’Union (mnyam sbyor), Le Vajrakilaya (phour pa), Le Tantra Yamri (gshed skor), traités sur les niveaux de méditation (sgroub sdé), aussi bien que les enseignements tantriques tels que les Cent Sadhanas (sgroub thabs brgya rtsa), Chakrasamvara (bdé mchog), Gouhyasamadja (gsang ‘dus), Hévajra (dkyes rdor), le Ladzog Thougsoum (bla rdzogs thougs gsoum) qui fut le Trio de Gourou Sadhana, Atiyoga et le Grand Compassionné ainsi que beaucoup d’autres. Terdag Lingpa étudia aussi les textes et les exposés de grands érudits comme Sakya Pandita et, en partculier, le Grand Omniscient Longchen Rabjampa.

Outre le grand maître et les professeurs accomplis de Terdag Lingpa, il y en eut trois qui furent incomparables pour leur bonté, onze de qui il reçut des enseignemments semblables au nectar pour l’auto-émanation et la croissance et vingt-cinq qui furent la source de la vision étendue de Terdag Lingpa et de qui il reçut une profusion d’eseignements et de transmissions.

Les trois premiers furent :

  • Le Grand Vème Dalaï Lama, Ngawang Lobzang Tendzin Gyatso
  • Le propre père de Rigdzin Terdag Lingpa, Sangdag Thrinlé Lhundroub
  • Le grand maître, Soungtrul Tsultrim Dordjé.

Parmi les onze maîtres dont Terdag Lingpa reçut les enseignements semblables au nectar, il y eut : Rigdzin Péma Thrinlé, Chalou Rintchen Seunam Tchogdroub, Zour Ngawang Phuntsog, Trulshig Longyang eusal, Sakyapa Seunam Wangtchouk, Keuntchog Lhundroub et bien d’autres.

En tout, Rigdzin Terdag Lingpa eut environ trente cinq professeurs de qui il reçut des transmissions orales et des enseignements profonds sur la méditation et les pratiques rituelles.

Dans l’Histoire des Nyingma, Sa Sainteté Dudjom Rinpoché présente la succession suivante des transmissions et enseignements que Terdag Lingpa reçut et des écritures et des textes qu’il étudia et accomplit :

« L’étude des tansmissions doctrinales de Terdag Lingpa fut infinie. Il serait difficile d’en saisir même les intitulés, mais ils incluent tous les préceptes transmis par l’Ecole Ancienne des Traductions pour laquelle il existe une lignée ininterrompue de nos jours, tels que Le Soutra qui rassemble toutes les intentions, Le Filet Magique, Les Trois Traditions de la Classe de l’Esprit (sems-sde lugs-sum), Le Bouddhasamayoga et les cycles de Yangdak Hérouka, Vajrakila et Yamantaka; la plupart des trésors bien connus illustrés par de multiples préceptes transmis parmi la classification des méthodes d’accomplissement, Le Trio du Gourou, l’Atiyoga et le Grand Compassionné, en général et, en particulier, les préceptes généraux transmis de l’Ecole de traduction Nouvelle, tels que La Guirlande de Vajra et Les Cent Méthodes d’Accomplissement, aussi bien que des préceptes particuliers tels que Cakrasamvara, Hévajra, Kalachakra, Gouhyasamadja, Yamantaka et les initiations du Kriya et du Yoga, guide et transmissions exégétiques, comprenant de nombreux travaux de la tradition des soutras ; la transmission complète des Kangyour qui est la racine de tous les autres. »

Au début de sa treizième année, Tcheugyal Terdag Lingpa mémorisa le Tantra Racine du Noyau Secret, l’Esprit au Repos et le texte racine avec son commentaire du Trésor qui Accomplit tous Les Souhaits. De son vénérable père, il reçut graduellement leurs exégèses orales. Plus tard, il maîtrisa les écritures saintes de la tradition Noub, la tradition Zour de Rongdzom Pandita, L’Analyse des Trois Vœux de Sakya Pandita (sa skya pandi ta’i rab dbyé), L’Ordre Définitif du Tripitaka de Tchomden Rigpei Raldri’s (bchom ldan ral gri’i spyi rnam) et Le Sens Interne Profond par le 3ème Karmapa Rangdjoung Dordjé (rang byung zhabs kyi nang don). En particulier, par son étude diligente toutes les écritures saintes du grand Omniscient Longchenpa, il obtint des pouvoirs illimités d’analyse intellectuelle et ainsi, il résolut tous les doutes.

Il reçut les initiations, les instructions et les transmissions exégétiques des quatre rivières (du Soutra qui Rassemble Toutes les Intentions) dans leur totalité incluant la transmission du sceau et l’initiation de longue vie comme support final de Takteun Tcheugyal Tendzin qui ouvrit 44 mandalas sur la base de la Cérémonie des Initiations des Soutras qui rassemblent Toutes Les Intentions intitulé Le Rosaire de Joyau (‘dus pa mdo’i dbang tchog rin tchen phreng ba).
De plus, sur la base de la Cérémonie d’Initiation (intitulée) La Rivière de Miel (dbang chog sbrang rtsi’i chu rgyun), il reçut du même maître, les initiations, les transmissions et les instructions complètes, en relation avec vingt- et-un mandalas peints sur tissus. Encore de Rigdzin Péma Thrinlé de Dordjé Drak, il reçut la totalité des initiations, des instructions et des transmissions exégétiques se référant à La Cérémonie d’initiation intitulée Le Rosaire de Joyau en relation avec une version condensée qui utilisait vingt-sept mandalas, dont le mandala racine, peint sur tissus et les autres mandalas disposés autour suivant un schéma.

Ces deux maîtres lui attribuèrent le nom secret de Gyourmé Dordjé Tsal.
Après cette période d’études et d’entraînements intensifs, Rigdzin Terdag Lingpa entra en retraite solitaire et il accomplit de nombreuses pratiques. Rigdzin Terdag Lingpa révéla ensuite plusieurs trésors d’enseignements (Terma). Aussi Terdag Lingpa fut-il aussi renommé en tant que grand Terteun ou découvreur de trésors. Parmi ceux qu’il révéla :

  • A l’âge de dix-huit ans, il découvrit le terma du l’Essence du coeur des Vidyadharas [rig-’dzin thougs-thigs] à Yamaloung le jeudi 15 juin l663 (25ème jour du 4ème mois, dixième jour, cinquième mois du lièvre d’eau).
  • A l’âge de vingt-deux ans, il découvrit le terma de Yamantaka, Le Destructeur d’Arrogance [gshin-rje dregs’ joms] à Yarloung Sheldrag (Grottes de cristal de Yarloung) le samedi 24 septembre 1667 (8ème jour du mois de khroums, année du mouton de feu).
  • A l’âge de trente-et-un ans, il découvrit le terma Zabter Thragthoung Péma Dragpo du Gourou Courroucé (Gourou drag-po) et le Atiyoga et le cycle de Vajrasattva [rdor sems ati’i skor] à Eukar Drak le samedi 19 Décembre 1676 (15ème jour, mois du tigre, année du Dragon de feu)
  • A l’âge de trente-cinq ans, il découvrit le terma du Cycle Doctrinal du Grand Compassionné comme le rassemblement des Sougatas [thougs-rjé tchenpo bdé gshegs kun-dus kyi chos skor] en public à Shawouk Tago le vendredi 23 Août 1680 (29ème jour, 6ème mois, année du singe de fer).

Ayant reçu de nombreux enseignements du Grand Cinquième Dalaï Lama, Rigdzin Terdag Lingpa à son tour conféra de nombreux enseignements et transmissions au Grand Cinquième Dalaï Lama. Ces transmissions inclurent le Tantra de Vajrapani de la Lignée Murmurée (phyag rdor snyam brgyud), Les Sept Textes Trésors (mdzeud bdun) du Grand Omniscient Longchen Rabjampa, ainsi que les enseignements trésors de Padma Lingpa, Dordjé Lingpa, Ratna Lingpa et un grand nombre d’autres transmissions. Il est dit qu’un jour alors que le Grand Cinquième Dalaï Lama recevait une transmission de Rigdzin Terdag Lingpa, de nombreuses personnes furent témoins de signes miraculeux.

L’exceptionnelle et auspicieuse relation maître-disciple-maître entre Le Grand Cinquième Dalaï Lama et Tcheugyal Terdag Lingpa continua durant les vies successives de ces deux grands maîtres accomplis. Lorsque Terdag Lingpa eut 25 ans, Le Grand Cinquième Dalaï Lama patronna la construction du monastère de Terdag Lingpa et lui donna le nom de Ogmin Ogyen Mindrol Ling Ngédeun Gatsal Ling signifiant :

  • Og Min (Akanishta),
  • Ogyen (Ouddiyana),
  • Mindrol (maturité et libération),
  • Ling (terre),
  • Ngédeun (sens définitif),
  • Gatsal (jardin radieux).

Le Monastère de Mindrolling fut ainsi fondé en 1646. La grande vision de Terdag Lingpa prépara le terrain à de nombreux changements dans le système existant des structures et des traditions observées par le Monastère de Mindrolling. Terdag Lingpa mis l’accent sur l’importance du mérite et des connaissances ainsi que sur les traditions conservatrices de la hiérarchie. Ainsi au Monastère de Mindrolling au Tibet, il n’y avait qu’un trône pour le Trichen dans le temple principal et tous les autres s’asseyaient sur d’épais coussins utilisés dans tous les autres temples (beuden). C’était seulement en cas d’absence du Trichen qu’un autre trône était préparé pour le régent désigné.

L’ordre du placement des moines était également basé sur leurs connaissances et leur ancienneté. Lorsqu’un moine progressait dans les classes et les études, ce qui était indispensable pour être autorisé à s’asseoir dans le temple, il recevait une place et le suivant à réussir ses études s’asseyait après lui etc… L’âge ou le rang social ne comptait pas.

Terdag Lingpa mit l’emphase sur le fait que les pratiquants devaient être simples et humbles et montra l’exemple dans son propre monastère. Il encouragea la qualité des pratiquants plutôt que leur grand nombre. C’est ainsi que même à son apogée, Mindrolling ne compta jamais plus de 300 moines. Le Monastère de Mindrolling fut construit par Terdag Lingpa dans la Vallée de Drachi qui était un endroit caché, ne pouvant être vu qu’une fois arrivé sur place. Ceci disait-il afin de rappeler à ses étudiants et disciples de la lignée qu’un pratiquant ne devait pas faire la démonstration de sa pratique mais plutôt vivre de façon tranquille et humble, immergé dans la paix et la réflexion, qu’un pratiquant ne devait pas impressionner ou rechercher les autres mais que les autres devaient rechercher le pratiquant pour leur besoin.

La vision de Terdag Lingpa sur l’égalité des sexes fut une autre révolution engendrée par ce génie vivant de tous les temps. Terdag Lingpa mis l’emphase sur l’importance de l’éducation des femmes et leur rôle dans la transmission et la pratique du dharma authentique. Ainsi il donna l’exemple et veilla à ce que ses propres filles aient le choix et soient éduquées de la même façon que ses fils. Ceci fut une idée révolutionnaire à l’époque et c’est pourquoi, les filles de Mindrolling portent le titre de Jetsun.

Jetsun en tibétain est composé de deux syllabes. Jé (rjé) signifiant seigneur ou souverain et tsun (tsun) signifiant individu de grande noblesse et de grande vertu. Ensemble ceci est souvent traduit comme un titre désignant un individu haut placé, signifiant littéralement souverain noble et vertueux.

Terdag lingpa fonda le monastère de Mindrolling avec la suprême vision d’établir la source d’une tradition pure et véritable du mantrayana où l’étude et la pratique d’un dharma authentique seraient son unique objectif.

Dans les années qui suivirent, Mindrolling devint le point de référence des traditions de tous les rituels des pratiques de sadhana, des danses rituelles et des mandalas réalisés dans les monastères Nyingma ainsi que dans les autres lignées à travers tout le Tibet. Mindrolling fut regardé comme la source de la plupart des traditions ritualistes et, est même considéré aujourd’hui comme le « tchou go » de l’école Nyingma. Tchou go signifiant la source ou l’ouverture par laquelle quelque chose ressort.

A propos de l’achèvement du bâtiment après sept ans de construction, le jour de l’inauguration de Ogmin Ogyen mindrolling, Le Grand Cinquième Dalaï Lama effectua personnellement la cérémonie de la coupe des cheveux des moines novices de Mindrolling.

L’année suivante, quand le Dalaï Lama tomba malade, Terdag Lingpa accomplit les pratiques et les rituels afin de chasser les obstacles et il est dit que grâce aux pouvoirs et aux bénédictions de ses pratiques, Le Grand Cinquième Dalaï Lama guérit complétement.

Lorsque ses activités furent florissantes, à l’âge de 33 ans, Rigdzin Terdag Lingpa tomba gravement malade. S’appuyant sur la prédiction et le conseil du Grand Cinquième Dalaï Lama, Rigdzin Terdag Lingpa accepta de prendre une parèdre spirituelle. celle-ci fut une émanation de Kshetrapali. Grâce à ses bénédictions et sa présence, Terdag Lingpa recouvra non seulement la santé, mais prolongea sa vie. Sa réalisation en fut grandement renforcée et approfondie. Mais en raison de certains obstacles, sa parèdre ne porta pas d’enfant. Ainsi plus tard, Terdag Lingpa se maria successivement avec deux autres parèdres (sangyoum) qui donnèrent naissance à trois fils et deux filles, qui devinrent tous d’exceptionnels pratiquants.

La première des deux Sangyoum fut la Grande Dame Yeunten Dolma, laquelle donna naissance au fils aîné de Terdag Lingpa, Péma Gyourmé Gyatso.
La seconde Sangyoum fut la fille de Tsoug Lag Dzin, une descendante directe du Roi de Zahor prénommée Phuntsog Paldzom. Elle fut reconnue comme l’émanation de Dordjé Phagmo (Vajrayogini). Sangyoum Phuntsog Paldzom donna naissance à deux fils et deux filles:

  • Chabdroung Yichin Lekdroub
  • Trichen Drintchen Rintchen Namgyal
  • Sémo Jetsun Mingyour Paldron
  • Sémo Tcham Paldzin

Ainsi que nous le verrons dans les chapitres suivants tous les enfants de Terdag Lingpa devinrent des pratiquants et des maîtres exceptionnels en leur temps.

Chögyal Rigzin Terdag Lingpa fut connu pour sa grande générosité. Quelle que soit l’offrande matérielle qu’il recevait, il l’offrait généreusement au Monastère de Mindrolling et pour toutes activités du Dharma. Ainsi les moines de Mindrolling ne manquaient-ils jamais de rien.

De plus, Terdag Lingpa commanda de nombreuses peintures et sculptures, ainsi que cinq cents volumes de textes rares et précieux en or et argent, incluant le Kangyour et de nombreuses xylographies pour les commentaires, les éxégèses, les cérémonies et les rituels.

Ce grand maître ne fut pas seulement connu pour avoir révélé des trésors d’enseignements et pour avoir enseigné et transmis ces vastes et profonds trésors, mais il lui fut aussi attribué l’inestimable contribution de préserver la lignée Kama. Il compila de nombreux textes, fut un grand compositeur, reçut et renforça de nombeux enseignements et renouvela ainsi les transmissions des lignées de différentes branches.

L’une des plus grandes contributions de Tcheugyal Terdag Lingpa fut la restauration et la préservation de quelques uns des grands cycles d’enseignements des termas qui avaient été découverts dans la passé mais avaient beaucoup perdu du fait de leur transmission, exégèse et compréhension. La plupart des gens de l’époque connaissaient les méthodes des pratiques contenues dans ces termas ou avaient requis les transmissions pour pratiquer ces profondes traditions. Les principales références parmi eux furent les travaux de deux grands Terteuns, Nyang Ral Nyima Euzer (1124-1192) et Gourou Tcheuwang (1212-1273). Terdag Lingpa raviva les nombreux termas de ces deux grands premiers terteuns et alimenta la croissance et la prospérité de leurs enseignements. Le grand terma de Nyang Ral Nyima Euzer, Kagyé Desheg Dupa (bka’ brgyad bde gshegs ‘dus pa) qui devint l’un des pivots des traditions maintenues à Mindrolling. En fait, lorsque Terdag Lingpa fut sur le point de passer dans le parinirvana, il ordonna à ses disciples de ne pas le pleurer mais de faire, à la place, un droubchen de Kagyé Desheg Dupa de dix jours pour le bénéfice de tous les êtres du samsara. Cette tradition s’est maintenue à Mindrolling jusqu’à ce jour. Le fameux terma de Gourou Tcheuwang, Lama Sangdu (bla ma gsang ‘dus), devint aussi l’une des principales traditions de Mindrolling. C’est le Drouptcheu élaboré sur le Lama Sangdu qui est accompli chaque année à l’occasion auspicieuse du dixième jour du mois du singe (7ème mois), appelé le grande cérémonie du Tsé tchou.
Sa Sainteté Dudjom Rinpoché récapitule l’incomparable contribution de Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa à la préservation des enseignements des diverses lignées dans les termes suivants :

« Ce grand découvreur de trésors, directement et indirectement, fut le plus inspiré de la totalité des enseignants, anciens et nouveaux. Plus que cela, il maintint la viabilité des instructions des traditions doctrinales mineures, telles que Chonangpa Shangpa et autres. En particulier, au XVIIème siècle, l’exégèse et l’obtention des traditions Nyingma dont le plus important est la trilogie du Soutra qui Rassemble Toutes les Intentions, Le Filet Magique et la Classe Mentale ressemblaient tout au plus à une lampe qui n’avait plus d’huile pour fonctionner, Terdag Lingpa, animé d’une courageuse et infatigable persévérance, trouva toutes ces traditions et restaura les enseignements détériorés depuis ses fondements par des moyens d’exégèse, obtention et travail. De ce fait, grâce à la bonté de ce très vénérable maître, de son frère, de ses disciples et de ses descendants, le Sa-nga Nyingmapa ou « Ecole Ancienne du Mantra Secret » fut à la hauteur de la signification de son nom et de son originalité et sa lignée continue qui fait autorité se développa, sans déclin jusqu’à ce jour. »

Ainsi, Tcheugyal Terdag Lingpa est connu comme un maître extraordinaire des lignées Kama (orale) et Terma (trésors révélés) si bien qu’on l’appela par la suite : Le Roi du Dharma Terdag Lingpa.

C’est grâce à son extraordinaire prévoyance et inaltérable dévouement à toutes les lignées des quatre écoles du Bouddhisme tibétain que Terdag Lingpa est aussi reconnu comme un pionnier de son temps pour le soutien et le maintien de la vue non sectaire. Il établit une vision selon laquelle les dernières générations de maîtres tels que Jangmeun Kongtrul Lodreu Thayé et Jamyang Kyentsé Wangpo, fondèrent le mouvement Rimé (non sectaire).

Il est actuellement impossible de décrire l’étendue de l’inlassable activité de Tcheugyal Terdag Lingpa. En lisant ses biographies et en écoutant de grands maîtres tels que Kyabjé Mindrolling Trichen, Kyabjé Dilgo Khyentsé Rinpoché et Kyabjé Dudjom Rinpoché parler de Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa, tous les derniers des auditeurs sont émerveillés et impressionnés par la réalisation et l’activité de ce grand maître. Il semble souvent impossible qu’une seule personne puisse accomplir toutes ces activités au cours d’une seule et même vie.

A l’âge de 69 ans, il commença à montrer des signes de maladies et commença à laisser des instructions à ses fils, ses filles et ses disciples.
Au matin du deuxième jour du second mois lunaire (Samedi 17 mars 1714), Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa se leva et dit : « Je dois maintenant faire sept pas vers l’Est ». Il effectua ensuite sept pas dans la direction de l’Est, s’assit en posture de méditation et dit :

« Apparences, sons et conscience sont déités, mantras et sphère du dharmakaya, jeu des kaya et de la sagesse primordiale se déployant sans limites. Dans la pratique du grand yoga profond et secret, puissent-ils être indivisibles saveur unique en l’essence de l’esprit. »

Ensuite, regardant tous ceux qui l’entouraient, Rigdzin Terdag Lingpa dit : « Je vois que les dakinis sont là pour m’accueillir » et, regardant vers l’espace, il entra dans le parinirvana. Les jours qui suivirent, furent remplis d’une paix merveilleuse et des signes magnifiques furent perçus par de nombreux témoins dans toute la région.

Gyalsé Tenpa’i Nyima

Terdag Lingpa était l’aîné des sept enfants de Sangdag Thrinlé Lhundroub and Youm Lhadzin Yangchen Drolma. Le second fils, plus jeune frère de Terdag Lingpa, Gyalsé Tenpa’i Nyima, naquit dans l’année du Rat de Terre (1648) à Dranang Dargyé Tcheuling au Tibet Central.

De son père, Sangdag Thrinlé Lhundroub, le Grand Cinquième Dalaï Lama et de nombreux autres maîtres, Gyalsé Tenpa’i Nyima reçut de nombreux enseignements et transmissions à la fois des lignées Kama et Terma. Il devint ainsi très instruit et accompli dans toutes les branches des soutras et des tantras. Il fut particulièrement renommé pour sa grande érudition dans la compilation de nombreux textes précieux sur gar thig yang reul (gar thig dbyang rol) les danses rituelles, l’art de dessiner les mandalas, les mélodies des rituels et la musique rituelle. Gyalsé Tenpa’i Nyima assista aussi l’éducation et l’instruction de son plus jeune frère, le Grand Lochen Dharmashri.

Le grand maître Gyalsé Tenpa’i Nyima devint aussi le premier Khenchen de Mindrolling, l’abbé et détenteur de la lignée du vinaya de Mindrolling. Ladite lignée à la succession des Khenchen qui est aussi connue en tant que khen rab. Le Khen Rab est la succession des détenteurs du vinaya qui octroyaient les vœux du vinaya aux moines de Mindrolling et qui eut toujours les érudits les plus renommés et les interprètes du début du Dharma avec Gyalsé Tenpa’i Nyima. Traditionnellement, les Khenchen de Mindrolling furent toujours les plus jeunes fils des Trichen ou détenteurs du trône. La succession des Trichen est aussi connue comme tri rab. Le fils aîné devait devenir le Trichen ou détenteur du trône de Mindrolling et le plus jeune, le Khenchen.

A cause de nombreux obstacles et en raison du non accomplissement de certaines pratiques de samayas dans les temps appropriés, Gyalsé Tenpa’i Nyima mourut au jeune âge de 27 ans en 1674 dans l’année du Tigre de Bois.

Tcheupal Gyatso, Lochen Dharmashri

L’unique héritier spirituel de Terdag Lingpa, fut son second plus jeune frère, Lochen Dharmashri, le grand Omniscient Tcheupal Gyatso qui est reconnu l’un des maîtres les plus érudits des enseignements du Dzogchen. Il naquit l’année du Cheval de Bois comme le cinquième des sept enfants de Thrinlé Lhundroub et Youm Lhadzin Yangchen Drolma.

Bien que le Tibet eut été béni par la présence de grands maîtres éveillés, il est dit que peu sont comparables à Lochen Dharmashri dans l’étude et la compréhension du profond Dharma.

Le Terloung (gter loung, prophéties des trésors) prophétisa la naissance de Lochen Dharmashri comme né « d’un grand maître dont le nom commencerait avec le dharma, une émanation de Youdra Nyingpo, ayant une incomparable sagesse et des qualités de compassion et de grande dévotion qui porteraient haut la victorieuse bannière du dharma pour le bien de tous les êtres sensibles. »

Lochen Dharmashri fut l’émanation de l’un des 25 disciples de Gourou Rinpoché, Youdra Nyingpo. Youdra Nyingpo était un prince de Gyalmo Tsawé Rong (Gyarong) à l’Est du Tibet. A Gyarong, Youdra Nyingpo reçut les enseignements de Vairocana qui était exilé sur ce territoire pour une certaine période de temps. Etudiant avec Vairocana, Youdra Nyingpo devint un grand érudit et traducteur. Plus tard, il voyagea au Tibet Central et reçut les enseignements de Gourou Rinpoché. Il devint l’un des plus grands maîtres des enseignements de semdé et longdé du Dzogpa Tchenpo au Tibet.

Le père de Lochen Dharmashri, le grand, maître Sangdag Thrinlé Lhundroub passa dans le parinirvana lorsque Lochen Dharmashri était âgé de seulement neuf ans, encore un très jeune garçon. Après le départ dans le parinirvana de son père, Lochen Dharmashri supplia avec ferveur le koudoung de son père en accomplissant le koudoung tcheupa (sku gdung mchod), prières et offrandes au koudoung. La même nuit, il rêva que Sangdag Thrinlé Lhundroub lui apparaissait au sein des lumières d’un arc-en-ciel se dissolvant en lui. Lochen Dharmashri s’éveilla instantanément et expérimenta une joie et une clarté immenses. Il est dit qu’à ce moment, son esprit et celui du Gourou se mêlèrent en un et qu’ensuite, l’esprit de Lochen Dharmashri fut rempli d’une exceptionnelle clarté ainsi que d’une compréhension profonde du Dharma.

Dès son jeune âge, Lochen Dharmashri fut instruit dans le dharma et élévé par son frère aîné Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa avec beaucoup d’amour et d’affection. Il fut aussi instruit avec amour et protégé par son autre frère aîné Gyalsé Tenpa’i Nyima et sa mère Youm Lhadzin Yangchen Drolma.
A l’âge de treize ans, Lochen Dharmashri reçut les vœux de guényen (dge bsnyen) de Rigdzin Terdag Lingpa qui accomplit le tsoug phu (gtsug phud), cérémonie de la coupe de cheveux. Terdag Lingpa lui donna alors le nom de Tendzin Jamyang Wangpo (bstan ‘dzin ‘jam dbyang dbang po).

A l’âge de quinze ans, il reçut du Grand Cinquième Dalaï Lama les vœux de guélong (dge slong), voeux d’ordination complète.
Ayant accompli de vastes études et maîtrises de toutes les sciences et philosophies, à l’âge de 27 ans, en la présence d’une grande assemblée, Lochen Dharmashri obtint la distinction éminente du titre de « Grand Erudit ».

Plus imporant, il est dit qu’à travers sa vie, Lochen Dharmashri fut très particulier en ne commettant aucun nyétoung (nyes ltung), transgressions et violations en rapport avec le moindre de ses vœux. Brillant comme le soleil et la lune, Lochen Dharmashri conserva toujours la conduite la plus parfaite sans la moindre tâche. Sa précision et son soin attentif avec ses vœux du vinaya est encore de nos jours, considéré comme un exemple de pureté parfaite en rapport avec la lignée du vinaya du Bouddhisme Tibétain. Jusqu’à ce jour, le commentaire de Lochen Dharmashri sur le Dom Soum (sdom gsum), « Collection de Traités des Trois Vœux » est considéré comme le plus important ouvrage faisant autorité en matière d’éthique dans le dharma du bouddha.

A l’âge de douze ans, le 2ème jour auspicieux du 7ème mois de l’année du Serpent de Bois, Lochen Dharmashri reçut de son frère aîné Tcheugyal Terdag Lingpa, le cycle complet d’enseignements et les initiations du Rigdzin Thougthig (premier terma de Terdag Lingpa sur le Cœur de l’Essence des Vidyadharas). L’occasion fut marquée par de nombreux signes auspicieux et il est dit que Lochen Dharmashri planta une brindille d’arbre dans le boumpa et que lorsque l’initiation fut donnée, la brindille ordinaire se couvrit de fleurs.

A l’âge de seize ans Lochen Dharmashri reçut le Dra Kalapa (sgra kalhapa) et le Debgyor (sdeb sbyor) de Goungtang Panchen Shenyen Namgyal (gung thang pan chen bshes gnyen rnam rgyal) et il eut la maîtrise du Lantsa (lan tsa) et des manuscrits de Wartou (war tu).
De son frère aîné, Gyalsé Tenpa’i Nyima Rinpoché, Lochen Dharmashri étudia la science de l’astrologie. Du maître Karma Kungyen (karma kun mgyan) il reçut les enseignements du Kalachakra et de Tagloung Droubchen Ngawang (stag lung grub chen ngag dbang) les enseignements et les transmissions de Saraswati.

Avec son frère aîné, Tcheugyal Terdag Lingpa, Lochen Dharmashri étudia les danses rituelles, l’art du mandala et de la mélodie rituelle (gar thig dbyang gsoum). Ce fut de Terdag Lingpa qu’il reçut également les enseignements sur les Classes des Trois Vœux (sdom gsoum rab dbyed). De son second frère aîné Gyalsé Tenpa’i Nyima, Lochen Dharmashri reçut les enseignements du vinaya. A l’âge de 27 ans, Lochen Dharmashri reçut le corps entier des enseignements de Longchenpa.

En particulier, tout au long de sa vie, Lochen Dharmashri continua avec une profonde dévotion de servir et assister avec soin son incomparable bon maître, Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa de qui il reçut une vaste quantité d’enseignements profonds et de transmissions.

Dans ces transmissions furent inclus une vaste quantité de termas (gter chos) enseignés par de grands Terteuns tels que Droubthob Ngeudroub (grub thob dngos grub), Néten Dangma Lhungyal (gnas brtan ldang ma lhun rgyal), Chetsun Sengué Wangchoug (lce btsun seng gue dbang phyug), Gya Shang Trom (rgya shang khrom), Lhadjé Noubchoung (lha rje gnoubs tchoung), Ngadag Nyang Ralpatchen (mnga’ bdag nyang ral pa can), Gourou Tcheuwang (gu ru chos dbang) et Péma Lédrel Tsal (pad ma las ‘brel rtsal) et bien d’autres.

Plus tard, de Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa, Lochen Dharmashri reçut aussi les initiations, enseignements et transmissions de tous les termas révélés par Terdag Lingpa, tels que le Rigdzin Thougthig, Thougdjé Tchenpo Désheg Koundu et l’Atiyoga et le Cycle de Vajrasattva. Lochen Dharmashri reçut également de nombreux enseignements merveilleux et profonds du Grand Cinquième Dalaï Lama.

Lochen Dharmashri reçut la transmission complète de la racine de tous les enseignements, le Nyingma Gyouboum (rnying ma rgyoud ‘boum). Le Nyingma Gyouboum comporte 25 (31) volumes contenant une collection de transmissions des trois tantras intérieurs.

  • Du grand maître Dorjé Drag Rigdzin Tchenpo Péma Thrinlé (rdo rje brag rig ‘dzin tchen po pad ma phrin las), Lochen Dharmashri reçut le corps entier des plus récents tantras, les enseignements essentiels et les initiations de Kalachakra, le Gyoutrul Chitro (sgyou ‘phrul zhi khro) et Lama Sangdu (bla ma gsang ‘dus).
  • Du grand maître érudit des Sakyapa, Dagtchen Kunga Tashi (sa skya bdag chen kun dga’ bkra shis), il reçut les transmissions de Yangdag Gueunloug (yang dag ‘gon lougs kyi dbang), Domsoum (sdom gsum) et Rigter (rigs gter).
  • Du maître Dingri Kunpangpa Lodreu Tenpa (ding ri kun spangs pa blo gros brtan pa) il reçut le wang (dbang), loung (lung) et tri (khrid) du Chidjé Ngachi Barsoum (zhi byed snga phyi bar gsoum kha ‘thor dang bcas pa).
    Du grand maître Khédroub Tcheukyong Gyaltsen (mkhas grub chos skyong rgyal mtshan) il reçut les enseignements complets, les initiations et les profondes instructions de la lignée Shangpa. De Lochen Rinzang (lo chen rin bzang) il reçut la totalité du tri (khrid) du Djor Droug (sbyor drug).
    Plus tard, de Droubpa’i Wangchouk Lodreu Gyatso (groub pa’i dbang phyug blo gros rgya mtsho), il reçut des enseignements supplémentaires sur le Kalachakra et Djor Droug (sbyor drug).
  • De Dorjé Dzinpa Kunga Tendar (rdo rje’dzin pa kun dga’ bstan dar) Lochen Dharmashri reçut le Sang Dé Djig Soum (gsang bde ‘jigs gsum), Ngogloug Kyi Dorjé Denshi (rngog lugs kyi rdo rje gdan bshi), Mahamaya, Marpo Korsoum, (dmar po skor gsum) et Gourchal Gyi Jenang (gour zhal gyi rjes gnang).
  • De Shényen Djampa Phuntsok Namgyal (bshes gnyen byams pa phun tshogs rnam rgyal) il reçut le Tchenrézig Sengué Dra (spyan ras gzings seng gue sgra), Drozang Loug Namsé Karpo Tsédzin (‘gro bzang lugs rnam sras dkar po tshe ‘dzin), Tchenrézig Palmo’i Loug (spyan ras gzigs dpal mo’i lugs) et le Gourchal (gour chal).
  • De Domtseun Künga Dargyé (sdom brtson kun dga’ dar rgye) Lochen Dharmashri reçut le Ouma Métog Threngyu (‘dul ba me tog phreng rgyud), Soumgyapa Tsadrel (soum brgya pa rtsa’grel), Ouma Rigtsog Kor (dbu ma rigs tshogs skor), Dompa Nyishoupa (sdom pa nyi zhu pa), Lama Ngachoupa (bla ma lnga bcu pa) et le Jowo’i Tcheudjoung Gyatsa (jo bo’i chos ‘byoung ‘brgya rtsa).
  • De Loung rig Mawa’i Wangchouk Sangyé Tcheudar (lung rigs smra ba’i dbang phyug sangs rgyas chos dar) il reçut Ouma Tsadjoug Chisoum (dbu ma rtsa ‘jug bzhi gsum), Namdrel (rnam ‘grel), Dulwa Dotsa (‘dul ba mdo rtsa), Ngeunpa Dzeu (mngon pa mdzod), Dreltchoung Deunsal (‘grel chung don gsal) and Sapen Gyi Thoubpa Gongsal (sa pan gyi thub pa dgongs gsal).
  • De Kyi Kunga Tensal (skyi kun dga’ bstan gsal) Lochen Dharmashri reçut le Gyouthrul Thrameu’i Kor (sgyu ‘phrul phra mo’i skor) et Zour Tso Teuloug Pa’i Gyouthrul Gyi Yigtcha Threntsheg (zur tsho stod lugs pa’i sgyu ‘phrul gyi yig cha phran tshegs).
  • Du maître Chaloupa Rintchen Zangpo (zha lu pa rin chen bzang po) il reçut les transmissions de Drimé Namnyi (dri med rnam gnyis). Du maître Kangyourwa Droubpa Dorjé (bka’ ‘gyur ba grub pa rdo rje) Lochen Dharmashri reçut le Dodé Kalzang (mdo sde bskal ba bzang), Gyétongpa (brgyad stong pa), Ngédeun Gyi Dothren (nges don gyi mdo phran), Djamtcheu Dénga (byams chos sde lnga), Bodhisattvacaryavtara (spyod ‘jug) ainsi que de nombreux enseignements de la tradition des soutras. Du maître Drikoung Treulpa’i Kou (‘bri gung sprul pa’i sku) il reçut le Drami Nyen Pa’i Tsewang (sgra mi snyan pa’i tshe dbang).
  • En outre, de Tréwo Trulpa’i Kou Tcheuying Wangpo (tre bo sprul pa’i sku chos kyi dbang po) il reçut le tchagchen Lhanchig Kyédjor (phyag chen lhan cig skyes sbyor), le Thriyig de Wangchoug Dorjé (dbang phyug rdo rjes mdzad pa’i khrid yig), Péhar Gyi Droubthab Trin Nag Thrig Pa (pe har gyi sgrub thabs sprin nag ‘khrigs pa).
  • Du maître Pawo Trulpa’i Kou (dpa’ bo sprul pa’i sku) Lochen Dharmashri reçut le Tchagchen Yigué Chipa’i Deun Tsoug ché Ma (phyag chen yi ge bzhi pa’i don tshugs bcad ma).

En bref, Lochen Dharmashri tint et accomplit un vaste corps de transmissions de gsar rnying ris med (nouvelle école, ancienne école et école rimé), qu’il reçut d’au moins une vingtaine de maîtres différents. Il demeura extrêmement humble et parlait de son savoir et de ses accomplissements comme d’une goutte d’eau dans l’océan. Tout en recevant ces diverses transmissions et ces enseignements, Lochen Dharmashri ne se contentait pas de recevoir mais il en accomplissait les pratiques. Plus tard, il joua un rôle capital dans le renouveau et le maintien de ces lignées de transmissions.

Il reçut de vastes enseignements et transmissions de Tcheugyal Terdag Lingpa, son frère aîné qu’il vénérait comme son maître racine et qu’il servait comme son intendant. Des nombreux enseignements et des transmissions qu’il reçut, il convient d’inclure : les deux sortes de Nyingthig, Kunzang Gong du (kun bzang dgongs ‘dus) and Ati Zabdeun (ati zab don snying po), Dorsem Thri yig (rdor sems kyi khrid yig ma bu), Longdé Dorjé Zampa (klong sde rdo rje zam pa), Dong troug (dong sprugs kyi gzhung), Threu nag (khros nag) et Tcheu (gcod khrid). Lochen Dharmashri reçut aussi les termas de Terdag Lingpa et de nombreuses autres transmissions kama et terma autant que des instructions essentielles.

Par la suite, Lochen Dharmashri pratiqua et accomplit chacun de ces enseignements aussi vastes que l’océan et passa de nombreuses années en retraite. Il y gagna une perspicacité profonde de la voie des enseignements et il passa beaucoup de temps en retraite, pratiquant les enseignements reçus.

Durant l’année du Lièvre femelle, voyant des obstacles pour la durée de sa vie, il entra en retraite de récitation vajra, (rdor bzlas) et il accomplit le grand samadhi. De ses 48 ans à ses 64 ans, il enseigna de façon extensive durant l’été et l’hiver chaque année.

Dans le but de servir le Dharma et de maintenir ses fondements, il instruisit et entraîna un immense corps monastique dans une excellente discipline, les entraînant personnellement et leur donnant l’ordination pour qu’is deviennent des moines exemplaires.

Suivant la tradition d’éviter que de grands groupes de personnes prennent des vœux indûment, il voulait s’assurer de la sincérité et du niveau de compréhension de chacun en accordant les vœux directement à chaque individu ou à de très petits groupes. Il est dit qu’il accorda le bhikshou (ordination complète) à 447 moines, 1298 getsuls (novices, vœux de shramanera) et un nombre incalculable d’autres vœux à des personnes fortunées.

Il servit le Dharma et son maître racine, Tcheugyal Terdag Lingpa tout au long de sa vie et il devint un grand exemple de « mkhas tshul gsum ldan » : montrant éthique exemplaire et compassion. De ce jour, le Tibet détient la présence de la pure lignée du vinaya introduit au Tibet par le grand Khenchen Bodhisattva par les efforts et la contribution de Lochen Dharmashri.

Durant l’année de l’Oiseau de Feu (1717), il atteignit l’âge de 65 ans quand le grand conflit avec les Mongoles Dzoungars tourna à une guerre sanglante et l’invasion de la région apporta une destruction massive du dharma du bouddha. De nombreux monastères furent rasés à la base.

A cette époque, Tcheugyal Terdag Lingpa qui était passé dans le parinirvana depuis environ deux ans, avait établi un excellent monastère et sangha et Mindrolling était devenu l’un des plus importants centres d’études des Nyingmapas. Mindrolling sombra sous la destruction des envahisseurs et le monastère fut détruit et brûlé. Pendant que les fils et les filles de Tcheugyal Terdag Lingpa étaient encore jeunes, Lochen Dharmashri était le régent et l’administrateur en chef de Mindrolling. Il fut capturé et emprisonné par l’armée Mongole Dzoungar à Lhassa. Avec de nombreux autres maîtres, il fut ensuite exécuté. Avant son exécution, on lui demanda s’il avait un dernier souhait.

Quelques années auparavant, au cours d’une de leur discussion, son frère aîné Tcheugyal Terdag Lingpa avait insisté pour qu’il étudie et pratique l’accomplissement de Tsendeb Phowa (pratique du transfert de conscience). Il avait parfaitement suivi les ordres de son Gourou.

Lochen Dharmashri demanda s’il pouvait être conduit au Lhassa Jokhang (le temple de Lhassa Jokhang fut constuit par le Roi Songtsen Gampo en 642 et, parmi nombre d’importantes reliques et représentations des trois joyaux, il contenait aussi l’objet sans doute le plus vénéré au Tibet, la Statue de Jowo Shakyamouni). Il fut autorisé à offrir ses prosternations à la statue de Jowo avant d’être exécuté. Ses mains furent liées et c’est là qu’il fut saisi par les soldats Mongols Dzoungars. Comme il marchait vers le temple, il commença à réciter le Zangtcheu (bzang spyod smon lam), Prière de la Conduite Excellente. Au moment où il récita la ligne « gueunpo kun gyi doung dou dag tchi’o »*, il plaça sa tête sur le pied de Jowo et réalisa le tsendeb phowa expulsant sa conscience et passant dans le parinirvana.

Depuis ce temps, il est traditionnel à Mindrolling lorsqu’on récite la Prière de l’Excellente Conduite, de faire une pause au point où Lochen Dharmashri passa dans le paranirvana. C’est ainsi que nous pouvons nous rappeler les vastes activités et l’infinie bonté de ce grand maître et, le plus important, suivre le profond chemin qu’il nous a montré.

« Ces lampes du monde qui ne sont pas encore apparues
S’allumeront progressivement, tourne la roue du dharma,
Et démontrent pleinement passant dans le parinirvana, la paix finale.
J’arriverai dans la présence de tous ces protecteurs. »

 

Cette section est comprise dans l’Histoire de la Lignée de Mindrolling dans le but de montrer le contexte et l’histoire politique du Tibet à l’époque du passage de Tcheugyal Terdag Lingpa dans le paranirvana. De plus, Lochen Dharmashri et Péma Gyourmé Gyatso furent tous deux assassinés durant la période de l’invasion des Mongols Dzoungars. Cela permet d’ expliquer aussi la relation particulière qui existait entre les Dalaï Lamas et le Palais du Potala avec la Lignée de Mindrolling et son Monastère.

Invasion des Mongoles Dzoungars

Le grand Cinquième Dalaï Lama Lobsang Gyatso passa dans le paranirvana en 1682.

Dans le but de conserver un gouvernement stable et de terminer la construction du Palais du Potala, le régent Dési Sangyé Gyatso, garda le parinirvana secret pendant plusieurs années. Le Sixième Dalaï Lama Tsangyang Gyatso, né le 1er mars 1683, ne fut pas reconnu comme le sixième Dalaï Lama avant 1688. Ils gardèrent le jeune garçon caché du monde extérieur jusqu’en 1697, lorsqu’après avoir envoyé une délégation à l’empereur de Chine, l’annonce officielle de la mort du Grand Cinquième fut faite et que la découverte du sixième soit officialisée.

En 1701, Lhasang Khan, un roi Mongole et un allié de l’empereur de Chine firent tuer le régent. Cela excéda le Sixième Dalaï Lama qui rendit ses vœux et changea de mode de vie. Bien qu’il ne puisse pas abdiquer il rejeta la vie monastique et choisit de vivre dans une tente à l’extérieur du parc septentrional du Potala.

Les souvenirs historiques mentionnent souvent ses aventures dans les rues de Lhassa. Ses beuveries et ses nombreuses relations amoureuses furent connues de tous mais il fut aussi renommé pour ses poésies et ses compositions exceptionnelles. De nombreux grands maîtres et érudits ont écrit et parlé de lui comme d’un mahasiddha très accompli.

Extrêmement intelligent et un critique très franc du système établi, il se montrait direct et très honnête dans ses opinions. Bien qu’aimé par beaucoup, le franc-parlé du sixième Dalaï Lama ne s’accordaient pas beaucoup avec les principes du gouvernement et suscitèrent de nombreux doutes et un grand tumulte.

Le 28 juin 1706, Lhasang Khan, dans une tentative de prise de pouvoir, tira avantage de l’agitation et destitua Tsangyang Gyatso le Sixième Dalaï Lama. Il installa à sa place un jeune lama de 25 ans, Yeshé Gyatso en tant que sixième Dalaï Lama.

Lhasang Khan proclama que Ngawang Yéshé Gyatso était la vraie réincarnation du Cinquième Dalaï Lama et il emprisonna le vrai Dalaï Lama, Tsangyang Gyatso.

Alors qu’il était escorté hors du pays, Tsangyang Gyatso, le sixième Dalaï Lama, composa son plus fameux poème :

« Blanche grue prête-moi tes ailes,
Je ne volerai pas loin,
Et de Lithang, je reviendrai. »

Dans ce poème, il prédit sa renaissance et, conformément à cette prophétie, le Septième Dalaï Lama, Kelsang Gyatso naquit et fut découvert à Lithang, à l’est du Tibet, en 1708. Peu de temps après la composition de ce poème, Tsangyang Gyatso, le sixième Dalaï Lama, mourut mystérieusement. Certains disent qu’il s’échappa et vécut en secret tandis que d’autres clamaient qu’il avait été tué. Et c’est la raison pour laquelle il n’y a pas sa tombe au Potala.
Après la disparition ou mort du sixième Dalaï Lama,Tsangyang Gyatso, Lhasang Khan et son candidat Dalaï Lama tentèrent de prendre le trône ainsi que le contrôle du gouvernement. Cependant, la désapprobation du peuple grandissait.

Les Mongoles Dzoungars du Turkistan de l’Est, prenant avantage de cette situation lancèrent une invasion, détrônèrent et tuèrent le prétendant au trône, candidat de Lhasang Khan. Au début, le peuple parut approuver grandement, mais rapidement les Mongoles Dzoungars commencèrent à piller et à détruire tous les lieux sacrés, les temples et les monastères. Ils entamèrent une destruction systématique du Dharma et, en particulier de l’école Nyingma du Bouddhisme. Mindrolling qui était l’un des centres les plus éminents situé près de Lhassa, alors forteresse des Dzoungars, devint l’une de leurs cibles principales.

Le Monastère de Mindrolling établi par Tcheugyal Terdag Lingpa en 1676, venait d’achever sa construction et commençait à s’établir pleinement comme principal Monastère Nyingma et centre d’études lorsque l’invasion des Dzoungars se produisit. En 1718, les envahisseurs Dzoungars détruisirent le monastère, le brûlant jusqu’à la base, tuant la plupart des moines de Mindrolling, le détenteur du trône, le régent et plusieurs détenteurs de la lignée. 42 ans après son premier établissement par Tcheugyal Terdag Lingpa, Mindrolling fut totalement détruit.

Pendant cette période, la réincarnation du Sixième Dalaï Lama, Kelsang Gyatso était née. A cause de la situation politique troublée, le Septième Dalaï Lama ne fut pas immédiatement amené à Lhassa. Au lieu de cela, il fut secrètement gardé au Monastère de Koumboum.

L’invasion et la destruction des Mongoles Dzoungar mirent fin au pouvoir de Lhasang Khan et de son candidat remplaçant du Sixième Dalaï Lama. A la suite de quoi, les Dzoungars restèrent au pouvoir, entraînant une destruction massive.
En 1720, l’empereur Kangxi envoya ses troupes pour aider à l’expulsion des Mongoles Dzoungars et Kelsang Gyatso fut conduit à Lhassa et intronisé comme le Septième Dalaï Lama.

Péma Gyourmé Gyatso

Né de Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa et de la grande Dame, Yeunten Dolma, Péma Gyourmé Gyatso fut l’émanation d’Hayagriva, l’aspect courroucé d’Avalokiteshvara.

Lors de sa naissance, son père, Tcheugyal Terdag Lingpa accomplit tous les bains rituels et lui conféra initiations et bénédictions. Péma Gyourmé Gyatso grandit manifestant une grande sagesse et une profonde compréhension de la voie du Bodhisattva.

Ce fut sa grande chance d’avoir son père et son oncle, Lochen Dharmashri comme enseignants et guides depuis son plus jeune âge. Grâce à leurs enseignements et à leurs soins, Péma Gyourmé Gyatso grandit en personnifiant toutes les qualités de mkhas btsun bzang gsum (sagesse, diligence et excellence).

Il est dit qu’il possédait la capacité remarquable de mémoriser et de comprendre tout ce qu’il lisait ou entendait dès la première fois. Il obtint ainsi la grande distinction dans l’apprentissage et la présentation d’une grande et profonde compréhension des philosophies. Grâce à ces capacités, en la présence de l’assemblée de la suprême Sangha, Péma Gyourmé Gyatso obtint le titre de « Grand Erudit ». Il reçut ensuite de nombreux enseignements et transmissions de différents autres maîtres.

Comme il fut le fils aîné du grand Terteun, maître et fondateur de Mindrolling, Tcheugyal Rigdzin Terdag Lingpa, Péma Gyourmé Gyatso fut éduqué pour monter sur le trône de Mindrolling comme le second Trichen (détenteur du trône). Tcheugyal Terdag Lingpa avait proclamé que sa lignée serait familiale et que l’importance serait donnée à la lignée de sang plutôt qu’à la tradition qui reconnaît une réincarnation.

Cependant, dès son plus jeune âge, Péma Gyourmé Gyatso fut attiré vers la voie monastique. Allant contre les souhaits de son père, il prit les vœux de moine et reçut l’ordination, rasant sa tête et vivant comme un moine. (Les membres de Mindrolling et, en particulier, les héritiers au trône, n’étaient pas autorisés à se couper les cheveux qui représentaient la marque du détenteur des vœux du tantra suprême.)

Dans les prophéties de Padmasambhava, il y a un vers qui dit : »Si Péma Gyourmé Gyatso manifeste ses activités comme un grand Ngagpa (yogi du mantrayana), le pays du Tibet sera libre des invasions et de la guerre. »

Toutefois, comme il semble l’être souvent, les influences des temps dégénérés furent trop fortes. Péma Gyourmé Gyatso ne choisit pas immédiatement de renoncer à ses vœux de moine et garda ses vœux comme un parfait monastique. Les souvenirs historiques disent : » Il conserva les vœux externes du pratimoksa, internes de bodhisattva et secret du Vidyadhara Mantrayana (détenteur de l’éveil du mantrayana) dans le courant de son esprit, dans la perfection et l’excellence. »

L’un des aspects remarquable de sa vie depuis son jeune âge fut la manifestation de la dynamique inobstruée du rigpa (rig pa’i rtsal). Il reçut, étudia et enseigna une vaste quantité d’enseignements et de transmissions. Pratiquant de façon intensive en retraite, il travailla aussi sur les commentaires et les travaux de compilations de nombreux et rares transmissions et enseignements profonds.

L’affermissement des forces des temps dégénérés conduisit toutefois Péma Gyourmé Gyatso à ne pas pouvoir accomplir les trois ordres de son père et maître, Tcheugyal Terdag Lingpa. Il est dit que :

Il prit l’ordination, choisissant de devenir moine au lieu de perpétuer la descendance de la lignée.

Il rasa son crâne et Terdag Ligpa avait ordonné que tout détenteur de la lignée de Mindrolling garde la longueur de sa chevelure comme signe d’appartenance aux pratiquants du Mantrayana. La coutume était aussi de croire que couper leurs cheveux raccourcirait leur vie.

Il ne put non plus accomplir en retraite, pour une raison ou une autre, une pratique particulière que son père souhaitait qu’il fasse.

Nos maîtres nous on expliqué que les raisons pour lesquelles il n’accomplit pas ces ordres, ne signifie pas que Péma Gyourmé Gyatso n’en était pas capable mais qu’en raison de nombreuses causes et conditions une telle situation se produisit. La principale parmi ces raisons fut le karma des êtres sensibles en général et des Tibétains en particulier. Le manque de mérite comme karma collectif fit le jeu d’évènements aussi infortunés. Cependant, apparemment, pour n’avoir pas pu suivre les ordres de son maître, Péma Gyourmé Gyatso rencontra un obstacle fatal pour sa vie et ses activités.

Une fois le parinirvana de Tcheugyal Terdag Lingpa accompli, Péma Gyourmé Gyatso fut intronisé Mindrolling Trichen et guidé par son oncle, Lochen Darmashri, il commença à prendre les responsabilités d’administrer et de diriger Mindrolling qui a, de ce fait, gagné la prééminence en tant que monastère et centre d’étude du Tibet.

La proche relation entre Tcheugyal Terdag Lingpa et le Grand Cinquième Dalaï Lama pendant le temps où Mindrolling se trouvait près de la capitale du Tibet, Lhassa, fit que, obligatoirement, pour les membres de Mindrolling, cela engendra des responsabilités et des liens. Cela exigea des voyages fréquents et des obligations avec le Palais du Potala.

En 1718, l’année du Chien de Terre, l’invasion et les destructions engendrées par des Mongoles Dzoungars se produisirent. Alors que la guerre, la violence et la destruction commençaient, Lochen Dharmashri et Péma Gyourmé Gyatso furent convoqués à Lhassa. Malgré de nombreuses tentatives, les forces Dzoungares ne purent être stoppées et les troupes d’attaque commandées par le général Tha’i Ji’i capturèrent Lochen Dharmashri et Péma Gyourmé Gyatso ainsi que nombre d’autres maîtres seniors et des officiels.

Après que Lochen Dharmashri eut quitté son corps, les Mongoles Dzoungar exécutèrent Péma Gyourmé Gyatso en le décapitant. Conformément aux anecdotes qui se perpétuent à travers l’histoire il est dit que les soldats n’arrivèrent pas à le décapiter même après plusieurs tentatives et qu’ils lui demandèrent finalement pourquoi leurs épées ne pouvaient couper sa tête. Péma Gyourmé Gyatso leur expliqua qu’il avait purifié tous les obscurcissements des trois portes et qu’ainsi, son corps physique ne pouvait être blessé.

Toutefois, il lui restait un obscurcissement à purifier. En effet, n’ayant pu accomplir les trois ordres principaux de son maître durant sa vie, il avait mésestimé l’importance de poursuivre la continuité de la lignée, causant ainsi des conséquences d’une grande portée.

Les soldats qui étaient à ce moment là désespérément chargés d’obéir aux ordres, lui demandèrent s’il y avait quelque chose à faire pour qu’ils puissent lui couper la tête. Péma Gyourmé Gyatso, d’un cœur compassionné, répondit qu’ils devaient couvrir sa tête d’objets impurs chargés de drib et ainsi trancher son cou avec une épée et qu’à cause de cet obscurcissement, ils parviendraient à leur fin. C’est ce qu’ils firent et sa tête tomba à terre. A ce moment précis, la tête de la statue d’Hayagriva de Samyé (bénie et consacrée par Padmasambhava) tomba également à terre. Depuis ce jour, bien que réparée et recollée, une marque est encore visible sur le cou de la statue.

Péma Gyourmé Gyatso avait alors 33 ans.

 

Jetsun Mingyour Paldreun – Première partie : Naissance et Jeunesse

L’une des figures les plus importantes de la lignée de Mindrolling après Tcheugyal Terdag Lingpa et Lotchen Dharmashri est probablement la fille de Tcheugyal Terdag Lingpa, Jetsun Mingyour Paldreun.

Sa contribution à établir et propager le Dharma au Tibet et dans bien d’autres contrées est regardée avec une profonde gratitude par de nombreux maîtres et étudiants du bouddhisme tibétain.

C’est pour cette raison qu’un grand nombre de documents concernant sa vie et ses activités sont disponibles. Elle fut une figure centrale dans la propagation, la continuité et le développement de la lignée et des enseignements de Tcheugyal Terdag Lingpa.

Bien des termas, enseignements et traités de Terdag Lingpa et du grand siège monastique de Mindrolling n’auraient pas pu perdurer sans le courage, le dévouement exceptionnel et le dur labeur de Jetsun Mingyour Paldreun.

Il fut ainsi prophétisé dans le thal ‘gyour rtsa ba’i rgyud :  » Celle qui apportera d’immenses bienfaits aux êtres dans les dix directions, détiendra et maintiendra la pure continuité des termas, en particulier celle des profondes instructions de « bde gshegs kun ‘du de sha’ug » (principal terma de Tcheugyal Terdag Lingpa : thugs rje tchenpo bde gshegs kun ‘dus) et sera la Souveraine des instructions profondes de l’essence du cœur du grand secret, celle qui est le Dharmakaya Samantabhadri, Arya Tara au Potala, Yéshé Tsogyal en le Palri Padma et qui, durant d’innombrables incarnations successives, fut Matchig Labdreun, Nangsa Euboum etc… naîtra dans un lieu au sud de Samyé. Le nom de ce lieu commencera par Dra. Elle naîtra d’un grand maître, lui-même émanation du grand Vairocana. Son nom sera composé du mot Dreun. »

C’est ainsi que Jetsun Mingyour Paldreun, regardée dans l’histoire du bouddhisme tibétain comme l’un des maîtres les plus extraordinaire et réalisé, naquit de Tcheugyal Terdag Lingpa et de Youm Phuntsog Paldzom, comme directe descendante de la dynastie des Tcheugyal et de la famille de Doumpowa.
Elle naquit dans la vallée de Drachi, le 25ème jour du dizième mois lunaire de l’année femelle du Lièvre de terre.

Youm Phuntsog Paldzom, elle-même émanation de Vajrayogini, donna naissance à Jetsun Mingyour Paldreun dans sa chambre personnelle, Tashi Nangwa à Tcheukhor Lhunpo, (Ladrang ou résidence à Ogmin Ogyen Mindrolling), au sein de nombreux et merveilleux signes. Elle fut la quatrième enfant d’une fratrie de sept (trois fils et quatre filles), tous nés de Terdag Lingpa et Sangyoum Phuntsog Paldzom.

A propos de sa naissance, Tcheugyal Terdag Lingpa dit qu’elle serait une personne extraordinaire qui apporterait de grands bienfaits à la lignée.
En conséquence, il demanda à chacun de veiller sur elle, de maintenir une hygiène de vie stricte et de la servir avec grand dévouement.

Dès sa naissance, il célébra lui-même le rituel du bain tel que le Dragmar (Gourou Dragpo rouge), abhishéka du corps, de la parole et de l’esprit ainsi que l’abhishéka de longue vie (‘tchi mé yang snying kun ‘dus).

Il est évident que Jetsun Mingyour Paldreun fut différente des autres enfants de son âge. Depuis son plus jeune âge, elle fut une enfant mature, toujours humble, attentionnée et considérée des autres.

Quand elle ne fut encore qu’un bébé, sans aucune leçon, elle su reconnaître et parler des grands maîtres comme Padmasambhava, l’omniscient Longchenpa, Sangdag Thrinlé Lhundroub et d’autres encore avec beaucoup de détails.

A cinq ans, elle choisit plusieurs métrages de tissus verts et demanda à son intendant (Zimpeun) Gyourmé Tcheudreun d’en faire des sacs en lui disant « ceux-ci feront de robustes sacs pour la nourriture quand nous partirons en exil ».
A ce moment là, la plupart des gens de son entourage ne comprirent pas ces propos et ne la prirent pas au sérieux.

A douze ans, elle fit faire une immense statue de son père et Lama racine Tcheugyal Terdag Lingpa, sous la forme de Vajradhara et l’installa dans la résidence principale du Theukhor Lhunpo Ladrang.

Plus tard, elle offrit ses cheveux à Tcheugyal Terdag Lingpa qui pratiqua le gtsoug phud (cérémonie de la première coupe de cheveux symbolisant le renoncement).
Il lui donna le nom de Mingyour Palgyi Dreunma.

Depuis son plus jeune âge, Jetsun Mingyour Paldreun reçut de Tcheugyal Terdag Lingpa et de Lochen Dharmashri de nombreux enseignements, initiations, transmissions orales et instructions essentielles. Il est dit que son apprentissage et sa compréhension des précieux enseignements des soutras et des tantras furent comme le flot incessant du fleuve du Gange.

Elle reçut en particulier les transmissions extensives et détaillées de tous les termas de Tcheugyal Terdag Lingpa, lesquels elle pratiqua et réalisa tous.

A douze ans, elle reçut le mandala de longue vie d’Amitayus au sein de nombreux signes merveilleux. Le vase rempli d’eau vint à ébullition et déborda spontanément lorsqu’il lui fut conféré, ce qui amena Tcheugyal Terdag lingpa à proclamer : « Ma fille, j’ai grand espoir en toi. Par la force d’un auspicieux présage, tu deviendras la détentrice de l’essence des vastes enseignements. A présent approche rapidement et viens boire l’eau du vase ». Alors que Jetsun Mingyour Paldreun buvait l’eau du vase, son maître lut l’initiation de longue vie de Thangthong Gyalpo et dit : « Maître et disciple sont à présent indissociables ».

Puis, à l’âge de treize ans, le troisième mois de l’année du lièvre de fer (1711), après avoir accompli une retraite, elle reçut le cycle de transmissions de l’Ati Zabdeun Nyingpo dans son intégralité, aux pieds de son maître et père.
Ainsi, elle les pratiqua et parvint à la certitude, à la réalisation et aux expériences.

Au moment de pratiquer Theugal, Tcheugyal Terdag Lingpa lui dit en particulier : « Ma fille, ta compréhension et ta réalisation sont aussi grandes qu’il l’a été prophétisé. Maintenant, pars plusieurs mois en retraite et pratique avec ferveur. Après cela, tu devras pratiquer la suprême sadhana de Vajrasattva et le profond chemin de la complète assemblée des Sougatas (‘dus pa mdo) ».

En 1712, l’année du dragon d’eau, elle reçut et pratiqua toutes les pratiques externe, interne et secrète des enseignements des termas de Tcheugyal Terdag Lingpa. La même année Terdag Lingpa lui conféra ce qu’il avait promis précédemment : « le profond chemin de la complète Assemblée des Sougatas ».
Il lui conféra également à la fois l’initiation élaborée et la suprême initiation non-élaborée.

Il est dit qu’en une occasion particulière, Tcheugyal Terdag Lingpa fit une remarque à Lochen Dharmashri : « Cette enfant n’a pas besoin d’étudier les sciences de façon trop extensive, mais la quintessence des instructions doit lui être donnée. Elle devra les étudier et les pratiquer continuellement. Toi et Khen Rinpoché devront faire en sorte qu’elle étudie et intègre l’essence des instructions de l’essence des tantras. D’ici peu de temps, son activité pour les êtres, vaste comme l’espace, surpassera celle de son père. Elle conduira de nombreux êtres en la terre de félicité ».

En l’année femelle du serpent d’eau, lorsque Jetsun Mingyour Paldreun eut quinze ans, Tcheugyal Terdag Lingpa conféra à son frère aîné, Péma Gyourmé Gyatso, l’initiation, les transmissions orales et la commande secrète de la section des Dakinis issue des manuscrits jaunes du Terma Shawouk. Immédiatement après cela, Gyalsé Rinpoché conféra l’initiation et la transmission orale à sa sœur, Jetsun Mingyour Paldreun.

Ce qui suit concerne seulement quelques-uns des enseignements et des transmissions que Jetsun Mingyour Paldreun reçut et réalisa. L’initiation et la transmission orale de tous les termas de son révéré père commence avec Dregpa ‘joms byed (Yamantaka, vainqueur des dregpas), ainsi que les transmissions orales des treize suprêmes volumes de la collection de Terdag Lingpa. Elle reçut aussi l’initiation et les transmissions orales du suprême terma de Nyang Ral Nyima Euzer, Kagyed Désheg Dupa (bka’ brgyad bdé gshegs ‘dus pa), le Yangsang Poudri Vajrakilaya de Gourou Tcheuwang (yang gsang spou gri), les préceptes transmis des huit commandes, le chemin étroit de la forteresse, Hayagriva du siddha brandissant l’arc et l’excellent vase qui accomplit tous les souhaits.
Elle reçut en plus, les initiations et transmissions orales de la plupart des termas de Droubthob Ngeudroub, les douze Lingpas et les trois immaculés, le plus proche et ancien Jangter (trésors septentrionaux), le Soutra du sens condensé, le jeu magique des déités paisibles et courroucées (sgyou ‘phrul zhi khro) et le secouement des profondeurs des enfers (‘narak dong sprugs).
Les autres initiations et transmissions qu’elle reçut incluent l’initiation extensive de Matchik Labdreun du Cycle de Tcheu Yul (tcheud yul), le Cycle des Visions Scellées de l’Omniscient Vème Dalaï Lama et le Cycle de Lhatsun Namkha Jigmé : « l’accomplissement de la force vitale du Vidhyadhara ».
Jetsun Mingyour Paldreun reçut également les initiations, instructions et transmissions orales de la section du Semdé et du Longdé.
Les enseignements et les transmissions qu’elle reçut sur la section des instructions orales spécifiques sont trop vastes pour être énumérées ici.

Elle obtint aussi le dharma spécifique de Padmakara : les initiations du Khandro Nyingthig et du Khandro Yangthig, les instructions de la parole et celle de la force vitale des protecteurs. Elle reçut ces enseignements du Nyingthig dans leur intégralité, incluant les instructions essentielles et la transmission orale de l’initiation de l’essence du cœur du glorieux secret mère et fils, ainsi que les instructions essentielles, la commande de la parole et les initiations pour ses protecteurs Ekadzati, Rahoula et Vajrasadhou. Ainsi, avec la transmission de ces enseignements du Nyingthig (essence du cœur du plus profond et inégalé Cycle), Jetsun Mingyour Paldreun devint la détentrice de l’intégralité du profond Dharma.

Tcheugyal Terdag Lingpa dit à sa fille : « Tu dois méditer sincèrement sur les trois sections du Dzogpa Tchenpo. Dans le futur tu devras l’enseigner aux autres. J’ai grand espoir en toi ! « 

Par ces mots, il l’intronisa comme détentrice de la lignée, avec les robes spécifiques et la coiffe Padma kha ‘bu sgronda, il lui donna le nom de « Drodul Dorjé Nyingpo » (l’Essence Vajra, celle qui discipline les êtres) et lui donna une image de lui-même comme support de méditation, dûment consacrée et scellée avec le zoung.

Plus tard, ses paroles prouvèrent qu’il avait raison lorsque Jetsun Mingyour Paldreun eut de nombreux disciples dans le U, le Tsang, à Ngari, Lho, Mön, Kongpo, le haut, le bas et le Kham central, ainsi qu’au Sikkim et bien d’autres régions.

Après que son révéré Père et Gourou eut parlé et aussi longtemps qu’il resta en vie et même après que la manifestation de sa forme fut dissoute en le royaume de la paix, elle demeura en retraite afin d’accomplir tout ce qu’elle avait reçu jusqu’à ce qu’elle soit forcée à l’exil en raison de l’invasion Mongole.

En l’année du Cheval de Bois (1714), lorsqu’elle eut seize ans, le deuxième jour du deuxième mois : le suprême Gourou racine, son père, Tcheugyal Terdag Lingpa transféra sa conscience de sagesse primordiale en le pur royaume au sein de nombreux et merveilleux signes. Le soir même, à la tombée de la nuit, dans la noirceur du ciel, devant elle, alors que son esprit était envahi d’une tristesse sans limite, son révéré père lui apparut au milieu d’un arc-en-ciel de lumière et lui fit plusieurs prophéties pour le futur.

Du grand Lochen Dharmashri, Jetsun Mingyour Paldreun reçut son ordination de nonne et à l’âge de dix-sept ans, l’intégralité du « Zab lam bde kun ‘dus kyi ‘khrul ‘khor sku lus kyi ‘gyour dang sgo gnad rtsa thig rlung gsoum gyi man ngag ».

A propos de la réalisation, Lochen Dharmashri dit : « la Lignée du Dargyé Tcheuling ne sera pas portée par les Fils tant désirés mais contre toute attente c’est la Fille qui la détiendra. N’oubliez pas cela et prenez soin d’elle. »

Lochen Dharmashri conféra de nombreuses autres initiations et enseignements à Jetsun Mingyour Paldreun, ceci incluant de façon complète la totalité des initiations, instructions et transmissions orales des termas de leur révéré père, ainsi que les transmissions orales du cycle complet des explications de celles-ci composé par Lochen Dharmashri lui-même. Elle obtint les initiations, les instructions et transmissions orales de l’intégralité du Tcheu Yul de Matchig Labdreun et les enseignements du  » Mahamoudra – le ga’o amulette » (phyag tchen ga ‘ou ma).

Lochen Dharmashri lui donna également les instructions essentielles du « Secouement des Profondeurs des enfers » (narak dongs sprug), les instructions essentielles et les initiations pour la pratique de l’essence des trois kayas de Tchenrézi, l’initiation bénédiction de la tradition Palmo ainsi que la transmission orale et l’intégralité des initiations de l’Excellent Vase qui exhausse les souhaits, le Soutra de la Suprême Assemblée des Sougatas, le Nyangter Kagyed et beaucoup d’autres.

De son frère aîné, Gyalsé Padma Gyourmé Gyatso, elle reçut les initiations et la transmission orale des trois termas : l’initiation de l’Ati du « Jeu de la Sagesse », Vajrapani et Yamantaka. Elle reçut également l’initiation et la transmission orale du Kalachakra, Chakrasamvara, Hévajra, Gouhyasamadza, la Guirlande Vajra et le Youthog Nyingthig.

De son frère aîné, Rinchen Namgyal, elle reçut les initiations et les transmissions de la version extensive et moyenne des huit sections et des six Sections des accomplissements de l’esprit Jangter, les Termas de Dorjé Lingpa, les Révélations Combinées, le Kilaya Rasoir et beaucoup d’autres.

Egalement de nombreux autres enseignants, comme Hérouka Jigmé Dorjé, Kathok Rigdzin, Shabdrung Gyourmé Chenphen Wangpo, Shenyen Ogyen Rabten, Soteun Thoutob Namgyal, Duldzin Kunga Lodreu et le Seigneur de Gongkar Tchedé Seunam Lodreu Gyaltsen, elle reçut beaucoup d’instructions spécifiques à la fois des Sections de l’Esprit et de l’Espace du Dzogpa Tchenpo, le Tcheu Yul de Matchig Labdreun, de nombreux préceptes du Dharma sur Shindjé, les initiations bénédictions de Aghora et Tchadroupa, de la Noire Threuma Jangter, de Naro Khatcheuma, les instructions spécifiques de la Lignée du Nyida Sangyé, Jagtsougma Phowa etc…

Celles-ci sont peu nombreuses en comparaison avec toutes les instructions orales spécifiques que Jetsun Mingyour Paldreun reçut des enseignements Kama et Termas. Elles ne sont pas listées ici de façon détaillées car elles sont contenues dans sa longue biographie au chapitre de la liste des dharmas obtenus.

Ce qui est remarquable, c’est que, gardant à l’esprit la prédiction de son Lama racine, Tcheugyal Terdag Lingpa, Jetsun Mingyour Paldreun mémorisa la totalité du commentaire du tantra de Gouhayagarbha, l’ornement de l’esprit du Seigneur des secrets. Ceci est l’exemple de son immense dévouement envers le précieux dharma, à sa lignée et aux bienfaits de tous les êtres.

 

Jetsun Mingyour Paldreun – Deuxième partie : L’invasion Mongole du Dzoungar et le départ du Tibet.

Après le paranirvana de son père et Lama racine, Tcheugyal Terdag Lingpa, Jetsun Mingyour Paldreun demeura principalement en retraite. Cependant en 1718, comme il le fut prédit par Gourou Padmasambhava, les Mongoles Dzoungar envahirent le pays et de fait, cela mit fin à sa retraite. Cette invasion engendra de nombreuses pertes pour le Tibet et en particulier au détriment de la précieuse doctrine du dharma. Des monastères furent détruits et un grand nombre de pratiquants du dharma perdirent la vie.

En accord avec les sources fournies de l’époque, une grande partie de l’armée aux ordres du Général Mongol Ju Ring Thu Hong Tha’i Ji, envahit les flancs du Tibet.
Le nom de la doctrine du suprême Mantrayana secret fut annihilé, les temples détruits, de nombreux monastères rasés à la base et les pratiquants dispersés, s’enfuyant en toutes directions afin de préserver leurs vies.

Le grand Pays des Neiges encerclé de montagnes était considéré comme le champ pur de Padmasambhava (‘rnga yab pad ma ‘od), ayant été béni depuis longtemps par de grands maîtres comme Padmasambhava, de grands Panditas, des rois du dharma, des traducteurs, des Mahasiddhas et des érudits tels que l’Omniscient Terdag Lingpa. Mais à cette époque, ce sont les ténèbres qui envahirent de part et d’autres le pays des Neiges qui était devenu semblable à un crépuscule sans lampe.

Un an après le début de l’invasion Mongole, en l’année du Chien de Terre (1718), Lochen Dharmashri et Péma Gyourmé Gyatso, respectivement l’oncle et le frère aîné de Jetsun Mingyour Paldreun furent appelés à Lhassa et détenus en captivité. Peu de temps après, l’armée d’invasion commença à pénétrer dans les monastères du Tibet central, incluant Mindrolling et Dorjé Drak, mettant le feu aux temples, détruisant tout sur son passage, emprisonnant et tuant des moines, des nonnes et tous les pratiquants.

Le grand monastère de Mindrolling, établi par Ogyen Terdag Lingpa fut complètement détruit par les forces d’invasion Dzoungars seulement cinq ans après son achèvement. (Voir le chapitre précédent concernant l’invasion des Dzoungars).

Inquiets pour le seul membre restant de la lignée, les moines les plus âgés et les serviteurs qui purent éviter la capture, demandèrent à Jetsun Mingyour Paldreun de partir immédiatement. S’enquérant des nouvelles de son frère, Drinchen Rinchen Namgyal, de sa mère, Youm Phuntsog Paldzom et de ses sœurs, elle fut informée qu’ils avaient tous fui assistés de leurs serviteurs. Cependant, il n’y eut aucune nouvelles concernant le succès ou non de leur évasion.

Elle se rendit au Temple privé de la Résidence et pria. Elle prit une petite statue ayant appartenue à son révéré père, Terdag Lingpa et la rangea soigneusement dans son sac, puis se prépara à quitter Mindrolling.
Le même soir, elle prit l’apparence d’une personne laïque, vêtue d’une simple robe de laine et d’une étole, coiffée de sa chevelure qui avait repoussé durant sa retraite, accompagnée de quelques serviteurs sûrs comme Gyourmé Tcheudreun, de sa cuisinière Gyourmé Yangdzom, de Guélong Tashi Wangtchouk et de Guendun Tsamphel, elle s’échappa par une porte secrète en direction de la montagne qui se trouvait derrière la statue.

De son vivant, Terdag Lingpa avait dit à sa fille Jetsun Mingyour Paldreun de construire une petite porte de derrière conduisant à l’extérieur de ses appartements, dans la direction des montagnes qui se trouvaient derrière Mindrolling. A cette époque, les portes de derrière n’étaient pas courantes au Tibet, mais Jetsun Mingyour Paldreun suivit le conseil de son père et fit construire cette porte selon son souhait. Lorsqu’elle questionna Terdag Lingpa à ce sujet, il lui répondit qu’un jour, ce serait d’une grande utilité pour elle.

Alors que Jetsun Mingyour Paldreun s’évadait, l’armée Dzoungar rasait le Monastère, le Temple principal, le Tcheukhor Lhunpo (la résidence principale), le grand Stoupa et tous les quartiers des moines. Seul le Sang Ngag Phodrang (l’un des principaux Temples) fut épargné.

La puissante armée amena un tel chaos laissant Drachi complètement dévastée, aujourd’hui encore les traces de la destruction sont toujours visibles autour de Drachi.

C’est à ce moment là que Sangyoum Phuntsog Paldzom et Sémo Paldzin, la mère et la sœur respectives de Jetsun Mingyour Paldreun furent capturées par l’armée Mongole. Alors qu’elles étaient torturées et interrogées par les Mongoles, Sangyoum Phuntsog Paldzom ne put se contenir et laissa échapper tout haut : « J’ai une fille, la grande Dame Mingyour Paldreun, semblable au grand dragon, elle vous montrera que vos viles actions ne sont pas justes. »

Le Général, réalisant que Jetsun Mingyour Paldreun était encore en vie envoya des troupes à sa recherche. Les premiers rapports disent que « dans toute la vallée, dans chaque sentier, chaque recoin du pays, les cris des mongols résonnaient.

Afin de s’assurer que l’armée comprit l’importance de la capture de Jetsun Mingyour Paldreun, le Général posa un décret : « Si la fille de Terdag Lingpa n’est pas capturée et amenée ici, vos têtes tomberont. Jour et nuit, elle doit être recherchée et amenée ici ».

En s’échappant de Mindrolling, Jetsun Mingyour Paldreun et ses proches avaient atteint la résidence de Dépa Wangdu à Tsamyul.
Cependant, alors qu’ils venaient d’arriver, les troupes qui les recherchaient arrivèrent aussi à la résidence. Les accueillants intelligemment avec des offrandes de bière, Dépa Wangdu offrit à Jetsun Mingyour Paldreun et à ses serviteurs le temps de s’échapper rapidement en descendant par une petite fenêtre de la maison à l’aide d’une corde.

Ils se cachèrent dans un endroit étroit derrière un amas de grands rochers, à l’entrée d’une grande vallée, alors que les cavaliers qui les recherchaient ardemment piétinaient au dessus de leurs têtes.
Ils restèrent cachés ainsi pendant deux jours entiers. Dans l’une des ses biographie, Jetsun Mingyour Paldreun fit le récit de ces tristes jours et écrivit : « Mon cœur fut empli de terreur. Je pensais que nous serions capturés mais grâce à la bénédiction des trois Joyaux en général et de celle du Glorieux Gourou d’Ogyen en particulier, nous fûmes sauvés ».
Les Mongols, incapables de la trouver, partirent à sa recherche ailleurs et Jetsun Mingyour Paldreun et son entourage purent enfin s’échapper en direction de Mendji (sman brjid).

Son proche entourage et les moines les plus anciens de Mendji tels Dreun Ngor pawo, Boum Rabjampa, Ogyen Kelzang etc… se consultèrent et dirent : « La quintessence de Terdag Lingpa est en cette enfant, nous devons nous assurer de sa survie, ensemble servons-la afin que le corps monastique de la Lignée se rassemble à nouveau et soit rétabli. Ils décidèrent de se séparer et de partir dans plusieurs directions afin que dans l’éventualité d’une capture, au moins quelqu’un pourrait survivre et servir la Lignée.

Guélong Ogyen Rabten prit la responsabilité de guider lui-même Jetsun Mingyour Paldreun et son entourage dans un endroit sûr et décida de les conduire au Sikkim par la route qui mène à Phagri.

Ayant juste achevé une stricte retraite et étant accoutumée à voyager à dos de cheval plutôt qu’à pied, le long et laborieux voyage qui dura des jours et des nuits, sans répit aucun, fit des victimes et Jetsun Mingyour Paldreun tomba malade.
La chaleur et l’épuisement affectèrent aussi son entourage et lorsqu’ils parvinrent à Phagri, ils furent obligé de s’arrêter pour se reposer.

Guendun Tsamphel qui s’était s’aventuré au marché de la petite ville, dut s’en retourner précipitamment après que deux cavaliers arrivés au marché déclarèrent que : « La fille de Terdag lingpa devait être trouvée et capturée immédiatement, que les gens de Phagri ne devaient pas la laisser s’échapper et qu’ils devaient en informer les officiels de l’armée s’ils la voyaient ».

Entendant cela, malgré sa fatigue et sa maladie, il partit immédiatement en empruntant le chemin le plus étroit et le plus escarpé du Sikkim.

Guélong Tashi Wangtchuk et Guendun Tsamphel ayant voyagé précédemment au Sikkim, furent chanceux et habiles à trouver le chemin.
Alors que le petit groupe de voyageurs atteignit à la frontière du Sikkim, un homme apporta des nouvelles de Lhassa.

C’est ainsi que Jetsun Mingyour Paldreun apprit le meurtre de son oncle, le grand Lochen Dharmashri et celui de son frère aîné Péma Gyourmé Gyatso (voir…) de son autre frère aîné Chabdroung Yichin Legdroub, de son oncle Ahkou Tchagdzeu et de tous les plus anciens Lopeuns et les Oumdzés qui, restés à Mindrolling avaient été tous tués. Le message contenait aussi un avertissement l’avisant à être prudente.

Frappée d’une peine immense et les larmes aux yeux, Jetsun Mingyour Paldreun se tourna en direction de Lhassa et supplia le Gourou les mains jointes.
Ainsi, invoquant le Lama de loin, elle vit les formes de Gourou Rinpoché, de Yéshé Tsogyal et de Terdag Lingpa apparaissant dans le ciel sur le rayon d’un arc-en-ciel. Ils la bénirent et soulagèrent sa peine en lui donnant de claires instructions pour le futur.

Peu de temps après, le groupe arriva sain et sauf à destination et se refugia temporairement au Sikkim.

Plus tard, le Roi du Sikkim et Dzogchen Thragthoung Pawo Jigmé Dordjé, ayant appris l’arrivée de la Suprême Dakini Jetsun Mingyour Paldreun, organisèrent une grande cérémonie de bienvenue avec une procession en or et la conduirent sur un trône d’or.

Le jour suivant, Jetsun Mingyour Paldreun une fois encore se rasa la tête et reprit ses habits de nonnes.

Plus tard, le roi fit une proclamation sans précédent, ce qu’il n’avait encore jamais fait pour aucun autre Lama, (sans la permission du roi ou d’un grand Dzogchenpa, les gens n’avaient pas le droit de recevoir d’enseignements, ceci afin de tenter de réduire le nombre d’imposteurs auprès du peuple non averti), le roi proclama : « Peuple du Sikkim, laïc ou clergé, sachez combien vous êtes fortunés, la fille du Lama Racine, celui qui discipline les êtres, Terdag Lingpa, est elle-même l’émanation incontestable de Yéshé Tsogyal, Jetsun Mingyour Paldreun, ici présente a béni le royaume du Sikkim. Vous tous, fortunés qui espériez demander les initiations et les transmissions du Dharma etc… vous pouvez maintenant y accéder sans obstacles ni restrictions ».

Ainsi, quatre mille pratiquants se rassemblèrent durant plusieurs mois alors que Jetsun Mingyour Paldreun accordait de nombreuses initiations et enseignements.

A Dzogchen Thragthoung Pawo Jigmé Dordjé, au Roi, à quelques intimes et étudiants fortunés, elle conféra l’intégralité des nombreux Termas de Terdag Lingpa et en particulier les initiations et les commentaires de l’Ati, son propre cycle d’enseignements (donné ici pour la première fois), ainsi que de nombreux autres anciens et nouveaux termas, enseignements et initiations.

Il est dit que durant cette période, des signes merveilleux se manifestèrent en abondance comme un arc-en-ciel qui demeura au dessus du mandala et de la Grande Jetsunma. C’est ainsi qu’elle devint le lama racine du Roi du Sikkim et qu’elle hissa la bannière de victoire des enseignements du Dzogchen dans tout le pays.

En retour, le Grand Dzogchenpa conféra à Jetsun Mingyour Paldreun les initiations et les transmissions du Keuntchog Kyidu (dkon mchog spyi ‘dus) et du Rigdzin Sogdroub (rig ‘dzin srog sgrub). C’est pour cette raison qu’une profonde connexion existe toujours entre les pratiquants du Dharma Sikkimais et la Lignée Mindrolling. Le monastère et de nombreux autres endroits au Sikkim où Jetsun Mingyour Paldreun a transmis l’enseignement sont encore visibles de nos jours et détiennent toujours sa transmission et sa Lignée.

Ce fut durant la période des grandes activités de Jetsun Mingyour Paldreun que sa mère et ses sœurs, Sémo Paldzin et Sémo Buga Kyidzom s’échappèrent du Tibet pour rejoindre Jetsun Mingyour Paldreun au Sikkim.
Les retrouvailles furent incroyablement heureuses pour la mère, la fille et les sœurs.

Cependant, bientôt la nouvelle de l’évasion de Jetsun Mingyour Paldreun au Sikkim arriva à Lhassa et aux oreilles de Lord Tséring Deundroub, lequel était le commandant des troupes Mongoles en faction. Il envoya aussitôt ses meilleurs soldats au Sikkim, accompagnés d’un guide, afin de capturer Jetsun Mingyour Paldreun et de la ramener à Lhassa.

Se rappelant les instructions qu’elle avait reçues de Terdag Lingpa, Jetsun Mingyour Paldreun et le grand maître Dzogchenpa firent la pratique courroucée qui subjugue les forces malfaisantes. Après quelques jours de ces pratiques, un grand trouble surgit au sein de l’armée Mongole, entraînant un immense conflit interne.

A Lhassa, l’armée Mongole Dzoungar n’était pas dans un meilleur état. Sa puissance s’était grandement affaiblie à cause des conflits internes et de bien d’autres obstacles. En conséquence, plusieurs de leurs généraux furent obligés de s’enfuir. Ce ne fut qu’une question de temps avant que l’armée soit définitivement vaincue et que l’occupation des Mongoles Dzoungars au Tibet touche à sa fin.

Ayant appris la défaite des Dzoungars, Jetsun Mingyour Paldreun et ses proches se préparèrent à rentrer au Tibet. Il est dit que l’une de ses sœurs parmi les survivantes resta au Sikkim et épousa le Tcheugyal, le roi du Sikkim. Ayant appris la nouvelle de son départ, c’est avec le cœur lourd que le Roi, ses fils et filles de cœur rassemblés par milliers, formèrent un cortège infini.

Ils accompagnèrent Jetsun Mingyour Paldreun à la frontière et restèrent debout la regardant s’éloigner et rentrer au Tibet.

Le groupe voyagea au Tibet, traversa Phagri et Kharola, franchissant le col du ba bcos. Ils firent un arrêt dans la région de l’oncle maternel de Jetsun Mingyour Paldreun, Doumpowa, lequel fut rempli d’une joie immense en la revoyant à nouveau.

Durant son séjour, Jetsun Mingyour Paldreun conféra l’initiation de Gourou Dragpo rouge et celle de la longue vie à son oncle, ainsi qu’à tous les membres survivants de la famille, aux serviteurs et à tous les fortunés qui se trouvaient là.

Dans les récits, il est rapporté que durant de ses allocutions publiques, elle dit : « J’ai l’impression de revenir du bardo ».

Peu de temps après avoir conféré les initiations, Jetsun Mingyour Paldreun arriva à Dargyé Tcheuling au Tibet central.
Elle donna un grand nombre d’initiations, d’enseignements et d’audiences publiques et, tel le Joyau qui accomplit tous les souhaits, elle réalisa complètement les souhaits de tous ceux qui l’approchaient.

Le lendemain de son arrivée à Dargyé tcheuling, Ogyen Rabga (o rgyan rab dga’), qui fut le Tcheupeun de Terdag Lingpa vint la voir et lui présenta une katag (écharpe blanche). Il lui offrit également deux coffrets de précieux objets à l’usage des initiations ayant appartenu à Terdag Lingpa.

Stupéfaite que ces précieux objets sacrés eussent été sauvés de la destruction et ravie de cet auspicieux présage, Jetsun Mingyour Paldreun retrouva la force et le courage nécessaire pour se consacrer pleinement à Mindrolling.

Jetsun Mingyour Paldrön – Troisième Partie : Le retour à Mindrolling

Jetsun Migyour Paldreun retourna à Mindrolling via le district de Dra. Traversant la dernière montagne avant d’atteindre sa maison, elle fit une pause au sommet de la montagne, appelée gnyen mkhar, d’où elle put avoir une vue complète du monastère.

A la place où se trouvait auparavant le grand et magnifique monastère tel un bosquet heureux du Palais Céleste, se tenait à présent des ruines et des restes des temples détruits, des quartiers monastiques et des stoupas.

Se remémorant la richesse, la prospérité et le territoire harmonieux qui avait été construit et fondé par son père vénéré, ses oncles et ses frères, elle fut submergée par un insupportable chagrin. Ce chagrin lui ramena à la mémoire sa vie précédente et les nombreux défis et souffrances qu’elle dut expérimenter durant sa vie précédente comme snang gsal ‘eu boum.

Pendant qu’elle rejoignit le monastère, Jetsün Migyour Paldreun était escortée par le oumdzé, d’autres moines séniors, l’assemblée générale des moines et des nonnes autant que par les membres laïcs de la commnauté qui avaient survécu et qui revenaient après la destruction. Elle fut conduite vers la partie restante de ses quartiers personnels appelés gzim chung bde chen yang rtser (zimtchoung détchen yangtser), la résidence privée de la famille : Le Pic de la Grande Félécité. Là, elle parla à toute l’assemblée réunie, offrant conseil et inspiration à chacun. Jetsün Mingyour Paldreun offrit aussi du thé et du riz à tous les moines et les nonnes ainsi que des offrandes d’argent et de vêtements. Elle fit don au monastère de toutes les richesses et les offrandes qu’elle avait reçues ainsi de tous les lieux qu’elle visita et annonça la reconstruction du Monastère de Mindrolling et du rétablissement de la sangha monastique. Ensuite, elle commença son travail par une pratique extensive de sept jours de Gourou Ganachakra avec vastes offrandes et la réparation et les pratiques d’accomplissement des Protecteurs du Dharma.

Rapidement, Phola Thaiji Gyourmé Seunam Topgyal, qui avait été promu à la puissante position de Kaleun (cabinet ministériel) vint pour recevoir les bénédictions de Jetsun Mingyour Paldreun et obtint une audience avec elle. Il avait pour elle une grande dévotion et d’un grand cœur, il fit des offrandes d’habits, d’une coiffe et d’un grand étalon blanc à La Noble Dame, ainsi que des offrandes au monastère. Le premier bâtiment qui fut reconstruit fut le klu sding lha dbang dga’ tshal (louding lhawang gatsal). Après son achèvement, elle en accomplit la consécration et y demeura en retraite stricte durant plusieurs mois.

Pendant que davantage de rénovations et d’extensions se poursuivaient sous sa direction, Jetsun Mingyour Paldreun commença également à enseigner et elle transmit de nombreux enseignements essentiels, donna des initiations et des transmissions aux nonnes et moines. La sangha monastique s’accrût régulièrement et les cérémonies et les rituels élaborés commencèrent à être acquis et accomplis comme auparavant.

Autour de cette période, son frère aîné, Ratna Vijaya (Drintchen Rintchen Namgyal) et son plus jeune frère, rgyal sras nye ba’i mgon po (Gyalsé Nyéwa’i Gueunpo) qui avaient réussi à s’échapper de leur captivité des dzoungar Mongoles retournèrent dans le Kham avec leur suite. Leurs retrouvailles fut l’occasion d’une grande joie et de ravissement.

Mais les privations et les énormes responsabilités de la reconstruction de Mindrolling rejaillit sur sa santé : à l’âge de 22 ans, Jetsun Rinpoché tomba gravement malade. Son médecin personnel, Emdji Lophel-la diagnostiqua cette maladie comme une tumeur grave de l’estomac et entreprit de lui admnistrer des pillules de longue vie et des médecines tibétaines. La Sangha tout entière offrit de nombreuses prières et commandèrent divers chabten (prières et cérémonies pour le maintien de la vie, la destruction des obstacles, etc…). Après une période sévère de maladie, elle recouvra progressivement assez de santé pour reprendre ses activités et enseigner de nouveau.

Sous sa direction et sa conduite, la plus grande partie de Mindrolling fut reconstruite et rénovée, malgré ses difficultés de santé et, de nouveau, cela recommença à fonctionner comme un centre d’apprentissage et de pratiques du précieux Dharma important et crucial.

Le nom et la renommée de Jetsunma se répandit à travers toutes les régions de U, Tsang, Ngari, Lheu, Yeurou et les provinces de Drakpo, de Lhodrag et du Kham, etc… Les gens se rassemblaient pour recevoir ses bénédictions et ses enseignements. Mais pour quelques personnes âgées et de haut rang, l’activité et l’influence de Jetsun Mingyour Paldreun commençaient à déranger et ils voulurent l’éloigner de leur route, ils èrent un t pour l’éliminer de Mindrolling.

Connaissant l’influence de Thai Dji, ils l’approchèrent et le convainquirent que de nombreuses personnes souhaitaient que Jetsun Rinpoché vienne à Kongpo pour enseigner et diffuser le Dharma. Et, ainsi, cette activité serait d’un grand bénéfice pour de nombreuses personnes, autant qu’à Mindrolling. Croyant cela comme une vérité, Thai Dji supplia Jetsun Mingyour Paldreun de considérer cette requête, particulièrement au moment où le travail de reconstruction et de rénovation de Mindrolling était sur le point de s’achever. Jetsun Mingyour Paldreun accepta sa requête et partit rapidement pour la région reculée de Kongpo.

Après une année passée sans avoir reçu la moindre nouvelle de Jetsun Rinpoché, Thai Dji s’inquiéta d’elle lorsqu’il rencontra Guelong Ogyen Rabten et Guelong Tashi Wangchouk pendant une comparution à la Cour de Lhassa.
Kaleun Thai Dji demanda : « Est-ce que Jetsun Rinpoché fait un grand travail avec les activités du Dharma et va-t-elle bien? »

Guelong Ogyen Rabten répondit : »Pas en ce moment. IL ne passe que très peu de monde, elle n’a pas d’activité du Dharma du tout. La plupart du temps, elle et sa suite, Gyourmé Yangdzom, Gyourmé Tcheudreun et Guélong Drakpa travaillent aux champs ».

Thai Dji prenant conscience d’avoir été roulé, dit : « Akha (hélas) Ces gens m’ont pris pour un imbécile. Je dois y remédier rapidement ».
Des ordres immédiats furent donnés pour inviter Jetsun Mingyour Paldreun à revenir à Lhassa.

Lors de son retour à Lhassa, Jetsün Mingyour Paldreun visita le temple de l’Arya Lokeshavara et d’autres temples sacrés faisant de vastes offrandes et des prières. Elle accomplit ainsi plusieurs cérémonies et droubchen et conféra les initiations de longue vie ainsi que les cent ? initiations de longue vie à de nombreuses personnes fortunées. Elle accomplit cent fois la poudja de feu et mille fois les rituels d’offrande de feu paisibles de l’Accomplissement de Vajrasattva.

Une fois à Lhassa elle s’engagea dans de nombreuses activités du Dharma et eut une audience auprès de Sa Sainteté le Septième Dalaï Lama Kalzang Gyatso qui lui attribua le nom de Jetsun Sherab Dreunma. Les moines de Namgyal Dratsang, le monastère principal de Sa Sainteté le Dalaï Lama lui offrirent Tenchoug, la cérémonie de supplication pour sa longue vie et ils firent la requête à Jetsunma de composer une prière d’invocation pour elle qu’ils puissent accomplir régulièrement. Il est dit qu’elle composa une prière si profonde de sens que cela laissa de nombreux éminents professeurs ébahis et réellement stupéfaits par sa composition.

Alors qu’elle faisait ses adieux, les gens s’alignaient le long des routes et, les yeux pleins de larmes, la suppliaient de revenir. A Kha Rabmo Rag Go, Jetsun Mingyour Paldreun en rencontra des centaines qui, accompagnant sa propre mère, avait voyagé depuis Mindrolling pour l’accueillir.

L’auteur de la biographie de Jetsun Mingyour Paldreun, Gyourmé Eusel qui l’avait rencontrée là pour la première fois, écrivit plus tard : « J’avais huit ans lorsque je vis La Noble Dame Mingyour Paldreun pour la première fois et la vue de sa merveilleuse expression était si inspiratrice que je ne pus retenir mes larmes. Une dévotion si puissante s’éleva en même temps que la conviction que je devais la suivre ».

Il est dit qu’il demeura près d’elle comme son étudiant le plus authentique jusqu’à la mort de Jetsun Mingyour Paldreun. Il devint son intendant et son disciple à huit ans et rédigea sa biographie à soixante-sept ans révolus, treize ans après le trépas de Jetsun Mingyour Paldreun.

Une fois rentrée à Mindrolling, elle tint une audience avec sa famille et les moines séniors du monastère, puis elle rentra en retraite solitaire pour tout une année. Après l’avoir accomplie, elle conféra à chacun le Sens Profond du Cœur de l’Ati (Ati Zabdeun), initiations et enseignements.

La biographie de Jetsun Mingyour Paldreun mentionne qu’elle poursuivit sans relâche ses activités en accomplissant nombre de grandes cérémonies pour Sa Sainteté le Dalaï Lama et pour le Gouvernement Tibétain autant qu’elle donna des enseignements et des initiations tout en supervisant les finitions de la reconstruction du Monastère de Mindrolling.

Pendant ce temps, les changements politiques et l’agitation se poursuivait au Tibet. Lorsque la reconstruction du monastère fut achevée, Jetsunma entra de nouveau en retraite pour trois ans. Pendant son accomplissement, elle accorda les initiations et les enseignements du Cœur de l’Essence des Dakinis (Khandro Nyingthig) à un vaste rassemblement de disciples fortunés.

A la suite de cela, elle entreprit un long pèlerinage en compagnie de nombreux moines et nonnes séniors ainsi que de sa mère et de ses sœurs. Le groupe voyagea vers plusieurs lieux sacrés où elle continua à donner bénédictions et à accorder des enseignements aux nombreuses personnes qui se rassemblaient dans chacun de ces lieux pour recevoir ses bénédictions.

A Samyé, il est dit que lorsque Jetsunma offrit au Tcheukyong Péhar (dharmapala Péhar) une écharpe blanche, la statue émit ces paroles : « Il est excellent que des Parèdres du Grand Ogyen, la Dame de Khartchen, soit revenue dans son palais pour le salut des êtres sensibles. Puisse votre vie être longue. Je demeurerai avec vous, même si vous pensez ne pas me voir ».

En 1732, comme Jetsun Mingyour Paldreun atteignait ses trente quatre ans elle reçut plusieurs pratiquants âgés et séniors, des retraitants et des étudiants de son père, Tcheugyal Terdag Lingpa, venus de Lato. Parmi eux, de grands yogis comme Gyourmé Namdreul et Gyourmé Thartchin avec leurs étudiants, arrivèrent avec des offrandes auspicieuses et des objets sacrés. Elle leur conféra alors les instructions profondes des Dakinis du Terma Shawoug.

Aussitôt après, elle composa un manuel d’instructions pour le Khandro Sangwa Yéshé appelé la « Lampe Illuminant les Points Fondamentaux Profonds ». Elle l’enseigna ensuite de façon extensive à l’assemblée réunie de yogis et de yoginis ainsi que pour les pratiquants qui étaient venus de toute la région de Teud du Tibet. Après cet accomplissement, elle entra une fois encore en retraite pour trois ans, passant tout son temps en pratique et en retraite stricte.

En 1736, la requête de divers officiels et de pratiquants séniors, le frère de Jetsunma, Trichen Drintchen Rintchen Namgyal, invita le très renommé Léloung Djédroung Rinpoché à Mindrolling. Lui et son entourage de soixante personnes furent reçus avec honeur et en grande pompe. Venant juste de terminer sa retraite, Jetsun Mingyour Paldreun avec sa suite et les moines séniors présenta ses respects à Djédroung Rinpoché et sur la requête de celui-ci elle conféra la transmission lue et les explications afférantes du Gourou Yoga de Gourou Rinpoché.

Profondément impressionné, Léloung Djédroung Rinpoché lui envoya un message qui disait : « Si, dans cette vie, Minling Jetsun Rinpoché et moi-même nous unissions dans une relation auspicieuse d’indivisibilité des Moyens et de la Sagesse, cela pourrait être le fruit de la prophécie qui dit que la dégénérescence du dharma serait différée de 500 années supplémentaires ». Ce à quoi Jetsun Mingyour Paldreun répondit :  » Je ne serai pas capable d’accepter votre offre. J’ai fait la promesse, suivant les instructions de mon Maître racine, Tcheugyal Terdag Lingpa, de garder ce corps pur et de pratiquer simplement le Dharma ».

Dans la biographie de Jetsun Mingyour Paldreun, il est mentionné que Djédroung Rinpoché persista à poursuive Jetsunma avec toujours cette même requête et, qu’à chaque fois, il essuya le même refus. Cette requête et quelques autres similaires émanant de personnages éminents firent que Jetsun Mingyour Paldreun entra de nouveau en retraite. Elle passa plusieurs années en retraite, sortant occasionnellement pour enseigner davantage et donner des transmissions aux moines et nonnes ainsi qu’à d’autres dévots qui voyageaint pour venir recevoir ses bénédictions.

De 1739 à 1744, elle transmit les enseignements du Dzogchen, le cycle complet de l’Ati, le Gouhayagharbha, les cycles complets de Vajrasattava, Thougjé Tchenpo Désheg Kundü (Mahakarounika tel le Rassemblement de Tous les Sougatas), Dordjé Phagmo (Vajravarahi), Khandro Sangwa Yéshé et différents enseignements sur les exercices Yogiques ou Trulkhor etc. ..

Elle donna également les transmissions élaborées de l’Ati Zabdeun et de les enseignements de Matchigma Tcheu pour les nonnes de Mendjid, Shong Ga-gang, Sogphou Samten Ling et des centaines de Yogis et Yoginis. Pendant cette période, à cause des violations de samaya de quelques moines et nonnes, Jetsun Mingyour Paldreun tomba gravement malade. De nombreuses prières de protection furent alors accomplies.

« Le détenteur du trône (Tri Drintchen Rintchen Namgyal) ainsi que Tchagdzeu Koushog, Rabjampa Tcheudrak, Gomtchen Deundroub, Soteun Thoutob Namgyal, Rabjampa Palgueun, nombre d’éminents pratiquants séniors et des mones, accompirent des rituels élaborés du Gourou Rouge courroucé, de Yamantaka et d’Amitayus etc… pour sa longue vie. »

L’assemblée des moines firent les pratiques des protecteurs et des amendements, les confessions et les rituels de purification connectés avec Metsek. Cent mille offrandes paisibles de feu et cent mille ganachakra en connection avec Thougdjé Tchenpo, etc… furent offerts pour sa longue vie. Des stoupas furent rénovés et de vastes offrandes faites, des ponts et des routes furent réparés et construits pour aider les autres, de la nourriture et des vêtements furent distribués à des milliers de pauvres et de nombreuses autres pratiques furent répandues à la ronde. Conduite par sa mère, Gyalyoum Tchenmo (mère suprême) et ses sœurs les Sémo Jetsunmas, les rituels de Libération et de Retournement des Dakinis furent accomplies pour supplier Jetsün Mingyour Paldreun de demeurer et de ne pas transférer son esprit en Akanishta.

Le grand maître Gomtchen Deundroub la fut un jour en sa présence pour s’apercevoir qu’elle était assise en méditation avec les yeux regardant vers le haut et l’esprit fixé dans le Dharmadhatou. Avec toutes les larmes qui coulaient de ses yeux, il la supplia en disant : « Est-ce que c’est très attentionné de votre part de laisser en arrière vos disciples qui sont comme vos jeunes enfants ? Vous, une Dakini, qui avez atteint la libération, vous ne pouvez pas partir déjà. Pensez à ceux que vous laisserez derrière vous ». Comme il prononçait ces paroles, Jetsunma tourna aussitôt son regard vers le bas. A partir du jour suivant, sa santé s’améliora progressivement pour le plus grand bonheur de chacun et sa plus grande joie ».

Jetsun Mingyour Paldreun recouvra la santé, mais ensuite, elle tomba souvent malade. Elle poursuivit cependant ses nombreuses activités de transmissions et d’enseignements du Dharma. Elle entreprit l’énorme projet de collecter beaucoup de textes et d’enseignements pour créer des archives. Comme les textes imprimés étaient rares, elle commença aussi l’impression des œuvres complètes de Tcheugyal Terdag Lingpa, du grand maître Lochen Dharmashri et des textes précieux du Nyingthig Yabchi, les rendant ainsi accessibles pour de nombreux étudiants du Dharma et leur apportant un immense bénéfice.

En même temps que ses vastes activités, elle continua à construire et à étendre avec les travaux de Samten Tsé, Détchen Ling et Euser Ling où les nonnes et les Yoginis recevaient un entraînement complet et les enseignments du Dharma.
Jetsün Mingyour Paldreun passa de plus en plus de temps en retraite. Elle faisait six sessions de pratique par jour, demeurant dans le prolongement de l’état du Dzogchen et accomplissait de nombreuses grandes pratiques dont la liste serait trop longue à mentionner ici. Entre ses retraites, elle voulait accorder audiences, enseignements et initiations.

Sa biographie dit :  » Toujours bonne et égale à elle-même, puissance et l’humilité, avec une grande affection, elle inspire constamment les autres pour la pratique du Dharma. Elle ne s’inquiétait jamais de son propre bonheur ou de son confort. Elle passait chaque jour sur le chemin de la méditation, sans séparations entre les périodes de méditation et de post-méditation et ne s’adonnait à aucune activité mondaine.

A la requête du détenteur du trône, son frère Drintchen Rintchen Namgyal et Thouksé Rinpoché, elle composa le Manuel d’Instructions du Chemin Excellent de la Grande Félicité pour l’Essence du Cœur de Mère et Fils Combinés en accord avec la prophétie du son de sagesse, un texte qui aurait été fort difficile à composer pour tout autre qu’elle.

Tout au long de sa vie, Jetsun Migyour Paldreun composa de nombreux textes qui amenèrent d’innombrables bénéfices à un nombre incalculable d’étudiants du Bouddhadharma. Elle écrivit la « Pratique d’Introduction pour les Pratiques Quotidiennes » et le Recueil des Récitations Quotidiennes, le Gourou Yoga intitulé « Eclairer les Ténèbres du Désir », la bibliographie des prières d’invocation au Gourou et la liturgie du Tenchoug, un recueil de diverses invocations au Gourou, un recueil d’enseignements du coeur intitulé « Eclairer les Ténèbres du Coeur », questions et réponses rassemblés dans un recueil intitulé Le Miroir Irradiant de Clarté », Inscriptions de Thangkas et d’écharpes rassemblés et réunies sous le nom de Le Joyau Qui Réalise Spontanément Tous les Souhaits », un manuel sur le thème de comment faire des offrandes et d’offrir une kata, l’histoire de la lignée de l’Essence Immuable des Sougatas, La Psalmodie de la Lignée de Garwang Tsé Pagmé, la liturgie connectée au Lam rim de Khandro Sangwa Yéshé, la Psalmodie de la Lignée pour l’Essence du Cœur de Vajrasattava, Rigdzin Thougtig et autres nouveaux termas de Tcheugyal Terdag Lingpa, le manuel pour le rituel d’initiation à l’introduction au mandala de l’Ebranlement des Profondeurs des Enfers (Narak Dontrug) intitulé le Chemin Excellent de la Grande Félicité, le liturgie d’introduction à la visualisation de soi en tant que la déité du nouveau terma du Gourou Courroucé (Gouru Drakpo) intitulé La Voie pour Atteindre l’Initiation Courroucée, l’explication extensive sur la Pratique du Gourou Courroucé et succession des practiques des stages de création et d’achèvement, l’initiation au Theugal de l’Ati Zabdeun Nyingpo du Dzogchen, la prière reliée à l’Ati Zabdeun et un recueil de conseils pour la pratique de l’Ati, l’invocation liturgique pour la pratique du phowa du Rigdzin Thougtig, des notes additionnelles (zin-bris) sur la suite des concentrations (dmigs rim), la pratique de Garwang Tsé Pagmé, l’initiation pour le Kunchog Kyidou intitulé Les Déités des Fortunés, le manuel d’instructions pour le Kunchog Kyidou intitulé les Instructions Orales sur l’Essence de la Lampe Lumineuse et l’accomplissement et le rituel d’amendement pour les Protecteurs Vajra du Dharma intitulé Kunzang Reultso.

Ses vastes activités continuèrent et Jetsün Mingyour Paldreun, œuvrait infatigablement pour le bénéfice du peuple tibétain avec un grand intérêt pour la préservation de l’authenticité des précieux enseignements. Elle était souvent hantée par l’expérience de sa jeunesse quand les enseignements de Terdag Lingpa et de Lochen Dharmashri et qu’ils avaient si soigneusement rassemblés avaient fait face à l’extinction dans les mains des Dzoungar Mongoles. Cela fit l’objet de son travail intensif et incessant en dépit du profond impact sur son état de santé.

Sa biographie dit : « Bien qu’elle ait autant fait pour préserver et propager les enseignements qui lui ont été confiés, elle nourrissait le sentiment de n’avoir pas fait assez. Elle réprimandait souvent les nonnes et les pratiquants pour leur conduite laxiste ; elle encourageait les nonnes et les moines à une stricte discipline. Elle était aussi très directe lorsqu’elle évoquait la tristesse qu’elle éprouvait en voyant la jalousie et la rivalité parmi les pratiquants et demanda à chacun s’essayer d’aller au delà de telles négativités ».

Plus émouvants sont les récits sur ses derniers jours alors qu’elle souffrait d’une grave maladie. Il est dit qu’elle insistait toujours pour donner une série d’initiations élaborées elle-même, disant :  » Quel est l’utilité de laisser les enseignements sur un cadavre ? » Elle était alors âgée de soixante-dix ans.

Un matin de l’année 1769, elle visita les autels sacrés de Mindrolling. Elle conféra alors une initiation en grand détail et poursuivant, elle donna un avis du cœur à tous ceux qui étaient présents. Elle rencontra plus tard tous les membres de sa suite et les récompensa par des cadeaux personnels et des conseils. Elle insista ensuite pour rencontrer un officiel local qui avait requis, plus tôt, une transmission. Parce qu’elle était tellement malade, beaucoup essayèrent de la dissuader et le personnage officiel lui-même insista pour qu’elle ne se surmène pas mais elle insista et lui conféra la transmission complète.

Ce fut sa dernière activité. Cette nuit-là, elle s’assit en méditation et dissout son esprit de sagesse dans le Dharmadhatou. Jetsun Mingyour Paldreun demeura en samadhi durant trois jours fixant au loin l’espace.

Le détenteur du trône de Mindrolling, son frère, Tri Drintchen Rintchen Namgyal, annonça le parinirvana de Jetsun Mingyour Paldreun à l’assemblée de Mindrolling.

« Le grand guerrier béni du sens ultime, Samanthabhadra,
Uni dans la félicité à Samantabhadri, la sagesse,
Apparut indivisible sous la forme de Mingyour Paldreun
Pour que s’élève le Chant du Vajra des enseignements secrets de l’Atiyoga.
Les activités de ce Prince, un trésor de qualités
Si innombrables qu’il est difficile, même pour un Bouddha de les décrire,
Est insondable pour un esprit doté d’une vue courte.
De ce que j’ai entendu de ce grand Prince,
Ceci n’est qu’une seule goutte. »
(extrait de la biographie de Gyourmé Euser)

Drinchen Rinchen Namgyal, le 3ème Mindrolling Trichen


Drinchen Rinchen Namgyal est né du grand maître Tcheugyal Terdag Lingpa et de Youm Phuntsog Paldzom qui était une descendante directe du Roi Tsouglag Dzin de la lignée dbon. Drinchen Rinchen Namgyal fut le plus jeune de leurs trois enfants. Il naquit le 11ème mois lunaire de l’année mâle du chien de bois, à la résidence appelée bkra shis snang ba’i khang bzang (tashi nangwe’i khang zang).

Depuis son plus jeune âge, Drinchen Rinchen Namgyal reçut une éducation approfondie auprès de nombreux grands maîtres et plus particulièrement de son père Tcheugyal Terdag Lingpa, de son oncle Lochen Dharmashri et de son frère aîné Péma Gyourmé Gyatso. Montrant de grandes qualités d’érudition en tous les domaines des études bouddhistes, il devint un expert en toutes formes de rituels : les danses rituelles (gar tcham), les rituels mélodiques et les instruments (dbyangs rol), ainsi que dans les cinq sciences traditionnelles (rigs gnas lnga). Il reçut des enseignements extensifs sur les aspects du Gourou paisible et courroucé, le cycle de Minling Dorsem, le cycle de Thougjé Tchenpo, Yamantaka, Mahottara Hérouka, Amitayus, Gouhyasamadja, dong sprugs (Secouer les profondeurs), bka’ brgyad (les Huit Logos/les huit Enseignements des Sadhana), tshogs chen ‘dus pa (Les Ecritures des grandes Collections) ainsi que le cycle complet des termas des grands terteuns comme Péma Lingpa, Kunkyong Lingpa, Sangyé Lingpa, Ratna Lingpa, Chigpo Lingpa, Ngadag Nyang, de même que les enseignements Kama, les transmissions et les initiations.

De Lochen Tcheupel Gyatso (Lochen Dharmashri), il reçut le cycle complet de sgyu ‘phrul zhi khro, ‘dus pa mdo, rog lugs phur pa, dpal ldan dus ‘khor, sems sde ma bu bco brgyad, bla ma dgongs ‘dus, gu ru chos dbang gi bla ma gsang ‘dus et le dong sprugs pad ma brgya ldan.
De Péma Gyourmé Gyatso, il reçut le bka’ brgyad gsang rdzogs lugs gsum gyi dbang rgyas pa, yang dag bka’ ma, sangs rgyas mnyam sbyor, rgyud sde lnga’i dbang, bka’ brgyad bde ‘dus, et la collection complète des termas de Tcheugyal Terdag Lingpa.

Durant la jeunesse et la période éducative de Drinchen Rinchen Namgyal, l’invasion des Mongols Dzoungars causa une destruction massive au Tibet et Mindrolling ne fut pas épargné par cette invasion et destruction. (Voir les chapitres IV et V). De nombreux grands maîtres y compris Lochen Dharmashri et Péma Gyourmé Gyatso furent assassinés. Jetsun Migyour Paldreun s’échappait de Mindrolling alors que Drinchen Rinchen Namgyal, assisté de plusieurs intendants, s’enfuyait en direction du Tibet Oriental (le Kham) jusqu’à la province de Kho Khyim.
Il est dit que de nombreuses années précédentes, durant l’une de ses visites dans cette province, Tcheugyal Terdag Lingpa avait prédit que cette région jouerait un jour un rôle important dans l’histoire de Mindrolling et deviendrait un mkho khyim (le siège important /nécessaire) pour Mindrolling.
Plus tard, un grand maître érudit nommé : (bla ma rnam grol bzang po) Lama Namdreul Zangpoétabli un monastère dans cet endroit même. Durant l’invasion, ce grand maître et les moines de ce monastère jouèrent un rôle clé en aidant Drinchen Rinchen Namgyal à s’échapper et c’est en ce lieu, au monatère de mkho khyim qu’il vécut pendant plusieurs années.

L’actuel Khochhen Rinpoché est reconnu comme étant la réincarnation du bla ma rnam grol bzang po, le fondateur du monastère de mkho khyim. Par la suite, toutes les incarnations de ce maître ont été connues pour avoir servi Mindrolling en de nombreuses occasions. L’actuel Khochhen Rinpoché (aka Khokhyim Rinpoché) a une fois de plus joué un rôle important en servant Kyabjé Mindrolling Trichen et le Monastère de Mindrolling pendant presque 55 ans. Son Eminence Khochhen Rinpoché s’échappa du Tibet avec Kyabjé Mindrolling Trichen et supervise encore aujourd’hui toutes les activités administratives du Monastère de Mindrolling en Inde.

Durant son séjour au Kham, Drinchen Rinchen Namgyal propagea le dharma de façon extensive. Il conféra de nombreux enseignements dans plusieurs Monastères Nyingma importants comme Kathog, Dzogchen et Séchen. Pendant de nombreuses années, il conféra d’innombrables enseignements et transmissions à de nombreux pratiquants du dharma incluant les éminents détenteurs de lignée et les responsables supérieurs du Gouvernement Tibétain.
De retour à Mindrolling, après le déclin et la dispersion des envahisseurs Mongols Dzoungars, il rejoignit sa sœur Jetsun Migyour Paldreun et son frère Gyalsé Déwa’i Nyima, qui avait également survécu à la destruction de l’invasion Mongole.

A l’âge de 29 ans, il fut officiellement intronisé comme le 3ème Trichen (détenteur du trône) de Mindrolling. Son frère aîné, Péma Gyourmé Gyatso (voir la partie IV pour la biographie de Péma Gyourmé Gyatso) assassiné durant l’invasion Mongole Dzoungars, avait été officiellement reconnu comme le second Trichen. De nombreux signes merveilleux comme des nuages d’arc-en-ciel et un léger tremblement de terre annoncèrent d’auspicieux présages durant la cérémonie d’intronisation, qui fut bénie par le plus Suprême d’entre tous, Sa Sainteté le 7ème Dalaï Lama.

En tant que Trichen de Mindrolling et afin d’assurer la continuité de la lignée sacrée du sang de Terdag Lingpa et de la lignée de Nyeu, Tri Drinchen Namgyal épousa la noble dame Tséwang Paldzom, laquelle était dotée de toutes les qualités d’un bodhisattva.

Trichen Drinchen Namgyal contribua grandement à la reconstruction de Mindrolling et avec sa sœur, Jetsun Migyour Paldreun, ils reconstruirent de nombreux temples et bâtiments à Mindrolling qui avaient été détruits durant l’invasion. L’une de ses contributions les plus importantes fut de raviver les danses rituelles immensément sacrées des gar tcham ainsi que tous les autres rituels traditionnels authentiques et profonds qui avaient été établis par son père, Tcheugyal Terdag Lingpa et son oncle, Lochen Dharmashri.

L’invasion Mongole Dzoungars engendra des ravages immenses au Tibet en détruisant de nombreux monastères ainsi que des centres d’études et de pratiques, affaiblissant ainsi le dharma jusqu’à sa base. En instaurant un ordre monastique, avec tous les aspects de la discipline concernant l’étude et la formation, Trichen Drinchen Namgyal établit à nouveau Mindrolling comme l’un des centres de pratiques et d’études bouddhistes les plus éminents à travers tout le royaume du Tibet.

Trichen Rinchen Namgyal pris l’immense responsabilité de rassembler une fois de plus tous les enseignements et les transmissions qu’il avait reçus de Tcheugyal Terdag Lingpa et de Lochen Dharmashri afin de les préserver et de les accroître. Il pris également la responsabilité de transmettre et d’enseigner tout ce qu’il avait reçu de ses maîtres suprêmes, permettant ainsi aux précieuses lignées de perdurer sans interruption. Son activité et sa sagesse permirent aux suprêmes et nombreuses lignées Nyingma ainsi qu’aux autres de se renforcer ; elles assurèrent la continuité du dharma non seulement pour qu’il se perpétue mais qu’il fleurisse en toutes directions.

Ainsi Trichen Drinchen Namgyal devint le Lama racine de nombreux grands maîtres comme :

  • rdo brag rig ‘dzin chen mo Dorjé Drak Rigdzin Tchenmo
  • rdzogs chen sku phreng gnyis pa gyur med theg mchog bstan ‘dzin Le Second Dzogchen Tulkou, Gyourmé Thegchog Tendzin
  • ka thog rig ‘dzin chen po Kathog Rigdzin Tchenpo
  • chos rgyal gling pa yab sras Tcheugyal Lingpa Yabsé
  • zhe chen rab ‘byams Séchen Rabjam
  • mnga bdag kong ston rig ‘dzin rgya mtsho Ngadag Kongteun Rigdzin Gyatso
  • gter chen nyi ma grags pa’i sprul sku Terchen Nyima Drakpa Tulkou
  • ‘phyong rgyas dpal ri sprul sku Tchong gyé Palri Tulkou
  • rgyan pa dge theg sprul sku Gyenpa Guétheg Tulkou
  • kong po rdzogs chen Kongpo Dzogchen
  • chab mdo ‘phags pa lha Tchamdo Phagpa Lha
  • hor bla ma gyur med skal bzang Hor Lama Gyourmé Kelzang
  • dpal ri bla ma kun bzang ‘od gzer Palri Lama Kunzang Euzer
  • bla ma rnam rgyal grags pa Lama Namgyal Drakpa
  • mon yul the pe bla ma Meunyul Thépé Lama
  • bla ma pad ma dar rgyas Lama Péma Dargyé
  • bla ma ‘dren mchog Lama Drentchog
  • bla ma rig ‘dzin Lama Rigdzin
  • ba skal sprul sku Bakal Tulkou
  • rje drung sprul sku Djédroung Tulkou
  • zangs mkhar sprul sku Zangkhar Tulkou
  • thang ‘brog sprul sku Thangdrog Tulkou
  • rtse li sprul sku Tséli Tulkou
  • grub chen phrin las mthar phyin Droubchen Thrinlé Tharchin
  • grub chen rat na seng ge Drubchen Ratna Sengué
  • shing rtsa sprul sku Shingtsa Tulkou
  • za ra sprul sku Zara Tulkou
  • rab ‘byams smra ba’i dbang phyug ogyen skal bzang Rabjam Mawe’i
  • Wangchouk Ogyen Kelzang
  • ogyen chos grags Ogyen Tcheudjé
  • mkhan chen ‘gyur med don yod Khenchen Gyourme Deunyeu
  • rab ‘byams smra ba’i chos grags Rabjam Mawe’i Tcheudrak
  • blo gsal rgya mtsho Losel Gyatso, et beaucoup d’autres.

A l’âge de 65 ans, durant l’année mâle du Tigre de terre, voyant approcher la fin des activités de sa vie, il se retira dans le temple Est du dag po’i gnas ‘ol khar.
Là, il appela ses fils, ses étudiants et ses disciples principaux et leur conféra le ‘da’ ka’i zhal chems (les derniers conseils et les instructions de sagesse). C’est au sein de merveilleux signes, établit en méditation, que le 3ème Mindrolling Trichen, Drinchen Rinchen Namgyal partit en le nirvana.

Après sa mort, le Koudoung fut ramené dans le temple principal du gsang sngags pho brang. Plus tard, lorsque fut construit le suprême stoupa du Dharmakaya, qui est l’un des plus grands du Tibet de ce temps, le Koudoung de ce grand Gourou fut placé dans ce Stoupa pour le bien de tous les êtres.

 

Chabdroung Gyourmé Yichin Legdroub

Chabdroung Gyourmé Yichin Legdroub fut l’un des trois fils de Tcheugyal Terdag Lingpa et de Sangyoum Phuntsog Paldzom. Tchoung (jeune frère), comme l’appelait affectueusement ses frères, naquit durant l’année femelle du mouton de fer.

De même que ses frères, Péma Gyourmé Gyatso et Drinchen Rinchen Namgyal ainsi que de sa sœur, Jetsun Migyour Paldreun, il grandit en recevant d’innombrables enseignements et transmissions de la part de nombreux enseignants, principalement de son père, le roi du dharma Tcheugyal Terdag Lingpa et de son oncle, le grand Lochen Dharmashri.

Depuis son plus jeune âge, Chabdroung Gyourmé Yichin Legdroub manifesta une grande dévotion envers le chemin de la pratique et personnifia les qualités de renonciation, de sagesse et de compassion. Il choisit de recevoir l’ordination et devint particulièrement compétent dans l’entraînement et les enseignements du Vinaya. Il fut reconnu comme l’incarnation du grand érudit et maître du 15ème siècle Tcheukyong Zangpo (‘jig rten mig gcig bya rgod pa mkhas grub chos skyong bzang po) mais comme la tradition le veut dans la lignée de la famille Mindrolling, les liens du sang de la famille Mindrolling était considérée comme plus importante que celle des réincarnations et comme le lieu où les activités de Chabdroung Gyourmé se manifesteraient plus largement.

Etant exceptionnellement doté des qualités de sagesse et de compréhension, Gyourmé Yichin Legdroub devint parfaitement réalisé dans les études, la pratique et la conduite du dharma. Il devint un maître exceptionnel et compétent dans les trois sortes de rituels – les danses rituelles, les mandalas et les chants rituels (gar thig and dbyangs). En plus d’assumer les nombreuses responsabilités qui incombent aux fils de la lignée Mindrolling, il reçut la formation destinée au titre de Khenchen et devint un grand abbé et détenteur de la lignée du Vinaya.

Assumant ce titre, il accomplit de nombreuses années d’études intensives et de pratiques de la philosophie bouddhiste incluant la totalité des éléments de la connaissance et des sciences. Chacun espèrant qu’il montre tous les signes d’un grand Khenchen, un être qui inspirerait de nombreuses générations futures.

Il étudia principalement auprès de son père, Tcheugyal Terdag Lingpa et son oncle, l’incomparable érudit Lochen Dharmashri. D’eux, il reçut toutes les suprêmes et profondes instructions des soutras et des tantras ainsi que la totalité des initiations et des transmissions dans les lignées kama et terma. Il reçut ses vœux de Guélong (ordination complète) de l’omniscient Lochen Dharmashri, devenant ainsi un détenteur de la plus pure lignée du Vinaya. Chabdroung Gyourmé Yichin Legdroub fut parfaitement entraîné et capable de guider le Monastère de Mindrolling et ses multiples institutions en accord avec les préceptes monastiques de la lignée du Vinaya.

Chabdroung Gyourmé Yichin Legdroub transmit, lui aussi, à son tour, nombre de transmissions profondes et d’initiations de la précieuse famille des terma à son jeune frère, Drinchen Rinchen Namgyal ainsi qu’à de nombreux autres fils de cœur de la famille. Il devint l’un des principaux détenteurs de la transmission des précieux terma découverts par son père, comme le terma extraordinaire de Minling Dorsem (Minling Vajrasattva) avec celui des enseignements profond de l’Ati.

En 1718, durant l’année du chien de terre, les Mongols Dzoungars envahirent tragiquement le Tibet, engendrant des années de violences et de destructions irréparables. Le monastère de Mindrolling fut non seulement rasé jusqu’à ses fondations mais Lochen Dharmashri, Péma Gyourmé Gyatso et Gyourmé Yichin Legdroub furent capturés et emprisonnés. Seuls quelques membres de la famille – comme Jetsun Migyour Paldreun, Drinchen Rinchen Namgyal et Sangyoum Phuntsog Paldzom purent échapper à cette terrible invasion.

Plus tard dans l’année, Les Mongols Dzoungars exécutèrent Lochen Dharmashri, Péma Gyourmé Gyatso et Chabdroung Gyourmé Yichin Legdroub. Ce dernier n’avait pas encore trente ans lorsqu’il fut tué et la disparition de ce grand maître fut une grande perte et un immense malheur non seulement pour la lignée Mindrolling mais pour l’ensemble des écoles Nyingma et du bouddhisme tibétain.

 

Gyourmé Péma Tendzin

Le quatrième Trichen (détenteur du trône) de Mindrolling naquit comme le fils aîné du troisième Trichen Drinchen Rinchen Namgyal qui était l’émanation directe du Pandita Vimalamitra. Sa mère était la grande érudite Youm Tséwang Paldzom qui était, elle-même, dotée de toutes les qualités d’un bodhisattva. le quatrième Trichen naquit durant l’année femelle du serpent de feu et fut nommé Gyourmé Péma Tendzin.

Manifestant de grandes qualités de gentillesse et de bonté envers les autres dès son plus jeune âge, Gyourmé Péma Tendzin était doté d’une habileté exceptionnelle dans l’apprentissage et la mémorisation des textes. Sa faculté d’apprendre était si remarquable qu’il exposa parfaitement de mémoire le commentaire entier du profond Gouhayagharba en la présence d’une large assemblée d’enseignants et de moines, au grand étonnement de toute l’assemblée.

Confié au soin de nombreux enseignants depuis son plus jeune âge, il étudia et devint compétent dans toutes les branches des études bouddhistes. Il trouva un intérêt très particulier dans le corpus des nouveaux et des anciens termas (gter kha gsar rnying). Il reçut et pratiqua à la fois les enseignements profonds des kamas et des termas et fut capable de détenir et de contribuer pleinement à la continuité et au fleurissement de ces deux lignées sacrées De cette façon, il montra sa sagesse envers ses responsabilités, non seulement en exerçant des efforts pour obtenir les transmissions et les enseignements mais aussi en les pratiquant avec diligence.

Il passa la majeure partie de ses jeunes années en retraites de durées variées. Il reçut et pratiqua particulièrement avec diligence les enseignements du grand Omniscient Longchenpa et du grand maître, Rigdzin Jigmé Lingpa. Gyourmé Péma Tendzin étudia et pratiqua complètement le Tantra profond et essentiel de Gouhayagharba, détenu et exposé dans la lignée du grand Tcheugyal Terdag Lingpa de père en fils. Gyourmé Péma Tendzin fut l’un des plus célèbres interprètes de son temps en ce qui concerne l’exposition détaillée du commentaire de Gouyagharbha composé par le grand Lochen Dhramashri.

En bref, il reçut et pratiqua tous les enseignements des soutra et des tantra et devint le grand détenteur de toutes les lignées kama et terma. Ses principaux enseignants furent sa tante Jetsun Migyour Paldreun, le 5ème grand Soungtrul, Droubchog (suprême Mahasiddha) Dorjé et le grand Nyangteun Rigdzin Gyatso.

Mettant les pieds de lotus de son maître principal, Jetsun Migyour paldreun au dessus de sa tête, il reçut le corpus complet des initiations et des transmissions des lignées nouvelles et anciennes, en ce qui concerne les enseignements suprêmes et profonds. Personnifiant grande compréhension et accomplissement de la pratique, Gyourmé Péma Tendzin devint le maître souverain de tout le Tibet durant sa génération.

Par l’accomplissement de nombreuses retraites, il commença à propager les enseignements, en transmettant particulièrement aux jeunes générations d’enseignants et d’étudiants les transmissions de la lignée de sa famille, les profonds terma de Tcheugyal Terdag Lingpa, comme « Thougdjé Tchenpo, Rigdzin Thoug Thig et le Minling Dorsem » des termas nouveaux et anciens de Gourou Tcheuwang et de Nyang Rel Nyima Euser, tel que le suprême « Lama Sangdu, Kagyé… »

Gyourmé Péma Tendzin enseigna aussi de façon extensive les instructions profondes et vastes du bskyed rim and rdzogs rim (phases de création et de perfection), la perception pure et le principe du mandala. A travers sa grande compassion pour tous les êtres, il composa et enseigna de nombreuses sadhanas sur les rituels d’aide (zhabs rim) et ceux qui repoussent et écartent les obstacles pour les êtres spéciaux, moyens et ordinaires.

A l’âge de 22 ans, lorsque son père, le 3ème Trichen de Mindrolling, Tri Drinchen Rinchen Namgyal partit en le parinirnvana, Gyourmé Péma Tendzin formula et composa un rituel extensif pour les pratiques du parinirvana de ce grand maître. Il le fit en combinant les méthodes agencées dans les différents tantras et les écritures afin de former une merveilleuse composition qui ne soit pas seulement l’essence de la multitude des rituels précédents mais aussi un rituel parfaitement composé, une pratique recouvrant chaque point essentiel et subtil de la pratique en de telles occasions.

Cette composition continue de nos jours à servir de base au rituel extensif d’offrandes du mandala pour la pratique consacrée au décès des grands maîtres.

Gyourmé Péma Tendzin construisit de nombreuses représentations des Trois Joyaux et aussi le grand stoupa pour le Loudoung de Trichen Drinchen Rinchen Namgyal afin de commémorer le décès de son père. Puis au moment opportun, gyourmé péma tendzin fut intrônisé comme le 4ème Trichen de Mindrolling. Il avait 23 ans au moment de son intronisation.

Le 4ème Trichen de Mindrolling fut renommé à travers tout le Tibet comme l’un des enseignant les plus aimé et influent de son temps. Sa biographie dit : « Sa douceur, son humour et sa sagesse rayonnante combinée à sa suprême chaleur innée ont fait de lui un être parfaitement admiré et respecté, très accessible et aimé de tous ».

Il fut connu comme « la lumière de la lignée » de Mindrolling et tout le monde le tint en grande estime et respect. Ses vastes activités de bodhisattvas brillèrent comme un soleil éclatant en les dix directions et ses activités pour le bien général et du dharma en particulier fleurirent grandement sous son règne et sa vision.

Ainsi comme il est dit « ‘pha shul bus ‘dzin’ (le fils prit l’héritage du père), Trichen Gyourmé Péma Tendzin et son frère prirent l’énorme responsabilité de porter les activités du dharma, du travail et de la vision de leur suprême frères, Tcheugyal Terdag Lingpa et Lochen Dharmashri, ainsi que de tous les maîtres suprêmes de la lignée de Mindrolling. Tri Gyourmé Péma Tendzin accomplit pleinement toutes ses responsabilités en tant que détenteur du trône de cette lignée irréprochable. Il laissa de nombreux enseignements précieux et conseilla ses fils de cœur et ses étudiants pour plusieurs générations jusqu’au moment où le temps fut venu de montrer l’activité finale en rassemblant son corps pur en le dharmadhatu. Gyourmé Péma Tendzin passa en le parinirvana après avoir contribué grandement à la continuité de la lignée Mindrolling en particulier et au Bouddhadharma en général.

 

Le troisième Khenchen de Mindrolling Ogyen Tendzin Dorjé

Le troisième Khenchen de Mindrolling appellé Khenchen Odiyana, est également connu sous le nom d’Ogyen Tendzin Dorjé. Il naquit l’année du chien d’eau en tant que second fils du troisième Trichen de Mindrolling, le suprême Drinchen Rinchen Namgyal et de Sangyoum Tséwang Paldzom.

Reconnu dès son plus jeune âge comme l’émanation du grand traducteur Youdrak Nyingpo, il possédait toutes les qualités de dévotion et de compassion. Très jeune, il entra sur le chemin de la pratique en prenant les vœux monastiques et reçut un grand nombre d’initiations et de transmissions de son noble père et de bien d’autres enseignants. De la même façon qu’un précieux vase est rempli de pur nectar, son esprit fut rempli du saint dharma.

Il étudia et devint érudit en grammaire, poésie et composition, astrologie (sgra snyan rtsis) etc…généralement et se montra particulièrement expert dans les profonds enseignements de (‘dul mngon bdu tshad phar phyin sdom ga sum) etc…

Il étudia de façon extensive les enseignements des profonds tantras, spécialement le « gsang bdag dgongs rgyan » qu’il mémorisa tous avec succès et composa lui même des commentaires essentiels démontrant ainsi les qualités suprêmes conférées par son titre – (mkhyen rab kyi pad ma-) « Le Parfait Lotus Erudit ».

A l’âge de quinze ans, il reçut les vœux de (dge tshul) shramanera de Do Ngak Rabjampa Gyourmé Phelgyé. Puis, il entra en longue retraite solitaire et entreprit l’achèvement des accomplissements de tous les (gter gsar) nouveaux termas sadhanas devenant ainsi un maître érudit et accompli.

A l’âge de vingt ans, durant l’année du serpent de fer, ayant achevé toutes ses études et son entraînement spirituel, le jour de la pleine lune du premier Mois lunaire des Miracles, en la présence de milliers de maîtres et d’érudits, il reçut le titre de khenpo, officié par Ngak Rabjampa Gyourmé Tcheuden.
Il reçut également l’ ordination complète de guélong (bhikshu).

Après quoi, il eut la grande responsabilité de guider les études et la pratique du monastère de Mindrolling ainsi que les transmissions du vinaya.
En résumé, personnifiant les qualités parfaites de l’érudition, de la discipline et de la bonté (mkhas btsun bzang gsum), il devint un maître authentique exemplaire du bouddhadharma sacré renforçant ainsi la vision du grand maître Tcheugyal Terdag Lingpa.

Son frère aîné, le quatrième Mindrolling Trichen Gyourmé Péma Tendzin, révéré et reconnu comme le « Joyau Ornement de la Couronne du Dharma » disparut prématurément. Après sa mort, Khenchen Ogyen Tendzin Dorjé assuma les responsabilités permettant d’établir les représentations externes et internes des trois joyaux et des trois racines et il enseigna aux moines et à la communauté des pratiquants.

Il eut aussi la charge complète d’élever, d’enseigner et d’entraîner l’héritier au trône de Mindrolling, le jeune fils de son frère aîné le quatrième Mindrolling Trichen Gyourmé Péma Tendzin, le futur cinquième Trichen Gyourmé Trinlé Namgyal.

Ainsi, ayant dédié complètement son existence entière au service du précieux dharma, servant l’expansion et la continuité de la lignée Mindrolling, le troisième Mindrolling Khenchen Ogyen Tendzin Dorjé passa en le parinirvana en apportant encore des bienfaits à tous les êtres.

 

Gyourmé Trinlé Namgyal – Le Cinquième Mindrolling Trichen

Le 5ème Mindrolling Trichen, Gyourmé Trinlé Namgyal naquit du 4ème Trichen, le suprême détenteur Gyourmé Péma Tendzin et de sa Sangyoum (parèdre). Déployant dès sa jeunesse de merveilleux signes d’accomplissement, possédant un esprit brillant et de la lucidité, il grandit et fut entraîné par les bons soins de son père et de son oncle et devint ainsi un érudit dans les enseignements des Soutras et des tantras.

Doté parfaitement des trois prajna de l’écoute, de la réflexion et de la méditation, il fut tout particulièrement accompli dans le gar thig et le yang rol ainsi que dans toutes les formes de pratiques rituelles traditionnelles.

Concernant le parinirvana de son père, le 4ème Trichen, il prit la responsabilité de conduire toutes les cérémonies avec grande dévotion et pratiqua tous les rituels de façon extensive. Il entreprit la construction et l’établissement d’une merveilleuse collection de temples et d’objets sacrés internes et externes. Puis, il fut établi comme le 5ème détenteur du trône de Mindrolling par son oncle, le grand maître et érudit, Khenchen Ogyen Tendzin Dorjé, lui même 3ème Minling Khenchen.

Dès lors, responsable du Monastère de Mindrolling, il servit la vision des vastes activités de son père, le 4ème Trichen Gyourmé Péma Tendzin et de tous les maîtres de la lignée.

Pendant plusieurs années, il dédia son temps à l’étude et à la pratique des profonds et précieux enseignements. Il étudia sous la tutelle de son oncle, le grand érudit, le 3ème Khenchen Ogyen Tendzin Dorjé et d’un grand nombre d’autres maîtres accomplis de son temps.
D’une manière générale, il fut l’interprète de tous les précieux enseignements du dharma, et plus particulièrement des profonds kama Nyingma et enseignements des terma.

Gyourmé Trinlé Namgyal reçut également de façon extensive, la collection complète des enseignements et des transmissions du grand Ogyen Terdag Lingpa et de Lochen Dharmashri. Puis, il entra en retraite et accomplit toutes les pratiques suprêmes des nouveaux termas de Mindrolling ainsi que de toutes les autres lignées détenues et préservées à Mindrolling.

Tout en poursuivant sa retraite, il enseigna et transmit les enseignements aux détenteurs de lignée et aux pratiquants de la nouvelle génération. Durant sa vie, il rénova et construit de nombreux temples, ce qui permit d’accroître et de renforcer les fondations du précieux dharma et de la lignée de Mindrolling.

En raison du karma infortuné des êtres, ce grand cinquième détenteur du trône de Mindrolling entra dans le samadhi du parinirvana alors qu’il était encore jeune. Toute sa vie fut dédiée à l’expansion et au fleurissement du précieux dharma dont il assura la continuité de la façon la plus pure.

Généralement, à travers l’histoire, nous constatons que toutes les existences des Mindrolling Trichen ressemblent à celle-ci. En effet, il ne semble pas y avoir de distinctions concernant leurs propres qualités. Il est important de comprendre que l’éducation conférée était la même pour tous et que les qualités individuelles n’étaient pas considérées comme importantes. C’est pourquoi elles ne furent pas conservées dans le contexte du récit historique.

Aussi longtemps que les problèmes politiques du pays ne se sont pas imposés d’eux-mêmes dans la vie quotidienne du Monastère de Mindrolling, l’accent a été mis sur l’éducation et l’étude des enseignements du profond dharma, moyens permettant de produire des êtres exceptionnels capables de mûrir et de révéler l’activité d’un bodhisattva dans sa plus grande profondeur.

Ainsi, il est important de comprendre que tous ces grands maîtres sans exception ont eu des existences exceptionnelles. Personnifiant les qualités d’un véritable bodhisattva, c’est uniquement grâce à leurs inlassables efforts que les enseignements se propagèrent jusqu’à nos jours de la façon la plus pure et la plus authentique.

Kyabjé Mindrolling Trichen avait l’habitude de rappeler à ses étudiants que le véritable défi se joue au jour le jour, dans les activités du monastère où à chaque instant et à chaque activité, l’enseignant se doit d’être en accord avec le dharma et bénéfique à tous les êtres. Kyabjé Rinpoché répéta souvent que construire quelque chose est de bien des façons, la chose la plus facile à faire. Préserver son authenticité et s’assurer de sa croissance est la partie la plus difficile.

Ainsi, soyons reconnaissant envers tous les maîtres de la lignée qui, au travers des siècles, ont su préserver et renforcer la lignée établie par les gourous hors pairs que furent Ogyen Terdag Lingpa et Lochen Dharmashri.

 

Le quatrième Khenchen de Mindrolling – Sang Ngag Tendzin

Le quatrième Khenchen de Mindrolling, Sang Ngag Tendzin naquit en tant que second fils du quatrième Mindrolling Trichen, Tri Gyourmé Péma Tendzin. Il fut renommé comme étant un grand maître érudit et détenteur de la pure lignée du vinaya. Complètement dépourvu de toute impureté samsarique, depuis sa plus jeune enfance, il fut doté d’une grande clarté d’esprit, d’une sagesse et d’une compréhension exemplaires des profonds enseignements.

Il étudia auprès des plus grands maîtres et réalisa les études et la pratique de tous les profonds et précieux enseignements. Il reçut l’intégralité des différents voeux du vinaya et les maintint tous sous leur forme la plus pure. Il fut réputé pour sa conduite éthique et morale exemplaire.

Après avoir endossé toutes les responsabilités incombant au Khenchen de Mindrolling, il accorda les voeux du précieux vinaya à d’innombrables moines et commença à manifester sa vaste activité d’enseignant du précieux Dharma, en assistant son frère aîné, le 5ème Mindrolling Trichen Gyourmé Péma Namgyal dans l’administration du Monastère de Mindrolling. Sa contribution majeure fut de maintenir et de voir le développement de la pure lignée du vinaya au Tibet alors qu’en ce temps là, le matérialisme spirituel prenait de plus en plus le pas sur l’authenticité et la pureté du Dharma.

Fidèle à la tradition de Mindrolling, Khenchen Sang Ngag Tendzin dédia sa vie entière à la préservation et au fleurissement du précieux Dharma en général et de la suprême lignée du vinaya en particulier. Dévoué entièrement à Mindrolling et servant la vision de Terdag Lingpa et de Lochen Dharmashri, il permit aux précieux enseignements d’être transmis dans leur intégralité jusqu’à la prochaine génération. L’affection et la dévotion de Khenchen Sang Ngag Tendzin envers son frère, Tri Trinlé Namgyal, furent une inspiration pour tout le monde et ensemble, ils oeuvrèrent afin de poursuivre l’œuvre de leurs prédécesseurs.

 

Le Sixième Mindrolling Trichen – Tri Gyourmé Péma Wangyal

Le Sixième Trichen de Mindrolling, Gyourmé Péma Wangyal naquit du 5ème Trichen, Tri Gyourmé Trinlé Namgyal. Il fut également reconnu comme étant une émanation du grand terteun Tcheugyal Terdag Lingpa, fondateur de Mindrolling.

Cependant, comme la tradition de Mindrolling ne reconnaît pas de réincarnations au sein de sa propre lignée, mais se réfère à la lignée directe du sang, Gyourmé Péma Wangyal bien que reconnu comme une émanation de Terdag Lingpa n’utilisa jamais son titre. L’importance fut mise sur le fait qu’il était le fils aîné du 5ème Mindrolling Trichen et ainsi reconnu comme le détenteur du titre de Trichen (détenteur du trône).

Doté, dès son jeune âge, d’une grande sagesse et libéré de toutes tendances samsariques, il réalisa spontanément et dans la joie, une parfaite compréhension du précieux dharma. Sa conduite pure et sereine, son humilité et sa bonté envers chacun étonna tout le monde, y compris ses enseignants. Il reçut des transmissions extensives et des enseignements des grands Dor dzins* de Mindrolling et de nombreux autres grands maîtres de son temps.

C’est ainsi que très jeune, il devint l’un des plus grands érudits de son temps, étudiant toutes les formes mineures et majeures des sciences, recevant et pratiquant toutes les transmissions des précieux enseignements des soutras et des tantras.

Il étudia et reçut toutes les profondes transmissions des enseignements des kama et des terma et les pratiqua toutes sous la direction directe de son noble père, le 5ème Trichen de Mindrolling et de sa soeur, le grand Maître Dzogchen, Jetsun Trinlé Tcheudreun. De cette façon, il devint le détenteur des nombreuses lignées des enseignements précieux et profonds des Ka-Ter.

Comprenant ce qui constituait l’immense responsabilité d’être le détenteur des lignée de ces rares et précieux courants de transmissions, il entreprit plusieurs retraites afin de mettre en pratique les enseignements et de nourrir le courant de son esprit de ces profondes instructions suprêmes. Il accomplit plus particulièrement le lhag pa’i lha rtsa ba gsum (La Sadhana Essentielle des instructions suprêmes des Trois Racines).

Montrant de merveilleux signes d’accomplissement, il acheva de nombreuses pratiques et prit la responsabilité d’enseigner et de transmettre le profond dharma à une multitude d’étudiants. Ainsi, il apporta de nombreux bienfaits à tous les êtres sensibles et suivit parfaitement l’exemple établit par ses prédécesseurs.

Ayant accomplit le samadhi de bsyed rdzogs (utpattikrama et sampannakrama),
Tri Gyourmé Péma Wangyal fut renommé pour la pureté de sa pratique du dharma, dans tout le Pays des Neiges. Il choisit de rester à l’écart de tous les aspects du dharma mondain, des débats et des vaines réfutations concernant les vues etc… (en ce temps là, les débats scolastiques et les démonstrations théoriques étaient plus prisés que la pratique). Connu pour sa bienveillance et sa force de caractère indestructible, Tri Péma Wangyal, plutôt que de rechercher des relations politiques et de nourrir des ambitions mondaines, travailla infatigablement au maintien de l’authenticité des enseignements et, à travers son infaillible dévotion, son infinie sagesse, sa compassion et sa dignité sereine, il fut un exemple parfait. Il montra à tous les moines et nonnes de Mindrolling, la nécessité d’avoir une pratique authentique et inspira de nombreux êtres fortunés sur le chemin de la pratique, amenant leurs esprits à la pleine maturité et à la libération.

C’est ainsi qu’il fut connu comme étant l’unique source du dharma authentique et l’un des plus importants détenteurs de lignée de son temps. Etant l’unique détenteur des rares et précieux enseignements Dzogchen, de nombreux grands maîtres de l’époque devinrent ses disciples dévoués. Reconnaissant la tâche immense d’assurer la continuité de la lignée de transmission, il enseigna infatigablement à de nombreux disciples, sans jamais refuser aucune requête. Et connaissant l’importance de pratiquer ces instructions essentielles et profondes, il encouragea chacun de ces disciples à entrer en retraite sous sa direction et sa proche conduite.

Son activité fut bénéfique à de nombreux êtres et plus important encore fut qu’elle permit au dharma authentique de se propager et de s’établir fermement.

Avec un dévouement incomparable et une grande bonté envers tous les êtres, Mindrolling Trichen Gyourme Péma Wangyal, manifesta une activité infinie en enseignant le dharma et en créant une grande archive de rares et précieux enseignements jusqu’à son parinirvana, où il dissout son esprit en le grand Mahagourou Padmasambhava. Tri Péma Wangyal rejoignit ainsi le rang de tous les grands bodhisattvas de la lignée qui dédièrent leur existence entière au seul but de servir le dharma et d’apporter des bienfaits innombrables à tous les êtres sensibles.

Sans leurs efforts constants et leur persévérance, la continuité du précieux dharma, et plus particulièrement celui des enseignements Nyingma, n’aurait pas perduré. Cet héritage incomparable est inégalé en bonté, en actes et en bienfaits. Chaque action mêlant sagesse et compassion résonne encore aujourd’hui en chacune de nos pratiques.

*Dor dzin (rdor ‘dzin) – Dans la tradition de Mindrolling, le titre de dor dzin était accordé à une très rare sélection de maîtres extrêmement réalisés et érudits ayant accomplis de nombreuses retraites et pratiques et qui étaient plus spécialement dédiés vers les nouveaux termas de Mindrolling. Le titre, qui signifie Détenteur de Vajra, était conféré par le Trichen. Les dor dzins n’étaient pas des tulkus réincarnés ou des maîtres reconnus mais étaient sélectionnés parmi un groupe de lopeuns ayant accomplis toutes leurs études, leurs entraînements et leurs retraites. Les lopeuns étaient des moines ordinaires qui s’élevaient jusqu’à ce rang par leurs études et leurs accomplissements.

Les dor dzins devinrent des lopeuns haut placés qui présidaient les droubchens, donnaient des transmissions, servaient de maîtres de retraite et de conseillers pour l’administration générale du monastère. Parmi eux, les plus accomplis devinrent souvent les tuteurs des fils et des filles de la lignée et servirent aussi de régents en de nombreuses occasions au cours de l’histoire de Mindrolling. De nombreux maîtres comme Minling Tchoung Rinpoché, le 8ème Minling Khen Rinpoché et Kyabjé Trulshig Rinpoché étudièrent sous la direction des dor-dzins de Mindrolling. Sa Sainteté Le 11ème Mindrolling Trichen étudia également sous la tutelle de grands dor-dzins, de même que le précédent Kyabjé Dudjom Rinpoché (Dudjom Jigdral Yéshé Dorjé) dont le lama racine fut l’un des plus grands dor-dzins de Mindrolling – Dor-dzin Namdreul Gyatso.

 

Jetsun Trinlé Tcheudreun

Reconnue en son temps comme l’un des plus fameux maîtres féminins du Dzogchen, Jetsun Trinlé Tcheudreun, naquit entourée de merveilleux signes, en tant que fille du 5ème Mindrolling Trichen, Gyourmé Trinlé Namgyal.

Jetsun Trinlé Tcheudreun est réputée pour avoir su préserver la lignée des nombreux et suprêmes enseignements dzogchen durant une période difficile et ainsi sa contribution à la sauvegarde des enseignements Nyingma est des plus importante et des plus appréciée.

Sœur du 6ème Mindrolling Trichen Gyourmé Péma Namgyal, il émana d’elle, dès son plus jeune âge, une immense sagesse et une puissante clarté d’esprit. Elle devint accomplie sur tous les niveaux d’études des textes bouddhistes, calligraphie, grammaire et arts bouddhistes. Déjà très jeune, elle s’engagea dans l’étude des méthodes des soutras et des tantras.

Sa grande capacité à étudier lui permis de commencer d’intensives études et apprentissages de la philosophie et des enseignements bouddhistes, qu’elle reçut de nombreux grands maîtres. Elle commença par recevoir de nombreux enseignements sur les soutras et les tantras de ses oncles érudits et du grand maître et brillant érudit Rabjam Jampa Palgueun.

Elle reçut en particulier, à un jeune âge, le Minling Tersar (les termas nouveaux de Mindrolling) ainsi que la collection complète des sadhanas compilée par Terdag Lingpa, appellée ‘dod ‘jo bum bzang (l’excellent vase qui exauce tous les souhaits). Ceci fut l’héritage laissé par son père, avec également de nombreux autres enseignements et initiations comme la collection entière du cycle d’enseignements et de transmissions du grand maître Péma Lingpa.

Jetsun Trinlé Tcheudreun pratiqua ensuite les instructions et devint rapidement la détentrice des enseignements des transmissions secrètes et suprêmes de l’école Nyingma. Puis, elle accomplit la retraite intensive du rtsa gsum lhag pa’i lha, manifestant de nombreux signes d’accomplissements.

En particulier, elle reçut de son père, le noble et suprême Trichen Gyourmé Trinlé Namgyal, l’intégralité du rdzogs chen gsang ba snying thig gi chos skor — cycle secret des enseignements Nyingthig du Dzogchen. Elle mit en pratique ces enseignements profonds durant sa vie entière avec un grand dévouement et réalisa leurs sens avec la suprême confiance irréversible qui est au delà des doutes et des hésitations.

Avec réussite, elle amena à épuisement le snang ba bzhi zad (les quatre apparences) et fut reconnue comme la suprême détentrice de la lignée du rang bzhin dzogs pa chen po (la grande perfection naturelle) ou de la lignée du dzogchen.

Il est ainsi écrit dans sa biographie, « Jetsun Trinlé Tcheudreun expérimenta directement la confiance authentique et inébranlable née de la réalisation et atteint le plus haut degré des quatre visions. Elle devint ainsi la détentrice de la lignée de la Grande Perfection naturelle ».

De grands maîtres tels le grand Jamyang Khyentsé Wangpo et Jamgon Kongtrul Lodreu Thayé reçurent d’elle les précieuses et profondes transmissions et initiations du Dzogpa Tchenpo Longchen Nyingthig, ainsi que l’intégralité des transmissions des terma Minling. Ainsi, elle devint leur gourou et tous ces précieux enseignements, qui à l’époque étaient sur le point de disparaître, refleurirent à nouveau. Ainsi la suprême lignée dzogchen continua à se perpétuer jusqu’à nos jours.

Jetsun Trinlé Tcheudreun tourna infatigablement la roue du précieux dharma et manifesta une activité incommensurable pour le bien des êtres, ainsi les enseignements purent se propager et se renforcer au Tibet en ce temps. Elle transmis différentes sortes de transmissions et d’initiations et enseigna le profond chemin du dzogchen à un nombre incalculable de pratiquants du dharma les amenant à maturité et à la libération. De cette façon, elle devint l’un des plus grands maîtres féminin du Tibet et la seule femme de Mindrolling à rivaliser avec les activités de Jetsun Migyour Paldreun.

Son père le cinquième Trichen Gyourmé Trinlé Namgyal lui conféra les principales transmissions, ce qui fit, qu’à l’époque, Jetsun Trinlé Tcheudreun fut l’un des rares maîtres vivants à détenir la lignée authentique et à en avoir réalisé les pratiques.

Les grands maîtres Jamyang Khyentsé Wangpo et Jamgon Kongtrul Lodreu Tayé furent les deux plus grands maîtres du dix neuvième siècle, avec Tchokgyour Lingpa à avoir apporté un renouveau au fleurissement et à la propagation du dharma au Tibet et ils jouèrent un rôle décisif dans la préservation et la compilation des transmissions clé de l’école Nyingma. Jetsun Trinlé Tcheudreun conféra des enseignements et des initiations à ces deux grands maîtres et ainsi leur permirent de continuer à transmettre les incomparables transmissions suprêmes de la lignée dzogchen et de nombreux autres précieux cycles de terma.

Jamyang Khyentsé Wangpo reçut de Jetsun Trinlé Tcheudreun les enseignements Nyingthig du Dzogchen – les initiations qui font mûrir, les instructions qui libèrent, les conseils du coeur etc… Jamgon Kongtrul Lodreu Tayé reçut ces transmissions directement des deux lignées : les enseignements Nyingthig et les transmissions de Jamyang Khyentsé Wangpo. Ils furent capables de transmettre les transmissions qu’ils reçurent de Mindrolling à une succession d’étudiants, s’assurant ainsi que ces enseignements se propagèrent non seulement au Tibet mais aussi dans les dix directions. De cette façon, l’authentique et pure lignée de transmission des précieux enseignements dzogchen lesquels furent en danger d’extinction, fut une fois de plus, fermement établie grâce aux efforts et à la bonté de Jetsun Trinlé Tcheudreun.

Jetsun Trinlé Tcheudreun servit le dharma en établissant fermement une forte fondation du dharma authentique à Mindrolling, ainsi qu’en s’engageant tout au long de sa vie, dans une vaste activité du dharma . Equilibrant ainsi, parfaitement ses retraites et pratiques personnelles avec les précieux enseignements et transmissions qu’elle donna à des milliers de pratiquants.

Ce fut une grande perte pour le bouddhadharma au Tibet et plus particulièrement pour Mindrolling lorsque Jetsun Trinlé Tcheudreun mourut à un très jeune âge.
Au sein de merveilleux signes d’achèvement, elle permit à son esprit de se dissoudre en la sphère du dharmakaya.

 

Gyourmé Ogyen Tcheuphel — Le 5ème Mindrolling Khenchen

Le cinquième Khenchen de Mindrolling, Gyourmé Ogyen Tcheuphel, fut le fils cadet du cinquième Mindrolling Trichen Gyourmé Thrinlé Namgyal. Son frère aîné devint le sixième Mindrolling Trichen Gyourmé Péma Wangyal et sa sœur fut Jetsun Thrinlé Tcheudreun. Grâce au cinquième Khenchen et aux efforts de son frère et de sa soeur, Mindrolling et tout le Tibet connurent une période d’épanouissement, de stabilité où le dharma fut pratiqué de façon pure dans son ensemble.

Depuis son plus jeune âge, Khenchen Ogyen Tcheuphel montra des signes excellents de conduite pure, cultivant un goût profond pour le silence et la contemplation. Il reçut l’ordination complète du suprême Khenchen Sa Ngag Tendzin, le quatrième Minling Khenchen et entreprit un entraînement rigoureux sous la tutelle des maîtres les plus accomplis de son temps. Il reçut un vaste trésor d’enseignements de maîtres appartenant à diverses lignées et écoles et voyagea en de vastes et lointaines contrées malgré les difficultés, afin de s’assurer avoir bien reçu toutes les précieuses transmissions et enseignements venant de sources les plus variées et ainsi obtenir toute la richesse des transmissions.

Après avoir accompli de multiples efforts afin de recevoir ces centaines de transmissions venant de diverses lignées, il entreprit graduellement de les mettre en pratique et fit de nombreuses retraites. Sa vie fut complètement dépourvue de tout dharma mondain.

Khenchen Ogyen Tcheuphel fut tout particulièrement dédié à l’étude et à la pratique du sdom gsum – Expertiser les trois voeux. Le rapport historique mentionne que la sagesse de ce grand maître ainsi que ses activités furent vastes et entièrement dédiées au bien de tous les êtres. Plus particulièrement, sa vie entière fut tournée vers le véritable renoncement.

Il vécut comme un renonçant et enseigna les principes de renonciation, établissant ainsi une conduite pure et authentique du vinaya pour la lignée entière des Khenchen qui suivirent, ainsi que pour les moines et les nonnes qu’il guida personnellement. Il évita toutes activités liées aux huit dharmas mondains, les considérant comme des poisons qui nous empêchent de pratiquer un dharma authentique et il s’efforça toute sa vie de montrer l’exemple.

Il continua à servir Mindrolling comme abbé et enseigna de façon extensive pendant plusieurs années aidant son frère le sixième Mindrolling Trichen et sa soeur Jetsun Thrinlé Tcheudreun. Des gens du Tibet entier vinrent recevoir les enseignements et les voeux du cinqième Khenchen, le considérant comme l’un des détenteurs de la lignée du vinaya la plus pure du Pays des Neiges et, inspirés par son exemple, de très puissantes assemblées de monastiques commencèrent à s’établir elles mêmes dans toutes les régions du Tibet.

En dehors de son engagement dans les enseignements et dans les transmissions du dharma, il choisit tardivement dans sa vie de vivre en reclus, restant la plupart du temps en retraite durant de longues périodes. Au cours de sa vie, il composa l’un des commentaires le plus respecté sur le Guhayagharbha Tantra et consacra sa vie à archiver de vastes et importantes transmissions de lignées diverses.

C’est ainsi que le cinquième Khenchen de Mindrolling servit inlassablement la vision des fondateurs de Mindrolling, Tcheugyal Terdag Lingpa et de Lochen Dharmashri. Khenchen Gyourmé Ogyen tcheuphel établit une solide fondation de pure pratique du précieux dharma et travailla infatigablement à accomplir lui même les pratiques, afin d’être un parfait exemple pour tous les disciples. Il détint le vinaya de façon irréprochable avec la vision de toujours agir pour le bien de tous les êtres des six mondes d’existence.

 

Le 7ème Trichen de Mindrolling – Connu comme l’émanation du grand maître Nubtchen Sangyé Yéshé

Noub Sangyé Yéshé – Sangyé Yéshé du clan de Noub fut l’un des vingt-cinq principaux disciples de Padmasambhava. Il fut un grand érudit et l’un des grands traducteurs au temps du Roi Trisong Déoutsen. Il fut plus particulièrement connu pour détenir la lignée de Gouhayasamaja (gsang ba ‘dus pa). Il traduisit les textes de Gouhayasamaja et écrivit un ensemble de quatorze commentaires et autres articles concernant les textes principaux. Deux lignées principales d’enseignements et de pratiques du yidam selon Ngagyour (l’ancienne école de traduction) proviennent de lui.

Le 7ème Trichen de Mindrolling naquit comme le fils du 6ème Mindrolling Trichen Péma Wangyal et fut nommé Gyourmé Sangyé Kunga. Il manifesta de suprêmes signes de sagesse, son esprit fut complètement mature et doté d’une parfaite connaissance dès son plus jeune âge. Il reçut un vaste trésor de transmissions et d’enseignements principalement de son père mais aussi de nombreux autres de grands maîtres. Ayant accompli tous les enseignements externes et internes, il manifesta une activité vaste et incommensurable pour le bien de tous les êtres.

Trichen Gyourmé Sangyé Kunga reçut tous les enseignements précieux et profonds des transmissions du Dzogchen Nyingthig et plus particulièrement l’entière transmission de la lignée Mindrolling. Il reçut également un nombre d’initiations vaste comme l’océan dans sa propre lignée et dans la lignée des grands maîtres tels que Jamyang Khyentsé Wangpo et Jamgon Kongtrul Lodreu Thayé. Ses autres enseignants furent son père, le 6ème Mindrolling Trichen Péma Wangyal, sa tante Jetsun Thrinlé Tcheudreun et le grand érudit Gyalsé Chenphen Thayé.

Il garda la tradition de Mindrolling mise en avant par Tcheugyal Terdag Lingpa. Le 7ème Mindrolling Trichen marcha dans les pas de son père et des autres maîtres de la lignée en recevant non seulement d’innombrables transmissions mais en allant plus loin et en les accomplissant véritablement toutes parfaitement. C’est ainsi qu’il maintint le trésor des enseignements et assura leur continuité jusqu’à la prochaine génération.

Le 7ème Mindrolling Gyourmé Sangyé Kunga alla plus loin et propagea ces précieuses transmissions et enseignements à de nombreux autres détenteurs de lignées et de pratiquants de sa génération. Il renforça les bases des enseignements du Mantrayana Secret et plus particulièrement celles de nombreuses formes des profonds rituels de gar, de Thig et de yang du Vajrayana.

Il consacra toute sa vie à servir la tradition de la lignée Mindrolling en préservant les rares et authentiques transmissions et enseignements du Mantrayana secret.
Après une vie entière complètement dédiée au service du Dharma et à la continuité du précieux leg de Terdag Lingpa, Tri Gyourmé Sangyé Kunga entra en parinirvana au milieu de signes merveilleux laissant aux générations futures le parfait modèle d’une vie exemplaire dédiée à la seule pratique du dharma authentique.